Un demi-siècle d’espoir et de pèlerinages s’achève par une décision historique de Rome.
Pendant plus d’un demi-siècle, le petit village de Dozulé, dans le Calvados, a été au cœur d’un mystère religieux fascinant. Des milliers de fidèles y ont cru à un message venu du ciel. Aujourd’hui, le dicastère pour la Doctrine de la Foi, avec l’approbation du Pape Léon XIV, vient de trancher : les apparitions de Madeleine Aumont ne seraient pas d’origine divine. Une décision historique qui referme l’un des dossiers les plus controversés de l’Église moderne.
Un mystère qui a bouleversé des générations de croyants
Tout commence dans la cuisine d’une mère de famille normande, Madeleine Aumont. Entre 1972 et 1978, elle affirme avoir vu et entendu le Christ à 49 reprises. Selon ses récits, il lui aurait demandé d’ériger une immense « Croix Glorieuse » de 738 mètres de haut et 123 mètres de large, symbole de rédemption et promesse de salut pour ceux qui viendraient s’y repentir.
Le projet n’a jamais vu le jour, mais le message a voyagé dans le monde entier. Des répliques miniatures, appelées « Croix d’Amour », ont fleuri dans plusieurs pays. À Dozulé, les pèlerinages n’ont jamais cessé, malgré les doutes de l’Église.
Les mises en garde qui ont précédé le verdict de Léon XIV
Dès les années 1980, l’évêque Jean-Marie-Clément Badré alertait sur les dérives du phénomène : ferveur excessive, collectes incontrôlées, défiance envers l’autorité ecclésiale. Il déclarait ne discerner « aucun signe authentique de l’Esprit de Dieu » dans ces événements.
Cette position prudente s’est renforcée au fil du temps. Mgr Jacques Habert, évêque actuel de Bayeux-Lisieux, a récemment soumis à Rome un dossier complet fondé sur les nouvelles normes d’évaluation des phénomènes mystiques.
Le Vatican tranche : “les apparitions ne viennent pas du ciel”
Le cardinal Víctor Manuel Fernández, préfet du dicastère pour la Doctrine de la Foi, a signé une lettre autorisant Mgr Habert à publier un verdict attendu depuis des décennies. Approuvée par le Pape Léon XIV, la décision est claire : les apparitions de Dozulé n’ont « pas d’authentiques origines divines ».
Selon le Vatican, plusieurs messages attribués à Jésus contiennent des erreurs théologiques graves. Certains laissaient entendre qu’une croix physique serait nécessaire au salut du monde, une idée jugée incompatible avec la foi catholique, qui enseigne que le salut vient du Christ seul.
Des messages jugés contraires à la foi
La lettre cite aussi des annonces fausses, comme celle affirmant que 1975 serait « la dernière Année Sainte ». Des jubilés ont pourtant bien eu lieu depuis : 1983, 2000, 2016 et bientôt 2025.
Pour Rome, ces contradictions montrent que les phénomènes de Dozulé relèvent davantage d’une ferveur humaine que d’une intervention divine.
Un rappel ferme : la foi ne dépend pas des signes
Le dicastère met en garde contre la “sacralisation du signe” : confondre le symbole avec la foi elle-même. « La Croix n’a pas besoin de 738 mètres d’acier pour être reconnue », écrit le cardinal Fernández. Elle se manifeste dans chaque geste de pardon, dans chaque cœur qui s’ouvre à la grâce.
L’Église reconnaît la sincérité de nombreux croyants de Dozulé, tout en les invitant à revenir à l’essentiel : la conversion intérieure, non la recherche d’un miracle visible.
La page se tourne : fin du mystère à Dozulé
Avec ce verdict historique, Rome referme un chapitre qui aura marqué la vie religieuse locale pendant plus d’un demi-siècle. La “Croix Glorieuse” ne s’élèvera jamais dans le ciel normand, mais le souvenir de Madeleine Aumont continue de diviser croyants et sceptiques.
Son histoire interroge encore : comment une simple femme a-t-elle pu inspirer un mouvement mondial autour d’un message venu, selon l’Église, non pas du ciel, mais du cœur des hommes ?
Source: Article du Vatican
FAQ
Qu’a décidé le Vatican à propos de Dozulé ?
Le dicastère pour la Doctrine de la Foi conclut que les prétendues apparitions ne sont pas d’origine surnaturelle. Cette décision met fin à des décennies de débats.
Qui était Madeleine Aumont ?
Une mère de famille de Dozulé qui a affirmé avoir reçu 49 apparitions du Christ entre 1972 et 1978, assorties d’un appel à ériger une « Croix Glorieuse » monumentale.
Qu’est-ce que la « Croix Glorieuse » ?
Un projet de croix de 738 m de haut et 123 m de large, pensé comme signe visible de rédemption. Le projet n’a pas été réalisé, mais des « Croix d’Amour » plus petites ont été érigées par des fidèles.
Pourquoi l’origine surnaturelle est-elle rejetée ?
Les autorités religieuses ont relevé des erreurs doctrinales dans certains messages, l’idée d’un objet matériel nécessaire au salut et des prédictions inexactes concernant les Années Saintes.
1975 devait-elle être la dernière Année Sainte ?
Non. D’autres Jubilés ont eu lieu ensuite : 1983, 2000, 2016. Une nouvelle Année Sainte est annoncée pour 2025.
Que dit l’Église des révélations privées ?
Elles ne sont jamais obligatoires pour les fidèles. L’Église invite à recentrer la foi sur l’Évangile et la conversion intérieure plutôt que sur des signes visibles.
Les pèlerinages à Dozulé peuvent-ils continuer ?
La prière personnelle reste possible. En revanche, il n’y a pas de reconnaissance officielle d’un caractère surnaturel et les dérives autour de signes matériels sont à éviter.
Pour aller plus loin, découvrez aussi comment le pape Léon XIV a réagi face aux victimes belges d’abus, un autre dossier marquant de l’Église moderne.



