Contenu de l’Évangile selon Philippe : ce que dit vraiment le texte
L’Évangile selon Philippe ne raconte pas la vie de Jésus. Il s’agit d’un texte apocryphe de tradition gnostique, transmis en copte, qui regroupe des paroles, des fragments doctrinaux et des images spirituelles centrées sur l’initiation, l’union intérieure et les sacrements.
Le texte évoque le baptême, l’onction, le mariage mystique, mais dans une perspective symbolique. Il insiste sur la connaissance comme condition du salut et sur la réconciliation entre l’humain divisé et l’unité perdue. Le Christ y apparaît comme celui qui révèle, non comme celui qui sauve par la croix.
Aucune narration, aucun miracle. Ce texte explore une autre manière de comprendre l’incarnation et la transmission spirituelle.
Dernière mise à jour le 2025-05-22 / Liens affiliés / Images de l'API Amazon Partenaires
Origine de l’Évangile de Philippe : date, lieu, auteur supposé
L’Évangile selon Philippe a été découvert en 1945 à Nag Hammadi, dans une jarre contenant d’autres écrits gnostiques en copte sahidique. Le manuscrit date du IVe siècle, mais le texte lui-même a probablement été composé au IIIe siècle, en milieu gnostique chrétien égyptien ou syrien.
Le nom de Philippe, l’un des douze apôtres, est une attribution symbolique. Le texte ne se présente pas comme un témoignage direct, mais comme un enseignement spirituel transmis sous ce nom pour affirmer sa légitimité intérieure.
Aucune tradition ecclésiale n’a retenu ce texte dans son canon biblique.
Les sacrements selon l’Évangile de Philippe
Le texte insiste sur les sacrements — le baptême, l’onction, l’eucharistie, le mariage spirituel — mais les traite comme des gestes de transformation intérieure, non comme des rites institutionnels. Ils sont décrits comme des moments de révélation, où l’âme se reconnecte à sa lumière originelle.
Le corps est valorisé comme lieu de passage vers la plénitude, contrairement à d’autres courants gnostiques plus dualistes. L’union entre masculin et féminin devient une image de la réconciliation divine, bien au-delà de la symbolique sexuelle.
Chaque passage vise à réveiller un souvenir, à faire revenir à ce qui était là avant la chute dans l’oubli.
La relation entre Jésus et Marie-Madeleine dans le texte
Ce texte évoque Marie de Magdala comme la compagne (koinônos) de Jésus. Il est dit qu’il l’aimait plus que les autres disciples et l’embrassait souvent « sur… » — le mot manque dans le manuscrit, ce qui a donné lieu à des interprétations multiples, parfois fantasmées.
Mais la portée symbolique est claire : Marie incarne la réceptivité intérieure, la connaissance silencieuse, celle qui comprend sans structure ni hiérarchie. Le texte affirme ainsi un mode de transmission spirituelle basé sur la proximité et la reconnaissance mutuelle, et non sur le pouvoir ou la loi.
Il ne s’agit pas d’une histoire d’amour terrestre. Il s’agit d’un schéma mystique.
Pourquoi l’Évangile de Philippe a été écarté du canon biblique
Ce texte n’a jamais été reconnu comme canonique. Il n’était pas lu dans les liturgies chrétiennes officielles, et sa vision du Christ, de l’Église, du salut et de la matière ne correspondait pas aux orientations doctrinales des premiers conciles.
Son vocabulaire gnostique, son absence de récit, sa théologie du corps comme passage vers l’invisible, et surtout sa conception non institutionnelle des sacrements, l’ont exclu des usages communautaires.
Il a pourtant été recopié, conservé, transmis dans des milieux restreints, comme une mémoire dissidente d’un christianisme non officiel.
Sens spirituel de l’Évangile de Philippe dans une lecture contemporaine
L’Évangile de Philippe parle aux lecteurs qui cherchent une approche symbolique, non dogmatique, du mystère chrétien. Il propose une voie intérieure, où le salut ne vient pas d’un événement extérieur, mais d’un éveil intérieur.
Son langage est parfois obscur. Il demande une lecture lente. Mais il ouvre un champ rarement exploré dans les traditions reconnues : celui de la lumière dans le corps, de l’union rétablie, de l’amour comme révélation.
Il ne conteste rien. Il respire à côté.
Questions fréquentes sur l’Évangile selon Philippe
1. Ce texte fait-il partie de la Bible ?
Non. L’Évangile de Philippe est un texte apocryphe, exclu du canon biblique. Il n’a jamais été reconnu par les grandes traditions chrétiennes comme un texte liturgique ou doctrinal.
2. À quelle époque ce texte a-t-il été écrit ?
Il a été rédigé entre le IIe et le IIIe siècle, dans un milieu chrétien gnostique, probablement en Égypte ou en Syrie.
3. Dans quelle langue l’Évangile de Philippe a-t-il été transmis ?
Le manuscrit que nous possédons est en copte, mais il s’agit probablement d’une traduction depuis le grec, langue d’origine du texte.
4. De quoi parle cet évangile ?
Il traite du salut intérieur, des sacrements (baptême, onction, mariage spirituel), de la réconciliation de l’âme avec le divin, et de la connaissance comme voie de transformation.
5. Quelle est la place de Marie-Madeleine dans ce texte ?
Elle y est présentée comme la compagne spirituelle de Jésus, une figure de connaissance intérieure et de proximité mystique. Ce lien n’est pas charnel mais symbolique.
6. Pourquoi ce texte a-t-il été rejeté ?
Il ne correspondait pas à la théologie officielle des Églises : sa vision du corps, du salut, des rites et de l’Église était trop différente, trop intérieure, trop indépendante.
7. Que signifie le mariage spirituel évoqué dans le texte ?
C’est une image mystique de l’union entre l’âme et le divin, ou entre les polarités séparées de l’être humain. Il ne s’agit pas d’un mariage terrestre.
8. Ce texte est-il difficile à lire ?
Oui, partiellement. Certaines parties sont limpides, d’autres très symboliques. Il est conseillé de lire ce texte dans une édition commentée.
9. Existe-t-il des éditions françaises accessibles ?
Oui. On trouve le texte dans les Écrits gnostiques (Pléiade) et dans des versions plus courtes et commentées chez Cerf, Bayard ou Albin Michel.
10. Ce texte est-il encore lu aujourd’hui ?
Oui. Il est lu par des chercheurs, des théologiens, mais aussi par des personnes en quête d’une spiritualité symbolique et d’un chemin intérieur non encadré par une institution.