L’Évangile de Marie-Madeleine : un texte apocryphe aux marges du pouvoir

par | Mai 22, 2025 | Orbi

Le contenu de l’Évangile attribué à Marie

L’Évangile de Marie est un texte apocryphe transmis en copte, conservé en partie dans un manuscrit du Ve siècle. Il ne suit pas la forme classique d’un évangile narratif. Ce que l’on a, c’est un dialogue spirituel entre Marie de Magdala et les disciples, après le départ du Christ ressuscité.

Le texte commence par des paroles de Jésus sur la liberté intérieure et la connaissance de soi. Il part, et les disciples restent troublés. Marie prend alors la parole. Elle rapporte une vision qu’elle dit avoir reçue de lui, centrée sur l’élévation de l’âme et le combat contre les puissances invisibles qui l’enchaînent. Ce témoignage est mal reçu, notamment par Pierre, qui doute de sa légitimité.

Il manque plusieurs pages au manuscrit, mais ce qui reste montre une figure féminine forte, détentrice d’un enseignement profond, refusé par une autorité en train de se structurer.

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Marie-Madeleine en initiée et en enseignante

Dans ce texte, Marie de Magdala n’apparaît pas comme une figure marginale ou effacée. Elle est au centre. Elle console les disciples, elle parle en leur nom, elle transmet un enseignement d’ordre intérieur. Sa parole est directe, posée, sans emphase. Elle agit comme une médiatrice entre Jésus et ceux qui ne savent plus comment avancer.

Elle ne prêche pas une nouvelle loi. Elle rappelle que le salut n’est pas un système, mais une voie personnelle, une lutte contre les peurs, un retour à la plénitude intérieure.

Ce rôle, ni hiérarchique ni rituel, fait d’elle une figure spirituelle autonome, et c’est précisément ce qui est contesté dans le texte.

Les tensions visibles dans le récit

Le conflit entre Marie et Pierre traverse le texte. Il ne s’agit pas d’un simple désaccord, mais d’une vraie opposition sur la nature de l’autorité : celle qui vient d’un savoir reçu dans le silence d’une vision, ou celle qui s’impose au nom de l’ordre et de la tradition.

Cette tension reflète des débats réels dans les premières générations chrétiennes, entre des courants plus charismatiques, souvent ouverts aux femmes, et d’autres plus institutionnels. L’évangile ne tranche pas. Il expose.

Ce qui s’y joue, c’est le passage d’une pluralité spirituelle vers une structure plus rigide, où certaines voix ne trouvent plus leur place.

Origine, langue et histoire du manuscrit

L’Évangile de Marie ne figure dans aucune des listes anciennes de textes canoniques. Il n’a pas été lu dans les liturgies reconnues. Il a vraisemblablement circulé dans des milieux gnostiques ou chrétiens indépendants, en Égypte, à partir du IIe siècle.

Le texte principal a été retrouvé dans le Codex de Berlin, acquis en 1896 mais publié beaucoup plus tard. Il est en copte sahidique, et ne contient que huit pages conservées. Des fragments grecs ont aussi été découverts à Oxyrhynque, ce qui confirme une diffusion plus large.

L’ensemble laisse penser à une transmission restreinte, mais pas marginale. Le texte a sans doute été lu, médité, recopié, même s’il n’a pas été reconnu par les autorités.

La singularité de ce texte dans la littérature chrétienne

Par sa forme, par son ton, par sa figure centrale, l’Évangile de Marie est unique. Il ne propose ni récit de miracles, ni paraboles, ni doctrine. Il donne la parole à une femme, non pour raconter, mais pour interpréter.

Il n’attaque aucun autre texte. Il ne cherche pas à s’opposer frontalement à la tradition. Il ouvre un espace de parole spirituelle, qui ne s’appuie sur aucune institution. Il n’est pas écrit contre, mais à côté. Il fait entendre un monde intérieur, nourri de symboles mais sans ésotérisme creux.

C’est un texte nu, tendu, profond. Il déplace sans bruit.

Ce que cette lecture permet de redécouvrir

L’Évangile de Marie ne cherche pas à convaincre. Il ne donne pas d’arguments. Il parle autrement. Il évoque une expérience. C’est pour cela qu’il continue d’être lu. Il touche aux fondements de la foi, sans les enfermer.

Il attire les chercheurs, parce qu’il témoigne d’une diversité religieuse oubliée. Il touche aussi des lecteurs en quête d’un rapport à Dieu qui ne passe pas par les cadres établis. Il intéresse enfin tous ceux qui s’interrogent sur la place des femmes dans l’histoire religieuse, et sur ce qui a été perdu, caché ou mis de côté.

Questions fréquentes sur l’Évangile de Marie

1. Ce texte est-il vraiment écrit par Marie-Madeleine ?

Non. Il s’agit d’un texte attribué à Marie de Magdala, comme c’est souvent le cas dans les écrits anciens. Le but est moins de rapporter un témoignage historique que de transmettre un enseignement spirituel en son nom.

2. Où a-t-on trouvé l’Évangile de Marie ?

Le texte principal a été retrouvé en Égypte, dans le Codex de Berlin, acquis en 1896. Il est écrit en copte. Deux fragments grecs du même texte ont été découverts à Oxyrhynque.

3. Dans quelle langue ce texte a-t-il été rédigé ?

Le manuscrit complet que nous possédons est en copte sahidique. Mais l’original était probablement en grec, comme beaucoup d’écrits chrétiens du IIe siècle.

4. À quelle époque a-t-il été écrit ?

La rédaction initiale est estimée au IIe siècle, une période de grande diversité théologique dans le christianisme ancien.

5. Pourquoi ce texte n’a-t-il pas été intégré à la Bible ?

Il ne faisait pas partie des textes lus dans les églises ni reconnus par les autorités religieuses en place. Il propose une vision trop intérieure, trop libre, et donne à une femme une place centrale dans la transmission de l’enseignement du Christ.

6. Que dit Jésus dans ce texte ?

Il insiste sur le fait que le péché n’existe pas réellement, que seule l’ignorance est un obstacle, et que le salut vient de la libération intérieure. Il invite à ne pas se laisser gouverner par la peur ou par les puissances extérieures.

7. Quel est le rôle de Pierre dans ce texte ?

Pierre apparaît comme une figure de l’autorité masculine établie, qui conteste la légitimité de Marie à parler. Ce conflit représente un désaccord profond sur le sens de l’enseignement du Christ.

8. Est-ce un texte gnostique ?

Il contient des éléments proches de la gnose, notamment l’idée d’une connaissance intérieure libératrice. Mais il reste plus simple, plus épuré, et ne développe pas de cosmologie complexe.

9. Peut-on le lire sans formation théologique ?

Oui. Le style est accessible. Les éditions modernes proposent souvent une traduction claire avec une brève introduction. La lecture demande attention, mais pas de compétence technique.

10. Où trouver une bonne édition française de ce texte ?

On le trouve dans les recueils d’écrits apocryphes, notamment dans la Pléiade, ou dans des éditions plus synthétiques comme Évangiles apocryphes (Cerf) ou L’Évangile de Marie traduit seul avec commentaire (Albin Michel, Bayard…).

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