Les trois singes de la sagesse — celui qui ne voit pas, celui qui n’entend pas, celui qui ne parle pas — sont devenus des icônes populaires. Mais derrière cette figure apparemment naïve se cache un véritable enseignement spirituel et moral, transmis à travers les siècles, du confucianisme au bouddhisme japonais. Leur message, souvent mal interprété, est tout sauf un appel au déni ou au silence complice.
Il s’agit d’une discipline intérieure : apprendre à filtrer ce que l’on laisse entrer dans sa conscience et ce que l’on choisit d’exprimer. Mizaru, Kikazaru et Iwazaru ne fuient pas le réel, ils nous rappellent que notre regard, notre écoute et notre parole façonnent notre monde intérieur. Ce principe, à la fois simple et exigeant, traverse les grandes traditions spirituelles, et reste d’une brûlante actualité dans un monde saturé de bruit, d’images et de discours.
Dans cet article, nous plongeons au cœur du symbole pour en explorer les origines culturelles, le sens profond, et surtout ses applications concrètes dans la vie quotidienne. Car incarner cette sagesse ne consiste pas à se taire, mais à parler avec justesse ; ce n’est pas fuir, mais choisir avec conscience ce qui nous nourrit ou nous abîme.
Résumé : Que symbolisent les trois singes de la sagesse ?
Mizaru, Kikazaru et Iwazaru incarnent une sagesse millénaire issue de traditions confucéenne et bouddhiste. Voici l’essentiel à retenir.
Origine et histoire des trois singes
La représentation des trois singes de la sagesse est connue dans le monde entier, mais son origine et sa signification profonde sont souvent méconnues. Derrière ces gestes simples — se couvrir les yeux, les oreilles, la bouche — se cache un héritage spirituel et moral venu de Chine, transmis et enrichi au fil des siècles, notamment au Japon.
1. Une racine confucéenne : la discipline morale des sens
Les premiers fondements de cette idée se trouvent dans la pensée de Confucius. Dans les Entretiens (vers 479–221 av. J.-C.), on lit cette maxime fondamentale :
非礼勿视、非礼勿听、非礼勿言、非礼勿动
« Ce qui est contraire à la bienséance (li), ne le regarde pas, ne l’écoute pas, ne le dis pas, ne le fais pas. »
Cette formule, à la fois éthique et éducative, pose les bases d’une autodiscipline fondée sur la retenue consciente : ne pas se laisser influencer par ce qui corrompt, mais cultiver une relation juste aux choses, aux paroles et aux actes. Elle réapparaît dans la littérature chinoise jusqu’à l’époque Song (960–1279), où elle est encore citée comme référence morale.
2. Du confucianisme au bouddhisme : une transmission spirituelle
C’est au VIIIe siècle, semble-t-il, qu’un moine de l’école Tiāntái (天台宗), courant du bouddhisme mahāyāna chinois, diffuse le récit symbolique connu sous le nom de « Ne pas voir, ne pas entendre, ne pas parler » (不见、不闻、不言 – bù jiàn, bù wén, bù yán). Ce récit visait à encourager une pratique intérieure de vigilance et de détachement face aux perturbations du monde sensoriel.
Cette perspective bouddhiste ne supprime pas la dimension morale, mais y ajoute une dimension contemplative : il ne s’agit plus seulement d’éviter le mal, mais aussi de préserver la clarté de l’esprit.
3. Le Japon et la forme visuelle que nous connaissons
C’est finalement au Japon que cette maxime prend une forme iconique, avec l’image des trois singes :
Mizaru (見ざる) – qui ne voit pas le mal
Kikazaru (聞かざる) – qui n’entend pas le mal
Iwazaru (言わざる) – qui ne dit pas le mal
Leur nom repose sur un jeu de mots entre la forme négative verbale en -zaru (ancienne forme de « ne pas ») et saru (singe), d’où l’association symbolique. La plus célèbre représentation sculptée se trouve au sanctuaire Tōshō-gū de Nikkō, réalisée par le sculpteur Hidari Jingorō (1594–1634), et marque la fixation visuelle et populaire du symbole.
Que signifient les gestes de ne rien voir, entendre, dire ?
L’image des trois singes ne doit pas être prise au pied de la lettre. Il ne s’agit pas de fermer les yeux sur le monde, de se boucher les oreilles face à l’injustice, ni de garder le silence face à l’erreur. Elle nous parle plutôt de maîtrise intérieure : choisir consciemment ce à quoi nous prêtons attention, ce que nous laissons entrer en nous, et ce que nous exprimons. Voici ce que chaque geste symbolise profondément.
1. Ne rien voir de mal : la maîtrise du regard
Mizaru, les mains sur les yeux, représente une attitude de discernement. Il ne s’agit pas de nier l’existence du mal, mais de ne pas s’y complaire. Dans une époque saturée d’images violentes, anxiogènes ou frivoles, ce singe nous rappelle que ce que nous regardons façonne notre esprit.
Sur le plan spirituel, cela signifie orienter son regard vers ce qui élève, ce qui nourrit la conscience, au lieu de se laisser happer par la fascination du négatif. La maîtrise du regard, c’est refuser de donner de l’énergie à ce qui alimente la peur, le jugement ou la colère.
2. Ne rien entendre de mal : la discipline intérieure
Kikazaru, les mains sur les oreilles, évoque la vigilance face à ce que nous laissons entrer dans notre esprit. Cela comprend les paroles destructrices, les rumeurs, les plaintes répétées ou les discours qui attisent les divisions. Ici encore, il ne s’agit pas de se couper du monde, mais de filtrer ce qui nourrit ou affaiblit notre équilibre intérieur.
Spirituellement, ce singe nous rappelle que l’écoute est un acte actif : choisir d’écouter la vérité, la bienveillance, les enseignements qui élèvent plutôt que les bruits qui dispersent. Cultiver un silence intérieur permet d’entendre plus profondément ce qui est essentiel.
3. Ne rien dire de mal : le pouvoir de la parole maîtrisée
Iwazaru, les mains sur la bouche, est sans doute le plus exigeant. Il invite à prendre conscience du pouvoir de la parole : construire ou détruire, éclairer ou assombrir, relier ou blesser. Ne rien dire de mal, ce n’est pas se taire face à l’injustice, mais parler avec justesse, au bon moment, sans violence ni vanité.
Dans une perspective spirituelle, c’est une invitation à cultiver une parole qui vient du cœur, guidée par la vérité et la compassion. Cela rejoint des enseignements présents dans de nombreuses traditions : peser ses mots, parler peu mais vrai, ne pas se laisser emporter par les bavardages ou les jugements hâtifs.
Les trois singes s’invitent dans nos intérieurs
Si la figure des trois singes a traversé les siècles et les cultures, elle trouve aujourd’hui une nouvelle vie sous forme d’objets décoratifs. Sculptures en bois, statuettes en résine, versions modernes en métal ou même déclinaisons humoristiques : le trio emblématique est désormais omniprésent dans les boutiques d’objets d’art ou de décoration.
Cette présence dans nos foyers ne relève pas uniquement d’un effet de mode. Beaucoup choisissent de les exposer pour ce qu’ils symbolisent profondément : un rappel discret à la maîtrise de soi, à la vigilance intérieure, ou à une certaine éthique du rapport au monde. Posés sur une étagère, une console ou un bureau, ces singes deviennent des figures silencieuses de sagesse, à la fois esthétiques et inspirantes.
Certains les collectionnent pour leur esthétique, d’autres les intègrent à un coin méditation ou à une bibliothèque spirituelle. Leur diversité de formes et de matériaux permet de trouver une version adaptée à chaque style d’intérieur — du plus épuré au plus expressif.
En voici un exemple entre modernité et tradition:
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Une lecture spirituelle et intérieure de leur message
Si les trois singes sont parfois interprétés de façon superficielle comme une incitation à l’aveuglement ou à la passivité, leur portée réelle est bien plus subtile. Ils incarnent une discipline intérieure, une forme de vigilance de l’esprit et du cœur qui s’inscrit dans une démarche de connaissance de soi et d’éveil.
1. Trois gestes, un seul principe : l’unité de la conscience
Les trois postures ne sont pas à comprendre séparément mais comme un tout cohérent. Ensemble, elles forment une pratique de recentrage :
Voir avec clarté ce qui mérite notre attention,
Entendre ce qui nous guide sans se laisser parasiter,
Parler avec discernement en accord avec nos valeurs profondes.
Autrement dit, elles nous invitent à filtrer ce que nous recevons et transmettons, afin de préserver un espace intérieur paisible, clairvoyant, et aligné.
Cette attitude rejoint des principes présents dans les grandes traditions spirituelles : la pureté du cœur dans le christianisme, le noble silence dans le bouddhisme, ou encore la maîtrise de la langue dans l’islam soufi. Il ne s’agit pas de refouler le monde, mais de transformer la manière dont on s’y relie.
2. Une voie de liberté plutôt qu’une posture de repli
En cultivant cette attention sélective, on ne fuit pas le réel, mais on apprend à ne pas se laisser manipuler ou submerger. Cela devient un acte de liberté intérieure : choisir ce qui nourrit notre paix, notre lucidité, notre capacité à agir avec justesse.
C’est en ce sens que les trois singes sont des alliés sur un chemin de sagesse. Ils nous rappellent que le travail sur soi ne passe pas seulement par des idées abstraites, mais par une attention concrète à ce que nous laissons entrer dans notre champ de conscience — et à ce que nous y émettons.
Une sagesse présente dans toutes les grandes traditions
Même si les trois singes sont nés dans un contexte japonais imprégné de bouddhisme et de confucianisme, leur message résonne avec d’autres courants spirituels majeurs.
Dans le bouddhisme theravāda, par exemple, la pratique du noble silence est centrale : il ne s’agit pas de se taire pour fuir, mais de préserver une parole juste, consciente et libérée de l’ego. Le Bouddha lui-même disait que la parole doit toujours être « vraie, nécessaire et bienveillante ».
Du côté des traditions chrétiennes, les moines du désert invitaient à « veiller aux portes des sens », c’est-à-dire à surveiller ce que l’on voit, entend ou ressent, pour ne pas laisser les passions dominer l’âme. La sobriété du regard et la retenue dans les paroles sont des vertus centrales de la vie monastique.
Enfin, dans le soufisme, branche mystique de l’islam, on trouve une forte insistance sur la pureté du cœur, qui passe par la maîtrise des mots et des jugements, le refus d’écouter les discours stériles, et la recherche du silence intérieur.
Vivre les trois singes dans sa vie
Comprendre le message des trois singes est une chose, l’appliquer au quotidien en est une autre. Leur sagesse ne s’adresse pas uniquement aux sages retirés du monde : elle est profondément pratique, et peut guider des choix concrets dans notre vie personnelle, professionnelle ou sociale. Voici comment traduire ces principes en actes simples et accessibles.
1. Choisir ce que l’on regarde : cultiver un regard sélectif
Dans un monde saturé d’images, d’alertes, de notifications, il est facile de se laisser envahir. Pratiquer « ne rien voir de mal », c’est apprendre à orienter consciemment son attention :
Éviter les contenus qui entretiennent la peur, le mépris ou la comparaison stérile.
Chercher à regarder le monde avec plus de nuance : observer sans juger, voir aussi ce qui va bien.
Prendre du recul sur les apparences pour mieux percevoir l’intention ou la vérité profonde derrière les comportements.
Cela peut passer par des choix simples : désactiver certaines sources d’information, privilégier des lectures qui élèvent, ralentir son regard dans une promenade quotidienne.
2. Écouter avec discernement : préserver son espace mental
« Ne rien entendre de mal », dans la vie quotidienne, signifie protéger son espace intérieur des paroles qui troublent inutilement :
S’éloigner des conversations stériles, toxiques ou systématiquement négatives.
Apprendre à dire non à la surcharge d’opinions, de bruit ou de sollicitations.
Être attentif à ce que l’on laisse entrer : la qualité de ce que nous entendons influence directement notre clarté mentale.
Cela ne veut pas dire s’isoler, mais apprendre à filtrer sans se fermer, écouter ce qui construit, ce qui éclaire, ce qui relie.
3. Parler avec justesse : pratiquer une parole responsable
Enfin, « ne rien dire de mal » engage notre relation aux autres. Nos mots laissent des traces. Pour vivre cette sagesse au quotidien :
Peser ses paroles : est-ce vrai, est-ce utile, est-ce dit avec bienveillance ?
Parler moins mais mieux : la sobriété verbale est souvent synonyme de profondeur.
Résister à l’envie de juger, de critiquer ou de parler pour combler un vide.
On peut commencer par des choses simples : reformuler une plainte, éviter une remarque inutile, ou choisir le silence lorsqu’il apaise.
Exemples pour incarner cette sagesse
Voici quelques situations simples dans lesquelles appliquer la sagesse des trois singes peut faire une vraie différence :
Ne rien voir de mal : Vous scrollez sur les réseaux sociaux et tombez sur une vidéo volontairement choquante ou humiliante. Plutôt que de regarder par curiosité, vous décidez de passer — non par aveuglement, mais pour préserver votre paix intérieure.
Ne rien entendre de mal : Un collègue commence à critiquer un tiers en votre présence. Vous écoutez sans encourager, puis changez discrètement de sujet. Vous ne fuyez pas le dialogue, mais vous refusez d’alimenter la négativité.
Ne rien dire de mal : Lors d’un repas en famille, une remarque vous agace. Vous sentez la réponse acerbe monter… mais vous prenez une respiration, et choisissez de parler plus tard, à tête reposée. Par cette retenue, vous transformez une tension en moment de recul lucide.
Ces petits choix, répétés jour après jour, deviennent des entraînements à la maîtrise de soi, bien plus puissants que de grandes théories.
Une figure omniprésente dans la culture populaire
Si la portée spirituelle des trois singes de la sagesse est ancienne, leur image continue d’exister, de manière plus ou moins fidèle, dans la culture populaire. On les retrouve dans le cinéma, les séries, les mangas, la musique, les jeux vidéo ou encore les réseaux sociaux, preuve que ce symbole traverse les générations et les supports.
1. Entre clin d’œil visuel et détournement critique
Au cinéma, plusieurs œuvres les ont intégrés de manière symbolique ou humoristique. Dans La Planète des singes (1968), trois membres du jury imitent clairement les postures des trois singes pendant le procès de Taylor. Dans Casino Royale, Saw 3D ou Shrek 2, la référence est plus légère mais toujours reconnaissable. Dans le film d’animation Le Château des singes (1999), trois jardiniers singes reprennent les positions emblématiques en décalage comique avec leurs paroles.
Du côté des séries, les clins d’œil sont fréquents. Dans Friends, Ross, Chandler et Joey prennent la pose sur le canapé du Central Perk. Dans Charmed, un épisode entier tourne autour d’un sortilège qui prive les héroïnes respectivement de la vue, de l’ouïe et de la parole. D’autres références sont disséminées dans Lucky Luke, Pokémon, Jackie Chan, Criminal Minds ou encore The White Lotus, souvent pour illustrer des situations de censure, de silence forcé ou d’évitement.
Les bandes dessinées et mangas ne sont pas en reste. Dans Spirou et Fantasio, les singes offerts par Gaston prennent les célèbres positions en cas de réprimande. Dans Hunter x Hunter, un personnage possède un pouvoir directement inspiré de la triade symbolique. On retrouve également leur trace dans Saint Seiya, Detective Conan ou Dragon Ball Super.
2. Une critique sociale parfois explicite
Certains artistes utilisent le symbole pour en dénoncer le mécanisme inverse : celui du refus de voir la vérité ou du silence complice. Le peintre Keith Haring, dans son œuvre Ignorance = Fear (1989), associe la figure des singes à la peur de parler du SIDA à une époque où le silence tuait. Le rappeur OrelSan, dans son clip Tout va bien (2017), reprend les postures des trois singes dans un univers enfantin contrastant avec la réalité difficile qu’il évoque — une façon de souligner notre tendance collective à édulcorer le réel.
Même des groupes de musique comme Megadeth ou Discharge ont intégré ce symbole dans leur iconographie, souvent pour exprimer une critique de la société, du déni, ou de la manipulation de masse.
3. Les trois singes sous forme d’émoticônes
Dans les échanges numériques d’aujourd’hui, les trois singes de la sagesse sont devenus des émoticônes largement utilisées, souvent pour exprimer la gêne, la discrétion ou une forme de complicité silencieuse. On les retrouve dans la plupart des claviers emoji sous les représentations suivantes :
🙈 Mizaru – “Ne pas voir le mal”
Code Unicode :U+1F648
— souvent utilisé pour symboliser la honte ou le fait de ne pas vouloir voir une réalité dérangeante.🙉 Kikazaru – “Ne pas entendre le mal”
Code Unicode :U+1F649
— employé pour marquer un refus d’écouter ou une surdité sélective face à ce qui gêne.🙊 Iwazaru – “Ne pas dire le mal”
Code Unicode :U+1F64A
— renvoie à la discrétion, au silence volontaire ou au fait de garder un secret.
Souvent utilisés sur le ton de la gêne, de la complicité ou de la pudeur, ils ont toutefois perdu leur sens profond pour beaucoup. Pourtant, leur omniprésence rappelle que le message originel — la vigilance éthique, la lucidité et la maîtrise — reste pertinent, même dissimulé sous les traits d’un singe numérique.
En résumé : une sagesse ancienne pour un monde moderne
Les trois singes de la sagesse ne sont pas des gardiens du silence ou du déni. Ils nous invitent à une maîtrise consciente de nos perceptions, de notre écoute et de notre parole. Leur message, bien loin de tout moralisme, est une invitation à cultiver la lucidité, la paix intérieure et la responsabilité dans notre rapport au monde.
Dans un contexte où l’attention est devenue une ressource rare, où le bruit l’emporte souvent sur le sens, cette sagesse millénaire reste étonnamment actuelle. Elle nous rappelle que voir, entendre et dire sont des choix — et que de ces choix naît la qualité de notre vie intérieure.
Adopter cette posture, ce n’est pas fuir le réel : c’est apprendre à y être pleinement, sans se laisser déborder, ni détourner de ce qui compte vraiment.
Pour aller plus loin : lectures complémentaires sur les trois singes de la sagesse
1. Une analyse culturelle complète entre Orient et Occident
Si vous souhaitez comprendre comment la perception des trois singes varie entre l’Orient et l’Occident, je vous recommande vivement de lire l’analyse de Symbol Sage. Vous y verrez que, loin d’être un simple symbole naïf, les trois singes incarnent une véritable leçon de morale dans les sociétés asiatiques, alors qu’ils sont parfois interprétés comme une fuite de la réalité en Occident.
2. Une exploration académique de leurs origines et variantes
Pour une approche plus historique et universitaire, l’article de l’Encyclopedia MDPI propose une synthèse précieuse. Il retrace les racines confucéennes du symbole, évoque l’apparition d’un quatrième singe (Shizaru, « ne pas faire le mal ») et discute des évolutions culturelles de cette figure à travers le temps.
3. Leur présence dans l’art contemporain et la culture populaire
L’article de Wikipédia offre une vue d’ensemble très riche sur la manière dont les trois singes sont représentés dans l’art, le cinéma ou encore la musique moderne. Il cite notamment l’œuvre « Gandhi’s Three Monkeys » de Subodh Gupta, où des objets de guerre sont utilisés pour incarner chaque singe, donnant au symbole une portée pacifiste contemporaine.
4. Un regard spirituel sur leur message éthique
Enfin, pour une interprétation davantage orientée vers le développement personnel, l’article d’Eden Bengals explore comment le symbole des trois singes peut inspirer des pratiques de conscience, d’attention sélective et de communication responsable dans notre quotidien moderne.
Questions fréquentes sur les trois singes de la sagesse
1. Quelle est la véritable origine des trois singes de la sagesse ?
L’origine des trois singes de la sagesse remonte à la Chine ancienne, dans la philosophie confucéenne, mais c’est au Japon, au sanctuaire Tōshō-gū de Nikkō, que leur représentation iconique est née au XVIIᵉ siècle. Cette fusion entre éthique confucéenne et symbolisme bouddhiste a façonné l’image que nous connaissons aujourd’hui.
2. Pourquoi associe-t-on des singes au concept de sagesse ?
En japonais, « saru » signifie à la fois « singe » et forme négative du verbe (« ne pas »). Ce jeu de mots a naturellement conduit à utiliser des singes pour incarner les principes « ne pas voir, ne pas entendre, ne pas dire ». C’est un choix linguistique et culturel, non pas un hasard symbolique.
3. Comment interpréter les trois singes dans le monde moderne ?
Aujourd’hui, les trois singes peuvent être vus comme une invitation à maîtriser sa consommation d’informations : choisir ses sources, filtrer les discours négatifs, et parler de manière constructive sur les réseaux sociaux ou dans les échanges quotidiens.
4. Les trois singes sont-ils liés à une religion précise ?
Ils traversent plusieurs traditions : confucianisme, bouddhisme mahāyāna, shintoïsme japonais. Leur message est avant tout éthique et spirituel, sans s’attacher à un dogme religieux particulier. C’est une pratique universelle de vigilance intérieure.
5. Existe-t-il un quatrième singe de la sagesse ?
Oui, dans certaines représentations plus modernes, un quatrième singe apparaît : Shizaru, symbolisant « ne pas faire de mal » (les bras croisés sur la poitrine). Ce quatrième principe insiste sur l’action juste, au-delà de la perception et de la parole.
6. Quelle est la signification de Mizaru, Kikazaru et Iwazaru individuellement ?
Mizaru : Ne pas voir le mal – Orienter son regard vers ce qui élève.
Kikazaru : Ne pas entendre le mal – Filtrer ce que l’on écoute.
Iwazaru : Ne pas dire de mal – Utiliser la parole avec discernement et bienveillance.
7. Quelle différence entre « ne pas voir le mal » et « ignorer la réalité » ?
« Ne pas voir le mal » signifie ne pas se nourrir du négatif inutilement, sans pour autant fermer les yeux sur l’injustice. C’est un exercice de discernement, pas un aveuglement volontaire.
8. Comment appliquer la sagesse des trois singes dans l’éducation des enfants ?
En enseignant aux enfants à être attentifs à ce qu’ils regardent (choix des médias), à ce qu’ils écoutent (qualité des conversations), et à la manière dont ils s’expriment (parole respectueuse), on leur transmet une clé d’équilibre intérieur dès le plus jeune âge.
9. Les trois singes ont-ils un lien avec la psychologie moderne ?
Oui, plusieurs approches en psychologie positive et cognitive rejoignent cette sagesse : la gestion de l’attention, l’écoute active et la communication non violente sont des formes contemporaines de cette vieille discipline intérieure.
10. Pourquoi les trois singes apparaissent-ils souvent dans les œuvres humoristiques ?
Le contraste entre la posture sérieuse des trois singes et les situations légères ou absurdes crée un effet comique. De plus, détourner leur symbolisme permet de critiquer de manière douce des comportements humains (ignorance, silence complice, etc.).
11. Quelle est l’interprétation des trois singes dans la philosophie zen ?
Dans le zen, « ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire » est vu comme une purification de l’esprit : un moyen de réduire les distractions pour atteindre une présence pure et ouverte à l’instant présent.
12. Quelle place occupent les trois singes dans la culture numérique actuelle ?
Sous forme d’emojis 🙈🙉🙊, les trois singes sont devenus des symboles d’embarras, de gêne ou de complicité. Pourtant, ce détournement léger masque leur portée originelle liée à la maîtrise de soi et à la lucidité intérieure.
13. Comment différencier l’éthique des trois singes d’une forme de lâcheté ?
La sagesse des trois singes repose sur la responsabilité intérieure : choisir de ne pas se nourrir de négativité, mais sans jamais refuser d’agir face à l’injustice. Ce n’est pas un refuge passif, c’est une attitude active de discernement et de courage éthique.
14. Les trois singes ont-ils une correspondance dans d’autres cultures anciennes ?
Oui, dans la Grèce antique, certaines maximes stoïciennes recommandaient déjà la maîtrise des sens et de la parole. Chez les sages hindous, la pratique de la retenue sensorielle (« pratyahara ») rejoint aussi cette discipline.
15. Peut-on voir les trois singes comme une méthode de développement personnel ?
Absolument. Leur message rejoint des démarches modernes de développement personnel : gérer son attention, préserver son énergie mentale, adopter une parole consciente. C’est une voie pratique vers plus de clarté, de sérénité et de responsabilité dans sa vie quotidienne.