Le 1ᵉʳ décembre 1948, sur la plage paisible de Somerton, près d’Adélaïde en Australie, un promeneur découvre le corps sans vie d’un homme.
Élégamment vêtu, sans blessure apparente, l’inconnu intrigue rapidement les enquêteurs.
Aucune pièce d’identité n’est retrouvée sur lui, toutes les étiquettes de ses vêtements ont été soigneusement retirées.
Son visage est calme, presque serein, comme s’il s’était endormi sur le sable.
À mesure que l’enquête avance, l’affaire ne cesse de se compliquer :
un morceau de papier mystérieux portant les mots « Tamam Shud », un code secret intraduisible, un livre rare abandonné dans une voiture…
Chaque nouvel indice semble ouvrir plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
Plus de soixante-dix ans plus tard, malgré les avancées scientifiques récentes, l’homme de Somerton reste une énigme fascinante.
Identité, cause du décès, véritable histoire : tout semble encore flotter dans une zone d’ombre.
À travers cet article, nous allons revenir sur les faits, explorer les hypothèses principales, et comprendre pourquoi, après toutes ces années, ce mystère continue d’alimenter autant la curiosité.
Affaire de l’homme de Somerton : les faits clés
Découvert sans identité sur une plage australienne en 1948, l’homme de Somerton reste l’un des plus grands mystères non élucidés du XXᵉ siècle. Voici les éléments essentiels à connaître.
En bref : l’essentiel à retenir sur l’affaire de l’homme de Somerton
Voici les points principaux pour comprendre cette mystérieuse affaire.
Pour découvrir l’histoire complète, les détails troublants et les dernières avancées scientifiques, vous pouvez bien sûr parcourir l’article intégral.
Le 1ᵉʳ décembre 1948, un homme est retrouvé sans vie sur la plage de Somerton, en Australie, sans papiers d’identité et avec ses étiquettes de vêtements retirées.
Un message caché, « Tamam Shud », est retrouvé cousu dans son pantalon.
Un livre rare, découvert dans une voiture abandonnée, contient un code secret et un numéro de téléphone mystérieux.
Les théories oscillent entre espionnage, affaire sentimentale tragique, et cause naturelle inexpliquée.
Grâce à des analyses ADN en 2022, l’homme est probablement identifié comme Carl Webb, un ingénieur de Melbourne, mais de nombreuses questions demeurent.
Ce drame discret, resté longtemps sans réponse, continue d’alimenter les réflexions et les hypothèses plus de soixante-dix ans après les faits.
La découverte du corps : une scène troublante
1. Le matin du 1ᵉʳ décembre 1948
Le 1ᵉʳ décembre 1948, au lever du jour, un passant remarque un homme étendu contre une digue de pierres sur la plage de Somerton, un quartier balnéaire situé non loin d’Adélaïde, en Australie.
À première vue, rien d’anormal : l’homme paraît simplement endormi, son corps bien installé contre le muret.
Mais en s’approchant, il devient clair que l’homme ne respire plus.
La police est rapidement appelée sur les lieux.
Le corps est celui d’un homme d’une quarantaine d’années, bien habillé : costume complet, cravate, chaussures cirées.
Ce qui surprend les enquêteurs, c’est l’absence totale de papiers d’identité, et l’allure soigneusement entretenue de l’homme, qui contraste avec l’idée d’un simple vagabond.
2. Les premiers éléments constatés
Très vite, des détails troublants s’accumulent.
Les étiquettes de tous ses vêtements ont été décousues, comme pour empêcher toute identification.
Dans ses poches, la police retrouve quelques effets personnels banals :
un paquet de cigarettes, des allumettes, un peigne, un paquet de chewing-gums, mais rien qui permette de connaître son nom.
L’examen médical ne révèle ni blessures, ni traces évidentes de violence.
Le corps est en bon état général, ce qui rend la cause du décès difficile à établir sur le moment.
Devant tant d’éléments inhabituels, les enquêteurs réalisent qu’ils ne sont pas face à une simple mort naturelle : quelque chose, dans cette histoire, échappe à l’évidence.
Les indices mystérieux qui compliquent l’enquête
1. Le ticket de train non utilisé
En fouillant plus en profondeur les affaires de l’inconnu, la police découvre un billet de train de la gare centrale d’Adélaïde à Henley Beach.
Curieusement, ce ticket n’a jamais été utilisé.
Pourquoi l’homme avait-il acheté ce billet pour finalement ne jamais monter dans le train ?
Était-il surveillé, a-t-il changé d’avis au dernier moment, ou n’a-t-il jamais eu l’intention de s’y rendre ?
Ce détail ajoute à la perplexité des enquêteurs, en donnant à l’affaire un parfum d’histoire inachevée.
2. Le fragment de papier « Tamam Shud »
Quelques semaines après la découverte du corps, un tailleur chargé de vérifier les vêtements de l’homme fait une découverte inattendue.
Dans une couture intérieure du pantalon, il trouve un petit morceau de papier soigneusement caché.
Sur ce fragment est inscrit en lettres d’imprimerie « Tamam Shud », une expression persane signifiant « terminé » ou « achevé ».
Après quelques recherches, on découvre que ces mots proviennent d’un recueil de poésie : Le Rubaiyat d’Omar Khayyam, un ouvrage qui parle du caractère éphémère de la vie.
Mais pourquoi ce message cryptique était-il caché dans ses vêtements ? Était-ce un indice laissé volontairement, un signe codé pour d’éventuels complices, ou un simple détail personnel ?
3. Le code secret et le livre trouvé
Peu après la médiatisation de l’affaire, un homme se présente à la police avec un exemplaire du Rubaiyat retrouvé dans sa voiture, abandonnée près de la plage.
À l’intérieur du livre, on découvre deux éléments intrigants :
Une série de lettres organisées comme un code, que les meilleurs cryptographes de l’époque n’ont jamais réussi à déchiffrer.
Un numéro de téléphone manuscrit, appartenant à une femme vivant à proximité.
Interrogée, la jeune femme nie connaître l’homme, tout en montrant des signes de nervosité.
Certains témoins affirment même qu’elle aurait reconnu le corps lorsqu’on le lui présenta, sans toutefois le confirmer officiellement.
Avec ces découvertes, l’affaire bascule définitivement dans le domaine de l’énigme.
Chaque nouvel élément semble ouvrir une nouvelle piste… sans jamais aboutir.
Les principales théories autour de l’homme de Somerton
1. Une affaire d’espionnage ?
Le contexte de l’époque invite naturellement à cette hypothèse.
En 1948, la Guerre froide débute à peine, et l’Australie, alliée des États-Unis et du Royaume-Uni, joue déjà un rôle dans les échanges d’informations sensibles.
Certains détails renforcent la piste de l’espionnage :
le soin apporté à l’effacement de l’identité de l’homme, la présence d’un message codé, et l’utilisation d’un livre rare comme possible vecteur de communication.
Même la localisation est intrigante : à proximité de bases militaires importantes, notamment celles liées à la recherche en radiocommunications.
Plusieurs enquêteurs ont ainsi supposé que l’homme de Somerton pouvait être un agent étranger, éliminé discrètement après une mission échouée ou un échange compromis.
Cependant, faute de preuves concrètes, cette théorie reste une construction logique plutôt qu’une certitude.
2. Un drame personnel ?
D’autres chercheurs, plus prudents, ont avancé une explication plus intime.
Selon eux, l’homme de Somerton aurait pu être impliqué dans une affaire sentimentale complexe.
Le numéro de téléphone retrouvé dans le livre appartenait à une jeune femme, infirmière de formation, qui vivait non loin du lieu où le corps a été trouvé.
Bien qu’elle ait nié tout lien officiel avec l’homme, plusieurs éléments troublants demeurent :
certains témoins ont remarqué sa réaction bouleversée lorsqu’elle a vu le buste du défunt reconstitué par la police.
La théorie serait alors celle d’un suicide discret, dans un contexte de déception amoureuse ou de situation personnelle sans issue,
le « Tamam Shud » prenant alors tout son sens : la fin volontaire d’une histoire.
3. Une cause naturelle inexpliquée ?
Enfin, une partie du mystère tient au fait que, malgré plusieurs autopsies, la cause du décès n’a jamais été clairement déterminée.
Les médecins légistes de l’époque ont évoqué un possible empoisonnement, mais sans trouver de traces nettes de poison.
Certains poisons alors connus pouvaient en effet tuer rapidement sans laisser de résidus détectables avec les moyens d’analyse de l’époque.
Il reste donc envisageable que l’homme soit mort d’une cause naturelle difficile à identifier, peut-être aggravée par des circonstances extérieures.
Mais cette hypothèse, bien que rationnelle, n’explique pas tous les éléments étranges de l’affaire, notamment la dissimulation minutieuse de son identité.
Les recherches modernes : ADN et tentatives d’identification
1. Les exhumations et analyses ADN
Pendant des décennies, l’homme de Somerton est resté anonyme, malgré plusieurs tentatives pour percer son identité.
Mais avec l’avancée des technologies génétiques, de nouvelles portes se sont ouvertes.
En 2021, après de longues démarches administratives, les autorités australiennes autorisent l’exhumation du corps.
Les scientifiques prélèvent alors des échantillons d’ADN, dans l’espoir de retrouver une correspondance génétique avec des bases de données publiques.
L’opération est délicate, car le corps, enterré depuis plus de 70 ans, a subi l’érosion du temps.
Mais malgré les difficultés, l’équipe parvient à extraire suffisamment de matériel génétique pour commencer des recherches approfondies.
2. L’identité possible : Carl Webb
En 2022, une avancée majeure est annoncée :
des analyses croisées permettent d’identifier l’homme de Somerton comme étant probablement Carl « Charles » Webb, un ingénieur et fabricant d’instruments électriques originaire de Melbourne.
Webb, né en 1905, aurait disparu de la circulation à la fin des années 1940, sans que sa famille ne déclare formellement sa disparition.
Des recherches généalogiques méticuleuses ont permis de rapprocher son profil génétique de celui de parents lointains.
Cependant, même avec cette identification probable, de nombreuses questions demeurent :
Pourquoi Carl Webb se serait-il retrouvé à Adélaïde ? Quelles étaient les circonstances exactes de sa mort ? Et comment expliquer les éléments mystérieux retrouvés avec lui ?
3. Ce que l’on sait… et ce qui reste inconnu
Aujourd’hui, l’homme de Somerton porte peut-être un nom, mais son histoire reste en grande partie obscure.
Était-il vraiment mêlé à une affaire secrète, ou s’agissait-il d’une destinée tragique dans l’anonymat ?
Le fameux message codé du Rubaiyat garde encore tous ses mystères.
Quant au lien exact avec la femme interrogée à l’époque, il n’a jamais été totalement clarifié.
Ainsi, même à l’ère des sciences avancées, certaines énigmes résistent encore au besoin de tout comprendre.
Pour aller plus loin
Pour ceux qui souhaitent approfondir encore leur connaissance de l’affaire de l’homme de Somerton, plusieurs ressources de qualité permettent de retracer l’ensemble des recherches.
L’université d’Adélaïde propose sur son site The Somerton Man Mystery une synthèse sérieuse des dernières avancées scientifiques, notamment les résultats de l’identification ADN menée en 2022.
Le site Smithsonian Magazine publie également un article clair et documenté sur les nouvelles pistes découvertes dans cette affaire restée longtemps sans réponse.
Enfin, pour une approche complète et équilibrée, ABC News Australia propose une série d’articles retraçant à la fois l’histoire initiale et les développements récents autour de l’identité probable de l’homme de Somerton.