Les apôtres de Jésus étaient-ils 12, 13 ou 14 ? Qui étaient-ils?

par | Juin 1, 2025 | Christianisme

Ils étaient douze… mais on en compte parfois treize ou quatorze. Qui étaient réellement les apôtres de Jésus ? D’où vient cette variation ? Cet article explore leur identité, leur mission et la portée symbolique de leur nombre dans le Nouveau Testament et l’histoire chrétienne.

Comprendre le nombre réel des apôtres de Jésus et leur rôle dans l’Église

Le chiffre des apôtres suscite des interrogations : pourquoi parle-t-on parfois de 12, 13 voire 14 apôtres ? Cet article clarifie les identités, les missions et les raisons historiques et théologiques de ces dénominations.


Jésus choisit délibérément douze apôtres, en écho aux douze tribus d’Israël, pour fonder un groupe missionnaire au cœur de son projet spirituel.
Les apôtres sont distingués des disciples par leur mission spécifique d’envoyés chargés d’annoncer l’Évangile, guérir et baptiser.
La liste des Douze figure dans plusieurs passages du Nouveau Testament avec quelques variantes mineures selon les évangiles.
Judas Iscariote, membre originel des Douze, est remplacé après sa trahison par Matthias, élu par les autres apôtres après la Résurrection.
Paul de Tarse est reconnu comme apôtre des nations en raison de son appel direct par le Christ ressuscité et de son rôle central dans l’évangélisation du monde païen.
En additionnant Judas, Matthias et Paul, on dénombre 14 hommes ayant été appelés apôtres, même si le collège actif reste fixé à 12 membres.
Chaque apôtre a une histoire, une mission et un martyre distincts qui ont marqué la fondation et l’expansion de l’Église primitive.
Le rôle de Paul est unique : ses lettres fondent une part majeure du Nouveau Testament et structurent la théologie chrétienne dès ses débuts.
Le maintien du chiffre douze après la mort de Judas souligne une volonté d’ancrage biblique et de continuité symbolique dans la mission chrétienne.

Qui étaient les Douze Apôtres dans la Bible ?

Le mot “apôtre” vient du grec apostolos, qui signifie “envoyé”. Jésus ne s’est pas entouré de disciples au hasard. Il en a appelé beaucoup, mais il en a choisi douze pour former un groupe spécifique, auquel il a confié une mission précise : être témoins de son enseignement, de sa mort et de sa résurrection, et transmettre la foi dans le monde entier.

Une décision pleine de sens

Les Évangiles précisent que Jésus passe toute une nuit en prière avant de choisir les Douze (Luc 6,12-16). Ce n’est pas une décision fonctionnelle, mais spirituelle. Il ne les sélectionne pas pour leurs compétences sociales, intellectuelles ou religieuses, mais pour leur disponibilité, leur foi naissante et leur capacité à le suivre.

Le choix du chiffre douze fait écho aux douze tribus d’Israël. En appelant douze hommes, Jésus signale qu’il ne crée pas un groupe isolé, mais qu’il inscrit son œuvre dans la continuité du dessein de Dieu pour son peuple. C’est une manière de dire que son message concerne tout Israël, et par lui, l’humanité entière.

Disciple ou apôtre : quelle différence ?

Dans les Évangiles, tous les apôtres sont disciples, mais tous les disciples ne sont pas apôtres. Le terme “disciple” désigne toute personne qui suit Jésus, l’écoute et apprend de lui. L’“apôtre”, lui, est envoyé avec une mission. Il doit annoncer, enseigner, guérir, baptiser. C’est un rôle actif et public, parfois dangereux.

Après la Résurrection, ce rôle prend toute son ampleur : les Douze deviennent les premiers évangélisateurs, ceux qui poseront les fondations de l’Église. Ils ne le font pas seuls, mais chacun porte une mission singulière. Ils témoignent dans leur chair, dans leur langue, dans leur culture.

Où trouve-t-on la liste des Douze Apôtres ?

Le Nouveau Testament donne plusieurs listes, toujours proches, dans les évangiles de Matthieu (10,2-4), Marc (3,16-19), Luc (6,14-16) et dans les Actes des Apôtres (1,13). Elles varient parfois dans l’ordre ou le nom utilisé (par exemple, Thaddée est parfois appelé Jude), mais elles montrent une cohérence dans le groupe constitué.

Les noms sont souvent liés à l’origine juive des apôtres : Simon, Jacques, Jean, Judas… D’autres sont influencés par la culture grecque : Philippe, Barthélemy. Ce mélange reflète déjà l’ouverture du message chrétien au monde méditerranéen, sans rupture avec les racines juives.

Qui étaient les Douze Apôtres de Jésus ? Leur parcours raconté

1. Simon-Pierre

Simon-Pierre est sans doute le plus connu des Douze. Ce pêcheur de Galilée, frère d’André, est appelé par Jésus au bord du lac de Tibériade. Impulsif, fervent et parfois fragile, il devient pourtant le porte-parole du groupe. Jésus lui donne le nom de Pierre, qui signifie « roche », et lui confie une mission essentielle : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Après avoir renié Jésus pendant la Passion, il devient un pilier de la première communauté chrétienne à Jérusalem. Selon la tradition, il meurt crucifié à Rome, la tête en bas, sous le règne de Néron.

2. Jacques, fils de Zébédée

Jacques, frère de Jean, fait partie des premiers disciples. Avec Pierre et Jean, il forme le trio de confiance de Jésus, présent lors de la Transfiguration et de la prière à Gethsémani. Il est surnommé avec son frère « fils du tonnerre » — une expression qui suggère une nature ardente. Il est le premier apôtre à mourir martyr, décapité à Jérusalem sur ordre du roi Hérode Agrippa, vers l’an 44. Son tombeau présumé à Saint-Jacques-de-Compostelle est devenu un haut lieu de pèlerinage chrétien.

3. Jean

Jean, frère de Jacques, est souvent considéré comme le plus jeune des apôtres. L’Évangile de Jean lui attribue une proximité singulière avec Jésus, jusqu’à être appelé « le disciple que Jésus aimait ». Il est le seul des Douze présent au pied de la croix, aux côtés de Marie. Après la Résurrection, il joue un rôle important dans l’Église naissante. Il est aussi l’auteur traditionnel du quatrième Évangile, de trois lettres et de l’Apocalypse. Selon la tradition, Jean meurt très âgé à Éphèse, après avoir été exilé sur l’île de Patmos.

4. André

André est le frère de Simon-Pierre. Disciple de Jean-Baptiste avant de suivre Jésus, il est parmi les premiers à reconnaître Jésus comme le Messie. Il joue un rôle de passeur, amenant d’autres à rencontrer Jésus. Après la Pentecôte, la tradition le fait missionnaire en Grèce, en Asie Mineure et jusqu’en Scythie. Il aurait été crucifié à Patras sur une croix en forme de X, aujourd’hui connue sous le nom de croix de Saint André.

5. Philippe

Philippe vient de Béthsaïde, comme Pierre et André. Il figure dans plusieurs scènes clés de l’Évangile, notamment lorsqu’il amène Nathanaël à Jésus ou lorsqu’il demande à voir le Père. Après la Résurrection, la tradition le fait missionnaire en Phrygie (actuelle Turquie). Il serait mort martyr à Hiérapolis, crucifié ou lapidé, selon les sources.

6. Barthélemy (Nathanaël)

Barthélemy est souvent identifié à Nathanaël, que Philippe présente à Jésus dans l’Évangile selon Jean. Jésus le décrit comme « un véritable Israélite, en qui il n’y a pas de ruse ». Discret dans les textes, sa figure reste attachée à une foi pure et sans détours. Selon la tradition, il aurait évangélisé l’Inde, la Mésopotamie ou l’Arménie. Il serait mort écorché vif, un supplice rappelé par certaines œuvres d’art.

7. Thomas

Thomas, aussi appelé Didyme (« le jumeau »), est célèbre pour son doute après la Résurrection. Mais ce doute l’amène à une confession de foi unique : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Il incarne la recherche sincère et la foi confrontée au réel. Selon des traditions anciennes, il serait parti jusqu’en Inde, où une communauté chrétienne se réclame encore de lui. Il serait mort martyr près de Chennai, en Inde du Sud.

8. Matthieu (Lévi)

Matthieu, appelé aussi Lévi, est un collecteur d’impôts à Capharnaüm lorsqu’il est appelé par Jésus. Son métier le rendait impur et méprisé par les Juifs pieux. Son appel manifeste la miséricorde radicale de Jésus. Il est traditionnellement considéré comme l’auteur de l’Évangile selon Matthieu, qui met l’accent sur l’accomplissement des Écritures. Il aurait évangélisé l’Éthiopie ou la Perse, et serait mort martyr, bien que les récits varient sur les circonstances.

9. Jacques, fils d’Alphée

Jacques, parfois appelé le Mineur ou le Juste, est plus discret dans les Évangiles. Il ne doit pas être confondu avec Jacques, frère de Jean. Certains l’identifient à l’auteur de l’Épître de Jacques dans le Nouveau Testament. Il aurait été un chef de l’Église de Jérusalem. La tradition rapporte qu’il serait mort lapidé par les autorités juives, en raison de sa foi en Jésus.

10. Jude (Thaddée)

Jude, aussi nommé Thaddée ou Judas fils de Jacques, ne doit pas être confondu avec Judas Iscariote. Il intervient brièvement dans l’Évangile selon Jean. Il est traditionnellement identifié comme l’auteur de l’épître de Jude. La tradition le fait évangéliser avec Simon le Zélote en Perse. Il serait mort martyr, frappé avec une massue. Il est souvent invoqué comme le patron des causes désespérées.

11. Simon le Zélote

Simon est surnommé le Zélote, un terme qui suggère soit une appartenance à un groupe nationaliste juif, soit une ardeur particulière dans la foi. Peu de choses sont connues de lui. Il aurait prêché en Égypte, puis en Perse avec Jude. Tous deux seraient morts martyrs, probablement exécutés ensemble.

12. Judas Iscariote

Judas Iscariote est celui qui trahit Jésus pour trente pièces d’argent. Il fait partie du groupe choisi, il partage la Cène, mais livre son maître. Son acte reste un mystère lourd. Pris de remords, il rend l’argent et se pend. Les Évangiles évoquent sa mort de manière diverse, signe de la gêne face à son destin. Son nom est devenu symbole de la trahison.

13. Matthias 

Après la mort de Judas Iscariote, les apôtres élisent Matthias pour compléter le collège des Douze. Il avait suivi Jésus depuis le baptême jusqu’à l’Ascension. Son élection manifeste la continuité apostolique. La tradition le fait missionnaire en Cappadoce ou en Éthiopie. Il serait mort crucifié ou lapidé.

Pourquoi parle-t-on de 13 apôtres alors qu’ils étaient 12 ?

Jésus a choisi douze apôtres pour symboliser les douze tribus d’Israël. Mais après la trahison de Judas Iscariote et sa mort, les apôtres restants ont voulu préserver ce chiffre symbolique. Dans le livre des Actes (Ac 1,15-26), ils élisent Matthias pour « prendre la place que Judas avait désertée ».

Cela signifie qu’on cite souvent 13 noms au total (les 11 restants, Judas et Matthias), mais que le collège apostolique est resté fixé à 12 membres actifs. Le chiffre 12 n’a jamais changé : c’est l’identité du douzième qui a été ajustée.

Paul, l’apôtre des nations : le 14ème apôtre

1. Paul de Tarse : un apôtre choisi après la Résurrection

Paul, aussi appelé Saul de Tarse, n’a pas été choisi parmi les Douze apôtres originels. Il est cependant reconnu dans toute la tradition chrétienne comme apôtre à part entière, en raison de l’appel direct qu’il a reçu du Christ ressuscité. Né dans une famille juive pharisienne, formé à Jérusalem aux pieds de Gamaliel, Paul a d’abord été un persécuteur des premiers chrétiens, avant de vivre une conversion radicale sur le chemin de Damas (Actes 9).

Il se présente ensuite dans ses lettres comme « apôtre non de la part des hommes, mais par Jésus-Christ » (Galates 1,1), insistant sur la légitimité divine de sa mission.

2. Une mission tournée vers les païens

Contrairement aux autres apôtres, majoritairement tournés vers les communautés juives, Paul est envoyé auprès des nations païennes. Il devient le grand missionnaire du monde gréco-romain, voyageant à travers l’Asie Mineure, la Grèce et jusqu’à Rome.

Son objectif : annoncer Jésus-Christ crucifié et ressuscité, et fonder des Églises locales. Ses lettres, comme celles aux Romains, aux Corinthiens, ou aux Galates, traitent des fondements de la foi : la justification par la foi, la grâce, la vie dans l’Esprit, l’unité dans le Christ.

3. Auteur d’une grande partie du Nouveau Testament

Treize épîtres du Nouveau Testament sont attribuées à Paul, dont plusieurs sont unanimement reconnues comme authentiques. Son œuvre est immense : elle structure la pensée théologique chrétienne dès les origines. Par son style direct, son autorité pastorale et ses prises de position fortes, Paul façonne l’Église naissante.

Ses lettres ne sont pas seulement des conseils : ce sont des fondements doctrinaux, encore lus et médités dans toutes les confessions chrétiennes.

4. Une fin de vie marquée par le martyre

Selon la tradition, Paul meurt martyr à Rome, vers 64-67 après J.-C., sous l’empereur Néron. Étant citoyen romain, il est décapité, à la différence de Pierre, crucifié. Son tombeau se trouve dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs.

L’Église célèbre la solennité de saint Pierre et saint Paul le 29 juin. Cette double fête liturgique souligne leur rôle fondateur et complémentaire : Pierre pour l’unité, Paul pour la mission.

En résumé : Pourquoi parler de 14 apôtres alors qu’il y en avait 12 ?

1. Judas Iscariote faisait partie des Douze apôtres originels

Judas Iscariote est compté parmi les Douze apôtres dès le choix de Jésus. Il prend part à la Cène et suit Jésus tout au long de son ministère, même s’il devient tristement célèbre pour sa trahison. Son statut de traître ne change pas le fait qu’il ait été un apôtre à part entière pendant le ministère de Jésus. Ainsi, lorsqu’on établit la liste des apôtres « historiques », on trouve d’abord douze noms, dont celui de Judas Iscariote.

2. Matthias remplace Judas après la Résurrection

Après la Résurrection, les apôtres tiennent à conserver le chiffre symbolique de douze. Ils élisent Matthias pour occuper la place laissée vacante par Judas (Actes 1,15-26). Matthias avait suivi Jésus depuis son baptême jusqu’à l’Ascension, ce qui le rend légitime aux yeux des apôtres, même s’il n’avait pas été choisi parmi les Douze initiaux. À partir de la Pentecôte, il est reconnu comme faisant partie du collège apostolique. À ce stade, on compte déjà treize personnes qui ont occupé le titre d’apôtre : les onze survivants des Douze après la mort de Judas, plus Matthias.

3. Paul de Tarse, « apôtre des nations »

Paul de Tarse n’a jamais fait partie des Douze choisis par Jésus pendant son ministère terrestre. Son appel survient après la Résurrection, sur le chemin de Damas (Actes 9). Dans ses lettres, Paul affirme que son ministère ne lui vient pas des hommes, mais directement de Jésus-Christ (Galates 1,1 ; 1 Thessaloniciens 2,4). En revendiquant le titre d’apôtre, il se voit « envoyé » pour annoncer l’Évangile aux païens. La tradition chrétienne le reconnaît comme un apôtre à part entière, parfois appelé treizième apôtre. En additionnant les deux remplacements et l’appel de Paul, on atteint bien quatorze hommes qui ont, à un moment ou à un autre, reçu la mission d’annoncer la foi en Jésus-Christ.

Vous aurez compris, si l’on évoque quatorze apôtres, c’est parce que Judas Iscariote, d’abord compté parmi les Douze, est remplacé par Matthias après la Résurrection, puis Paul de Tarse reçoit l’appel direct de Jésus-Christ pour étendre l’Évangile aux païens.

Malgré ces ajouts, le groupe apostolique reste symboliquement fixé à douze membres actifs, soulignant à la fois la continuité du message et son ouverture à toutes les nations.

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