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Qui sont les Saints Protecteurs des Plongeurs Bouteille ?

Par Philippe Loneux |
Plongeuse sous-marine éclairant une mosaïque immergée ancienne représentant un saint protecteur des marins

Saviez-vous que la plongée sous-marine en scaphandre autonome, malgré les risques inhérents à l’exploration du monde du silence, ne possède aucun saint patron qui lui soit officiellement dédié par l’Église ?

C’est une simple question de timing historique. La plongée de loisir est une activité trop récente, née véritablement en 1943 avec l’invention du détendeur moderne par le commandant Jacques-Yves Cousteau et l’ingénieur Émile Gagnan. Les grandes traditions de patronages religieux étaient établies bien avant cette révolution technologique.

Pourtant, pour veiller sur leurs immersions dans le grand bleu, les plongeurs ne restent pas sans protection spirituelle. Ils se tournent naturellement vers les figures tutélaires historiques de leurs « cousins » de surface : les marins, les navigateurs et les métiers à risques. Il faut donc aller chercher en périphérie de l’activité stricte pour trouver ces protecteurs que la communauté a adoptés au fil du temps.

Saint Nicolas de Myre : La figure tutélaire incontournable des gens de mer

Si un plongeur bouteille cherche une protection globale, une sorte d’ »assurance tous risques » spirituelle pour ses sorties, c’est vers Saint Nicolas qu’il se tourne en priorité. Il est, sans conteste, le « patron » le plus puissant et le plus vénéré du monde maritime, tant en Orient qu’en Occident.

Un évêque bienveillant au secours des marins

Nicolas de Myre (aussi connu comme Nicolas de Bari) vécut aux IIIe et IVe siècles dans la région de la Lycie, dans l’actuelle Turquie. Évêque réputé pour sa charité, sa vie est entourée de légendes. Celle qui scella son destin de patron des marins raconte qu’alors qu’il voyageait par bateau, une tempête d’une violence inouïe éclata. Alors que l’équipage était terrifié, Nicolas se mit en prière et, instantanément, les vents et les flots s’apaisèrent, sauvant tout le monde du naufrage.

Pourquoi les plongeurs l’invoquent-ils ?

Pour le plongeur moderne, le lien est évident. La sécurité d’une plongée commence et finit sur le bateau. Invoquer celui que l’on fête le 6 décembre, c’est demander des conditions de mer clémentes en surface, une navigation sûre jusqu’au site, et surtout, la garantie d’une remontée en surface et d’un retour au port sains et saufs. Il est le garant de la sécurité globale de l’expédition nautique.

Saint Érasme de Formia : Le recours contre les périls soudains du corps

Également très populaire sous le nom de Saint Elme, cet évêque martyr du IVe siècle est un intercesseur vers lequel on se tourne pour des problèmes plus spécifiques, souvent liés à la santé physique dans un environnement hostile.

Le martyre et le signe céleste

Saint Érasme était évêque en Italie durant les persécutions de Dioclétien Empereur Dioclétien Empereur romain (règne de 284 à 305 apr. J.-C.) connu pour avoir ordonné la dernière et la plus sanglante persécution officielle contre les chrétiens dans l’Empire romain. . La tradition rapporte qu’il subit des tortures atroces avant de mourir martyr. Par ailleurs, les marins ont longtemps associé son nom à un phénomène météorologique impressionnant : le feu de Saint-Elme Feu de Saint-Elme Phénomène physique où des lueurs électriques (plasma) apparaissent à la pointe des mâts des navires ou sur les ailes des avions lors d’orages. Les marins y voyaient un signe de la protection du saint. . Ces lueurs étaient interprétées comme un signe tangible de sa protection au cœur du danger.

Pourquoi les plongeurs l’invoquent-ils ?

En raison de la nature de son martyre (on lui aurait enroulé les intestins autour d’un treuil), il est le saint patron traditionnellement invoqué contre les douleurs abdominales, les coliques et les crampes. Or, sous l’eau, une crampe sévère ou un malaise physique soudain peut rapidement transformer une plongée de loisir en situation critique. Se tourner vers Saint Érasme (fêté le 2 juin), c’est demander la préservation de son intégrité physique sous la pression.

Sainte Barbe : La patronne du feu apprivoisé et des plongeurs de l’extrême

Bien qu’elle soit surtout connue dans la culture populaire comme la patronne des sapeurs-pompiers ou des artificiers, Sainte Barbe entretient un lien étroit et ancien avec les activités subaquatiques les plus engagées, notamment dans le domaine militaire.

La tour, la foudre et la protection contre le danger immédiat

L’histoire de Sainte Barbe, au IIIe siècle, est tragique. Convertie au christianisme, elle fut enfermée dans une tour puis décapitée par son propre père. La légende raconte qu’aussitôt après ce geste, le père fut frappé par la foudre et réduit en cendres. Ce lien avec la foudre et le feu soudain en a fait la protectrice universelle contre la mort subite, les explosions et tous les métiers à haut risque. C’est pourquoi elle est la patronne de l’artillerie et de nombreuses marines de guerre, comme la Marine Nationale française.

Pourquoi les plongeurs l’invoquent-ils ?

Dans le monde de la plongée, elle n’est pas tant la patronne du plongeur de loisir que celle du professionnel exposé au danger. Elle est particulièrement honorée par les plongeurs démineurs, les nageurs de combat, et les unités de sécurité civile comme les marins-pompiers de Marseille qui effectuent des interventions subaquatiques périlleuses. Célébrée le 4 décembre, elle veille sur ceux dont la plongée implique une gestion rigoureuse d’un risque potentiellement mortel et nécessite un sang-froid absolu.

Saint Brendan le Navigateur : L’inspiration spirituelle des explorateurs d’abysses

Enfin, il existe une figure qui parle moins de sécurité que d’inspiration. Pour ceux dont la motivation principale en plongée est la soif de découverte, Saint Brendan de Clonfert est une référence.

Le moine voyageur vers l’inconnu

Ce moine irlandais du VIe siècle est célèbre pour un récit médiéval légendaire : le « Voyage de Saint Brendan ». Ce texte raconte sa navigation périlleuse de sept ans à travers l’Atlantique Nord sur un petit bateau (un currach Currach Bateau traditionnel irlandais léger, fait d’une armature en bois recouverte de peaux d’animaux goudronnées, utilisé depuis des siècles pour la navigation en haute mer. ), à la recherche du Jardin d’Éden, bravant l’inconnu.

Pourquoi les plongeurs s’en inspirent-ils ?

Bien qu’il ne soit pas un « protecteur » au sens strict comme Nicolas, Brendan incarne parfaitement l’esprit d’aventure et le courage de quitter le monde connu. Il est devenu le saint de prédilection des plongeurs explorateurs, ceux qui s’enfoncent dans des grottes sous-marines jamais cartographiées ou qui descendent sur des épaves profondes, poussés par ce même désir de voir ce que personne n’a encore vu. On le fête le 16 mai.

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Questions fréquentes sur la protection spirituelle en plongée

Pourquoi n’y a-t-il pas de saint patron officiel uniquement pour la plongée bouteille ?

C’est essentiellement une question de chronologie historique. La plongée en scaphandre autonome est une invention technologique très récente (1943). L’attribution des saints patrons par la tradition de l’Église repose sur des usages établis bien avant l’existence de cette pratique moderne. Les plongeurs ont donc logiquement adopté les protecteurs des métiers de la mer qui existaient déjà.

Si je dois choisir un seul saint pour ma sécurité globale en plongée, lequel privilégier ?

Le choix le plus universel et le plus reconnu historiquement reste Saint Nicolas. En tant que « super-patron » de tous les gens de mer, sa protection est réputée couvrir l’ensemble de l’activité nautique. Il protège le marin qui est en vous dès que vous quittez le quai.

Peut-on porter une médaille religieuse en plongeant ?

Techniquement, c’est tout à fait possible et certains plongeurs le font. Il est courant de fixer une petite médaille de Saint Nicolas ou de Sainte Barbe à son gilet stabilisateur (la « stab ») ou de la porter autour du cou, glissée sous la combinaison néoprène. C’est un geste personnel qui matérialise le lien avec le protecteur choisi.

Découvrez qui était réellement Saint Nicolas, le patron des écoliers que nous fêtons le 6 décembre, le jour présumé de sa disparition…

À propos de l’auteur Chroniqueur spécialisé en histoire des croyances et symbolisme, explore les frontières du visible. Il décrypte aussi bien les traditions religieuses que les phénomènes ésotériques et les grands mystères, en cherchant toujours le sens caché sous le prisme de l’analyse historique.
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