Qu’est-ce que l’Évangile selon Thomas et en quoi est-il unique ?
L’Évangile selon Thomas n’est pas un récit de la vie de Jésus, mais une collection de 114 paroles — appelées logia — présentées comme directement prononcées par lui. Aucun miracle, aucune narration, pas même la croix ou la résurrection. Le texte se concentre sur l’enseignement oral, dans une forme dépouillée, sans mise en scène.
Chaque parole commence par : « Jésus a dit ». Certaines sont proches des évangiles canoniques, d’autres beaucoup plus étranges, parfois déroutantes. Le texte ne guide pas. Il demande à être interprété de l’intérieur.
C’est un évangile de la recherche, pas de la foi immédiate. Il ne raconte pas, il réveille.
Dernière mise à jour le 2025-07-27 / Liens affiliés / Images de l'API Amazon Partenaires
Comment l’Évangile de Thomas a été retrouvé à Nag Hammadi
Le texte a été découvert en 1945, dans une jarre de terre cuite enterrée près de Nag Hammadi, en Haute-Égypte. Il faisait partie d’un ensemble de manuscrits coptes soigneusement cachés, probablement à la fin de l’Antiquité. Le manuscrit lui-même date du IVe siècle, mais le texte qu’il contient pourrait avoir été composé dès le IIe siècle.
Avant cette découverte, seuls quelques fragments grecs du même évangile avaient été retrouvés à Oxyrhynque, sans que l’on puisse reconstituer l’ensemble. Le codex copte a permis de découvrir le texte intégral, dans un état exceptionnel de conservation.
Sa redécouverte a bouleversé la compréhension des débuts du christianisme.
Que contient l’Évangile selon Thomas : un aperçu des paroles de Jésus
Le texte contient des paroles brèves et énigmatiques. Certaines sont proches des paraboles, d’autres prennent la forme de maximes, voire d’oracles. Le thème central est souvent le royaume intérieur, la connaissance de soi, et la lumière cachée dans l’être humain.
« Le royaume est à l’intérieur de vous et autour de vous » — cette phrase résume l’esprit du texte. Il ne s’agit pas de croire à une promesse future, mais de reconnaître ce qui est déjà là, dans un silence profond, au-delà des apparences.
Ce Jésus ne prêche pas une religion. Il parle comme un maître de sagesse vivante, qui invite à une transformation de la perception.
Pourquoi l’Évangile de Thomas a été exclu de la Bible
Ce texte n’a jamais été inclus dans le canon biblique. Il ne circulait pas dans les églises qui célébraient les liturgies officielles, et il ne correspondait pas aux critères retenus pour désigner un écrit comme inspiré.
Son absence de récit, son ton intérieur, son refus de toute autorité extérieure en ont fait un évangile suspect. Il n’est pas centré sur la mort et la résurrection, mais sur l’éveil de celui qui écoute.
Son message ne nécessite ni sacrement, ni Église. Il parle directement à l’individu. C’est ce qui a mené à son rejet par les autorités religieuses en quête de cohérence doctrinale.
L’Évangile selon Thomas et la diversité du christianisme ancien
Ce texte est l’un des meilleurs témoins de la pluralité théologique des premiers siècles du christianisme. Il montre que tous les disciples du Christ ne le comprenaient pas de la même façon. Certains voyaient en lui un sauveur sacrificiel. D’autres, comme ceux qui ont transmis cet évangile, l’écoutaient comme un révélateur d’unité intérieure.
Il n’y a pas de conflit direct avec les évangiles canoniques. Mais il y a une autre vision du rapport à Dieu, au monde, au salut. Une vision qui passe par l’expérience personnelle, et non par la croyance partagée.
L’Évangile de Thomas rappelle que la tradition chrétienne n’a pas toujours été uniforme.
Comment lire l’Évangile de Thomas sans l’interpréter de travers
Ce texte ne se lit pas comme un récit historique. Il s’approche comme un livre de sagesse, proche parfois des textes orientaux, où chaque parole agit comme un miroir. Il ne faut pas chercher à le comprendre rapidement. Certaines logia sont limpides. D’autres restent fermées, tant qu’on ne les a pas portées longtemps.
Il existe plusieurs traductions françaises fiables, souvent accompagnées de courtes introductions. Certaines éditions isolent chaque parole sur une page, pour permettre une lecture lente et réfléchie.
Ce n’est pas un texte qui donne des réponses. C’est un texte qui pose des questions justes.
Questions fréquentes sur l’Évangile selon Thomas
1. Est-ce un vrai évangile ou une invention tardive ?
C’est un texte ancien, sans doute rédigé au IIe siècle, peut-être plus tôt sous forme orale. Il ne fait pas partie des évangiles canoniques, mais ce n’est pas une invention moderne ni un faux.
2. Que veut dire “logion” dans ce texte ?
Un logion est une parole isolée, souvent brève, attribuée à Jésus. L’Évangile de Thomas en rassemble 114, sans ordre apparent, comme une suite de révélations.
3. Pourquoi Jésus y parle-t-il de lumière intérieure ?
Le texte insiste sur le royaume de Dieu présent en chacun. Jésus invite à chercher en soi, et non à l’extérieur, la vérité qui libère. Cette idée revient dans plusieurs logia.
4. Ce texte parle-t-il de la croix ou de la résurrection ?
Non. Il ne contient aucun récit de Passion, de mort ou de résurrection. Il ne suit pas le cadre narratif des évangiles canoniques. Cela explique en partie son exclusion.
5. Est-ce un texte utilisé par les gnostiques ?
Il a été retrouvé dans une bibliothèque gnostique, mais il n’est pas strictement gnostique. Il ne développe pas de mythe complexe. Il peut être lu sans adhérer à une théologie ésotérique.
6. Ce texte a-t-il été connu dans l’Église ancienne ?
Il a probablement circulé dans certains milieux chrétiens indépendants, mais il n’a jamais été reconnu par les grandes Églises. Aucun Père de l’Église ne le cite comme autorité.
7. Est-ce que Thomas était un des douze apôtres ?
Oui. Thomas, parfois surnommé Didyme (le jumeau), est l’un des douze apôtres. Ce texte lui est attribué, comme signe d’autorité, mais il n’en est pas l’auteur direct.
8. L’Évangile de Thomas est-il plus proche de l’Orient que de l’Occident ?
Par son style et son insistance sur la connaissance de soi, certains y voient une proximité avec des traditions spirituelles orientales. Cela reste une hypothèse, mais elle est souvent évoquée.
9. Peut-on lire ce texte sans être croyant ?
Oui. Il peut être lu comme un document spirituel, une série de méditations, ou une source historique. Il n’impose aucun cadre de foi. Il invite simplement à réfléchir.
10. Quelle édition française consulter ?
On le trouve dans la Pléiade (Nag Hammadi), dans Écrits gnostiques (Gallimard), ou en édition indépendante chez Bayard, Albin Michel ou Cerf, avec notes et commentaires.