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Jésus ne s’appelait pas Jésus ! Quel était son véritable nom ?

Par Philippe Loneux |
Scène de nativité rustique avec des figurines en bois représentant Marie, Joseph et l'enfant dans la mangeoire, éclairée par des bougies dans une étable ancienne, illustrant l'histoire de la naissance de Yeshoua.

Alors que les décorations de Noël commencent à illuminer nos rues et que le monde s’apprête à célébrer la naissance la plus célèbre de l’histoire, une question surprenante demeure souvent ignorée. Si vous aviez pu marcher dans les rues poussiéreuses de Nazareth il y a 2000 ans et que vous aviez crié « Jésus ! », personne ne se serait retourné. Pas même lui.

C’est un fait historique fascinant : celui que des milliards de croyants prient aujourd’hui ne portait pas ce nom de son vivant. L’histoire de cette transformation linguistique est une véritable épopée qui traverse les cultures, du Moyen-Orient antique jusqu’à l’occident moderne.

Yeshoua : Le nom que prononçait sa mère

Pour comprendre, il faut s’immerger dans la Judée du premier siècle. Loin du latin ou du français, la langue du quotidien pour le fils de Marie et Joseph était l’araméen. Dans l’intimité de sa famille et parmi ses disciples, on l’appelait Yeshoua (ישוע).

Ce n’était pas un choix anodin. Ce prénom est une contraction de Yehoshoua, que l’on connaît bien dans l’Ancien Testament sous la forme de Josué. En hébreu, chaque syllabe compte et porte un poids spirituel : cela signifie littéralement « YHWH sauve » ou « Dieu est salut ». C’était un nom courant, presque banal à l’époque, mais qui portait en lui la mission que les chrétiens allaient plus tard lui reconnaître. Imaginer les proches du Christ prononcer ce nom guttural et vibrant nous redonne une connexion beaucoup plus directe, presque tangible, avec l’homme historique qu’il était. 

L’incroyable voyage linguistique : du Grec au « J » moderne

Comment sommes-nous passés de Yeshoua à Jésus ? Ce n’est pas une erreur de traduction, mais plutôt une adaptation nécessaire. Lorsque les Apôtres ont voulu partager leur message au-delà d’Israël, ils ont dû se heurter à une barrière de taille : le monde parlait grec.

Or, la langue grecque ne possède pas le son « Sh » (le shin hébreu), et la grammaire impose souvent qu’un nom masculin se termine par « s ». Les rédacteurs des Évangiles ont donc fait preuve d’ingéniosité. Yeshoua est devenu Iēsous (Ιησους).

C’est cette version grecque qui a voyagé vers Rome pour devenir Iesus en latin. Et le « J » dans tout ça ? Il est arrivé bien plus tard ! Cette lettre n’existait même pas dans l’alphabet latin antique. Ce n’est que vers le 16ème siècle que la distinction entre le « I » et le « J » s’est figée dans les langues romanes comme le français, figeant définitivement l’orthographe Jésus. C’est donc le résultat de siècles de « téléphone arabe » linguistique, poli par l’histoire et les usages.

Et qu’en est-il de Marie, Joseph et les apôtre? 

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Isa : L’autre visage dans la foi musulmane

L’histoire ne s’arrête pas aux frontières de l’Europe. Dans le monde arabe et la tradition islamique, le Christ est une figure majeure vénérée sous le nom d’Isa (عيسى), souvent accompagné du titre al-Masīh (le Messie).

Pourquoi Isa et non Yeshoua ? Les linguistes s’arrachent encore les cheveux sur la question. Certains pensent que le Coran a adopté une prononciation issue des chrétiens nestoriens ou syriaques de l’époque pré-islamique. D’autres y voient une adaptation rythmique propre à la langue arabe pour s’accorder avec d’autres noms prophétiques comme Musa (Moïse). Quoi qu’il en soit, bien que la sonorité diffère radicalement de notre « Jésus » occidental, Isa désigne indubitablement la même figure historique, prouvant que ce personnage transcende les barrières de la langue.

C’est peut-être ça, la magie de Noël : se rappeler que derrière les mots et les traductions, il y a des histoires communes qui nous lient tous.

À propos de l’auteur Chroniqueur spécialisé en histoire des croyances et symbolisme, explore les frontières du visible. Il décrypte aussi bien les traditions religieuses que les phénomènes ésotériques et les grands mystères, en cherchant toujours le sens caché sous le prisme de l’analyse historique.
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