Origines de l’Abbaye de Villers-la-Ville : Fondation et Développement Initial
L’Abbaye de Villers-la-Ville naît en 1146, un projet ambitieux initié par le chevalier Gauthier de Marbais et sa mère Judith. Ces visionnaires invitent des moines de l’abbaye de Clairvaux à établir ce sanctuaire spirituel sur leurs terres. Dès ses débuts, l’abbaye bénéficie de l’encouragement de Saint Bernard (découvrez la chapelle Saint Bernard), un appui crucial pour son développement. L’emplacement choisi, dans la vallée fertile de la Thyle, offre des ressources abondantes : une carrière de pierres, des forêts denses et un cours d’eau vital pour l’irrigation et la construction. Ce site stratégique, entre la source du Goddiarch et Chevelipont, se révèle idéal pour l’établissement d’un monastère florissant.
La communauté de moines s’établit solidement, utilisant les matériaux locaux, notamment le schiste, pour leurs constructions. Ils entreprennent des travaux d’assainissement impressionnants, transformant la vallée marécageuse en une fondation solide pour l’abbaye. Leur audace architecturale se manifeste dans le voûtement de la rivière Thyle, une prouesse unique pour l’époque. Ce premier siècle de l’abbaye est marqué par un élan de construction et d’expansion, posant les bases de ce qui deviendra un joyau architectural et spirituel de la Belgique.
Architecture Médiévale et Apogée de l’Abbaye de Villers-la-Ville
Le 13e siècle marque l’âge d’or de l’Abbaye de Villers-la-Ville avec un virage architectural majeur : l’avènement du style gothique. Ce siècle est témoin d’une expansion sans précédent, soutenue par la croissance de la communauté religieuse et la richesse du monastère. L’abbaye se dote alors de structures imposantes, mélangeant majestueusement l’art roman et gothique, un reflet de son statut grandissant dans la région.
Cette période est aussi caractérisée par des innovations techniques et architecturales, notamment dans la gestion des ressources hydrauliques. Les moines de Villers-la-Ville entreprennent des travaux colossaux pour canaliser la rivière Thyle, une entreprise ambitieuse reflétant leur ingéniosité et leur maîtrise de l’environnement. La construction du moulin principal, une structure emblématique de cette époque, démontre l’habileté des moines à exploiter l’énergie hydraulique. L’ensemble de ces réalisations traduit l’aptitude de la communauté à harmoniser leurs besoins spirituels et matériels, tout en respectant et en utilisant judicieusement leur environnement naturel.
Du Déclin à la Renaissance : Perturbations et Reconstructions
L’Abbaye de Villers-la-Ville traverse une série de défis entre le 14e et le 17e siècle. Les invasions répétées forcent les moines à abandonner l’abbaye à de nombreuses reprises, entraînant des dommages considérables. Cependant, chaque retour des moines est marqué par des efforts de reconstruction et de rénovation. Au 18e siècle, l’abbaye connaît une nouvelle ère de prospérité. L’architecture néoclassique s’invite dans le paysage monastique, redéfinissant l’esthétique des bâtiments médiévaux. Des structures comme le palais abbatial sont érigées, témoignant de la résilience et de l’adaptabilité de la communauté face aux épreuves du temps.
La Révolution française marque un tournant catastrophique pour l’Abbaye de Villers-la-Ville. Protégée par les ducs de Brabant et florissante durant des siècles, l’abbaye subit des périodes de calme et de turbulences entre le 14e et le 17e siècle, avec les moines devant souvent fuir pour des raisons de sécurité. Cependant, c’est la Révolution française qui entraîne sa chute définitive. En 1796, après des années de succès architectural et de réaménagements néoclassiques sous l’abbatiat de Jacques Hache, l’abbaye est pillée et confisquée par les révolutionnaires. Les moines sont expulsés, et l’abbaye est divisée et vendue en trois lots distincts : les bâtiments monastiques, la ferme et la colline, ainsi que le moulin et les étangs. Cette division entrave sévèrement l’intégrité du site.
Des marchands de matériaux exploitent les anciens bâtiments monastiques, les démantelant pour vendre les matériaux, un processus qui se poursuit jusqu’aux premières décennies du 19e siècle. Cela marque le début d’une longue période de dégradation, où l’abbaye, autrefois lieu de spiritualité et d’innovation architecturale, se transforme en une carrière à ciel ouvert, perdant peu à peu sa grandeur d’antan.
Préservation et Renouveau Romantique : L’Abbaye de Villers-la-Ville au 19e siècle
Au 19e siècle, l’Abbaye de Villers-la-Ville entame un renouveau romantique. Les ruines majestueuses attirent l’attention des romantiques, dont Victor Hugo, qui visite le site à plusieurs reprises. Cette période voit également l’arrivée des premiers touristes, attirés par les mystérieuses ruines et l’histoire fascinante de l’abbaye. Les efforts de restauration commencent sous la direction de l’architecte Charles Licot en 1893, avec la nef de l’église déblayée et les pierres triées, un projet ambitieux pour préserver ce patrimoine.
L’abbaye est finalement classée comme site et monument historique en 1972, une reconnaissance officielle de sa valeur historique et culturelle. Cependant, les travaux de restauration sont interrompus par les deux guerres mondiales, et ce n’est qu’en 1984 que de nouveaux travaux de consolidation reprennent. Cette période marque un engagement important pour la préservation et la valorisation de l’abbaye, assurant que son héritage puisse être apprécié par les générations futures.
L’Abbaye de Villers-la-Ville Aujourd’hui : Valorisation et Attraction Touristique
Aujourd’hui, l’Abbaye de Villers-la-Ville est un site touristique majeur, attirant plus de 160 000 visiteurs annuellement. Des initiatives récentes incluent la création de jardins d’inspiration médiévale, comme le Jardin des Simples, un espace dédié aux plantes médicinales, et le Jardin des Senteurs, un lieu de méditation. De plus, des espaces fermés depuis des années ont été rouverts, permettant aux visiteurs de redécouvrir des lieux comme les prisons et les caves du Palais de l’Abbé. Ces efforts de valorisation continuent de renforcer l’attrait de l’abbaye en tant que destination de détente, d’apprentissage et de spiritualité.
Anecdote Fascinante de l’Abbaye de Villers-la-Ville
L’Abbaye de Villers-la-Ville n’est pas seulement un trésor architectural, c’est aussi une source d’histoires et de légendes captivantes. L’une des anecdotes les plus célèbres concerne Saint Bernard. Selon la tradition, lors de sa visite en 1147, il aurait miraculeusement fait pousser un chêne en plantant son bâton sur la colline du Robermont, un acte qui aurait symbolisé le choix de l’emplacement de l’abbaye. Cette légende illustre profondément le lien entre l’abbaye et les miracles, ancrant le site dans une dimension spirituelle et mystique.
Vidéo: L’Abbaye de Villers: Un Trésor Archéologique en Belgique
Chaîne: France 3 Grand Est
Nichée au cœur d’une forêt belge, l’Abbaye de Villers est l’un des plus grands sites archéologiques de Belgique. Occupée par des moines pendant six siècles, cette abbaye cistercienne est réputée pour être l’une des plus complètes au monde. L’église abbatiale, centre de la vie spirituelle, témoigne d’une histoire riche, marquée par la prière et le travail. Les moines cultivaient des plantes thérapeutiques dans leurs jardins, utilisées pour leurs vertus médicinales. En 1796, la Révolution française a entraîné le pillage et la vente de l’abbaye, la transformant en ruines. Ces ruines ont inspiré des figures romantiques, dont Victor Hugo, marquant le début d’une nouvelle ère touristique.