Le niqab est-il une forme d’esclavage ?

par | Mai 29, 2025 | Réflexion

Table des matières
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Le niqab, voile couvrant le visage sauf les yeux, suscite débats et incompréhensions. Entre prescriptions religieuses, choix individuels, pressions sociales et législation, il incarne une question complexe mêlant foi, identité, liberté et société. Cet article explore en profondeur les origines, les pratiques et les regards portés sur ce vêtement.

Le niqab : entre choix religieux, débats sociaux et cadre juridique

Souvent associé à la dissimulation du visage, le niqab interroge autant qu’il divise. Son usage varie selon les cultures, les interprétations religieuses et les contextes politiques, avec des implications multiples pour les femmes qui le portent.


Le niqab est un voile couvrant le visage sauf les yeux, distinct de la burqa et du hijab, et porté principalement dans certains pays du Golfe.
Le Coran ne mentionne pas explicitement le niqab. Son port découle d’interprétations jurisprudentielles issues de certaines écoles islamiques.
Les avis religieux divergent : certaines écoles l’estiment recommandé ou obligatoire, d’autres n’en font pas une exigence universelle.
De nombreuses femmes affirment porter le niqab par choix spirituel ou identitaire, indépendamment de toute contrainte extérieure.
D’autres témoignages évoquent au contraire des pressions sociales ou familiales, menant à un port non consenti du voile intégral.
Le niqab peut entraîner un isolement social ou professionnel, notamment dans les sociétés où il est minoritaire ou perçu négativement.
En France, la loi de 2010 interdit le port du niqab dans l’espace public, au nom de la sécurité et de la neutralité républicaine.
Le débat oppose souvent liberté individuelle et protection des droits fondamentaux, notamment ceux des femmes et des enfants.
Le port du niqab chez les fillettes soulève des questions éthiques sur le consentement et le développement de l’enfant.
La signification du niqab varie selon les contextes : il peut être vécu comme , selon la parole des premières concernées.

Ce qu’est le niqab ?

1. Définition du niqab : origine, usage et confusion fréquente

Le niqab est un voile porté par certaines femmes musulmanes qui couvre l’ensemble du visage à l’exception des yeux. Il se porte par-dessus un autre vêtement, généralement une abaya (robe longue) ou un jilbab. Le niqab n’est pas un vêtement unique mais une pièce qui se superpose à d’autres pour assurer une couverture maximale du corps.

Le mot vient de l’arabe naqaba, qui signifie « fendre », en référence à l’ouverture pour les yeux. Contrairement à la burqa, qui couvre aussi les yeux derrière un grillage ou un tissu semi-transparent, le niqab les laisse visibles. En revanche, il ne laisse apparaître aucune autre partie du visage.

En français, le niqab est généralement désigné comme masculin (le niqab), même si certaines personnes disent parfois la niqab, par rapprochement avec la burqa ou la voile. Le genre grammatical n’est pas fixé dans l’usage courant, mais c’est le niqab qu’on retrouve le plus souvent dans les textes officiels ou les débats publics.

2. Différences avec burqa, hijab, tchador, etc.

Il est fréquent de confondre plusieurs types de voiles, alors qu’ils ne recouvrent pas les mêmes parties du corps, ni ne portent le même sens religieux ou culturel.

  • Le hijab : c’est un voile qui couvre les cheveux, le cou et parfois les épaules, mais laisse le visage visible. C’est le plus courant dans les pays musulmans et dans la diaspora.

  • Le tchador : d’origine iranienne, il enveloppe tout le corps mais laisse le visage découvert. Il est souvent noir et tenu fermé par les mains ou une épingle.

  • La burqa : voile intégral porté principalement en Afghanistan, qui recouvre tout, y compris les yeux, derrière un grillage de tissu.

Le niqab se situe donc entre le hijab et la burqa : intégral pour le visage, mais sans dissimulation des yeux. Il est porté dans des pays comme l’Arabie saoudite, le Yémen, certaines régions du Golfe, et parfois en Occident, par choix personnel ou conviction religieuse.

femme en niqab noir qui regarde l'objectif de la caméra

Par Steve Evans de Bangalore, India — Flickr, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=386051

Le niqab dans l’islam : obligation ou choix ?

1. Ce que disent les textes religieux (Coran, hadiths)

Le Coran ne mentionne pas directement le niqab. Les versets qui concernent la tenue vestimentaire des femmes parlent plus largement de modestie. Le verset 31 de la sourate 24 (« La lumière ») demande aux croyantes de “ramener leur voile sur leur poitrine”, ce qui est souvent interprété comme une injonction à couvrir les cheveux et le cou.

Un autre verset, souvent cité, est celui de la sourate 33, verset 59 :

“Ô Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées.”

Aucun de ces versets n’impose explicitement le port du voile intégral, ni le niqab. Ce sont plutôt des interprétations secondaires, issues de la jurisprudence (fiqh), qui ont amené certaines écoles à considérer le niqab comme recommandé, voire obligatoire.

2. Les avis divergents parmi les écoles islamiques

Le monde musulman n’est pas unanime sur cette question. Les quatre grandes écoles juridiques sunnites ne donnent pas toutes la même réponse.

  • Pour les hanbalites (influence forte en Arabie saoudite), le niqab peut être considéré comme obligatoire.

  • Pour les malékites et hanafites, le visage n’a pas à être couvert, sauf cas particulier (séduction, regard insistant…).

  • L’école chaféite peut recommander le niqab dans certaines conditions, mais sans en faire une norme universelle.

De nombreux savants musulmans contemporains affirment que le port du niqab relève du choix personnel et ne doit pas être imposé, ni interprété comme un critère de piété.

3. Le poids du contexte culturel et géopolitique

Dans la réalité, le port du niqab est souvent plus lié à des usages culturels qu’à une prescription religieuse explicite. Il est courant dans certaines régions du monde arabe, en particulier dans le Golfe, mais rare dans d’autres pays musulmans, comme l’Indonésie, le Maroc ou la Turquie.

En Europe ou en Afrique de l’Ouest, certaines femmes choisissent de le porter pour manifester un engagement spirituel fort, ou comme un acte d’identité dans un contexte où elles se sentent minoritaires. D’autres y sont incitées par leur entourage, ou par des mouvements religieux prônant un islam très strict.

Ce que disent les femmes qui portent le niqab

1. Témoignages de femmes en France, en Europe et ailleurs

Dans plusieurs enquêtes et témoignages, des femmes ayant choisi de porter le niqab expriment un sentiment de cohérence intérieure. Certaines disent se sentir plus proches de Dieu, d’autres parlent de protection, de maîtrise du regard ou du désir de se distinguer du monde ambiant.
En France ou en Grande-Bretagne, ces choix sont parfois faits à contre-courant de leur entourage familial ou culturel, y compris musulman. Le port du niqab peut alors devenir un acte très personnel, motivé par une quête spirituelle ou une volonté de vivre sa foi jusqu’au bout.

D’autres femmes témoignent de reconversions récentes, où le niqab est vu comme une étape dans un cheminement intense, parfois lié à une rupture avec leur vie antérieure.

2. Voix critiques : pressions, contrôle, isolement

D’autres femmes rapportent au contraire des pressions sociales ou conjugales. Dans certains contextes familiaux ou communautaires, ne pas porter le niqab peut être mal vu, voire condamné.
Le niqab devient alors un marqueur identitaire fort, utilisé pour contrôler la place de la femme ou limiter ses interactions sociales. Certaines évoquent un isolement croissant, des difficultés à trouver un emploi, ou une vie restreinte à la sphère domestique.

Il arrive aussi que le niqab soit imposé à des jeunes filles sans qu’elles aient la liberté d’en discuter, ou présenté comme un idéal à atteindre pour être “vraiment pieuse”.

3. Voix affirmatives : spiritualité, liberté, identité

Beaucoup de femmes qui le portent rejettent l’idée d’oppression. Elles insistent sur le fait que le niqab leur permet de se réapproprier leur corps, de choisir ce qu’elles montrent, et de réduire l’impact du regard extérieur.
Certaines disent même se sentir plus libres, car elles ne sont plus jugées sur leur apparence physique. Ce choix, dans leur discours, est un geste de foi, mais aussi d’autonomie.

Dans tous les cas, ce qui ressort, c’est que le niqab n’a pas une signification unique. Il peut être soumission ou liberté, imposition ou élévation, selon le contexte et surtout, selon la parole de celles qui le portent.

Le niqab vu de l’extérieur : liberté ou soumission ?

1. Les critiques féministes, laïques ou politiques

Pour de nombreuses personnes, notamment dans les milieux féministes ou républicains, le niqab est perçu comme un symbole de domination masculine. Il serait l’aboutissement d’un système où la femme est réduite à son corps, qu’il faudrait cacher pour protéger l’ordre moral ou préserver la pudeur des hommes.

D’un point de vue laïque, le niqab pose aussi la question de la visibilité du religieux dans l’espace public, et du respect des normes de communication : dans de nombreuses cultures, montrer son visage est un signe d’ouverture et de reconnaissance mutuelle.

En France, cette lecture a conduit à l’adoption en 2010 de la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public, largement perçue comme visant le niqab.

2. Les risques de jugement rapide ou ethnocentré

Mais réduire toutes les femmes portant le niqab à des victimes passives ou à des opposantes politiques est une simplification dangereuse. Dans beaucoup de cas, le regard extérieur projette sur elles des interprétations qui ne correspondent pas à leur propre vécu.

Parler de soumission ou d’oppression sans écouter les premières concernées revient à leur retirer la parole au nom de leur “libération”. C’est un paradoxe fréquent dans les débats occidentaux, qui confond souvent autonomie et conformité à un modèle culturel dominant.

3. Le dilemme entre protection des droits et respect du choix

Faut-il interdire ce que l’on juge aliénant, ou laisser à chacun la liberté de se vêtir selon sa conscience ? Le débat n’oppose pas seulement des croyants et des non-croyants, mais deux visions de la liberté.

D’un côté, la liberté comme autonomie éclairée, qui suppose un cadre et parfois des limites. De l’autre, la liberté comme capacité à choisir pour soi-même, même à contre-courant.

Le niqab cristallise ces tensions : il oblige à se demander si l’on protège les femmes malgré elles, ou si on leur fait confiance dans leur discernement. Il interroge aussi le degré de pluralisme que nos sociétés peuvent vraiment accepter.

Peut-on parler d’esclavage ?

1. Qu’est-ce que l’esclavage moderne ?

Le mot esclavage désigne, dans son sens juridique, la privation totale de liberté, le fait d’être possédé, contrôlé ou exploité sans possibilité de choix ou de sortie. Aujourd’hui, on parle d’esclavage moderne pour désigner des situations de traite, de travail forcé, de servitude domestique ou sexuelle.

Porter un vêtement religieux, même strict, n’entre pas dans cette définition tant qu’il n’y a pas de contrainte absolue, ni de dépossession de soi. Le niqab peut être choisi, parfois souhaité, dans un cadre personnel ou spirituel. Cela ne le rend pas neutre, mais ce n’est pas mécaniquement une forme d’esclavage.

2. Le danger des amalgames

Dire que « le niqab est un esclavage » revient à poser un jugement global, sans tenir compte de la diversité des vécus. Ce genre de formule, souvent utilisée dans les débats politiques ou médiatiques, invisibilise la voix des femmes concernées et simplifie un phénomène complexe.

Certes, certaines femmes y sont forcées ou manipulées, et il faut pouvoir les soutenir. Mais d’autres l’ont choisi librement, après réflexion, parfois contre leur entourage. Confondre les deux situations empêche toute compréhension réelle.

3. La question clé : y a-t-il choix réel ou contrainte subie ?

La vraie question n’est pas de savoir si le niqab est “libre” ou “esclavagiste”, mais s’il est choisi dans un cadre qui permet réellement de choisir.
Est-ce que la femme a pu réfléchir, comparer, discuter ? Est-elle dans un environnement où d’autres options sont possibles sans sanction sociale, affective ou religieuse ?

Autrement dit, ce n’est pas le vêtement en lui-même qui dit s’il y a oppression, mais le contexte dans lequel il est porté. Et cela peut varier énormément d’un pays à l’autre, d’une famille à l’autre, d’une femme à l’autre.

Mais alors, comment se positionner ? Autoriser ou interdire le niqab

1. L’interdiction totale : pour la neutralité, mais à quel prix ?

Certains pays, comme la France, ont opté pour une interdiction du niqab dans l’espace public, au nom de la sécurité, de la visibilité réciproque, et du vivre-ensemble. Cette loi, votée en 2010, vise officiellement toute dissimulation du visage, mais concerne en réalité presque exclusivement les femmes portant le niqab.

Les défenseurs de cette position y voient une protection des femmes, un refus des symboles d’inégalité, et une affirmation du modèle républicain de laïcité. Pour eux, interdire, c’est refuser la banalisation de pratiques perçues comme contraires à la dignité.

Mais cette interdiction a aussi des effets paradoxaux : elle renforce parfois le repli, invisibilise les femmes concernées, ou les empêche de sortir. Elle peut radicaliser certaines positions ou bloquer le dialogue, en transformant une tenue en enjeu d’opposition frontale.

2. L’autorisation totale : liberté religieuse ou aveuglement ?

À l’inverse, autoriser sans limite le port du niqab est vu par certains comme un laxisme ou une naïveté face à des logiques d’idéologie religieuse ou communautaire. L’argument est que toute liberté a besoin de cadre, et qu’une société peut fixer des bornes communes à ce qu’elle considère comme acceptable dans l’espace public.

Certains pays européens laissent le port du niqab libre, sauf dans certains lieux (écoles, administrations, sécurité). D’autres l’interdisent seulement dans des contextes précis, pour des raisons pratiques (contrôle d’identité, communication).

L’approche est alors de respecter la liberté individuelle, tout en rappelant les limites collectives. Mais cela suppose une clarté dans les principes, et une capacité à dialoguer avec les personnes concernées.

3. Vers une troisième voie : discernement, écoute, cadre clair

La question du niqab ne peut pas être tranchée uniquement par des slogans ou des lois générales. Elle touche à des libertés fondamentales, à des valeurs culturelles profondes, et à la manière dont une société perçoit la place du religieux, du féminin, du collectif.

Plutôt que de tout autoriser ou tout interdire, certains proposent une approche graduée : laisser place au choix personnel, tout en prévoyant des limites dans les lieux où la communication ou la neutralité sont essentielles.

Mais surtout, cela suppose de sortir des logiques d’affrontement pour créer des espaces de parole, d’explication, de désaccord même, mais dans le respect. Le niqab devient alors non plus un test d’obéissance ou de provocation, mais un sujet de société, qu’il faut apprendre à aborder avec nuance et lucidité.

Et le niqab pour les enfants ?

1. Le cas des fillettes : une question éthique et juridique

Dans la majorité des traditions islamiques, le port du niqab n’est pas requis pour les enfants. Les obligations religieuses liées à l’habillement s’appliquent en principe à partir de la puberté, et varient selon les interprétations.

Mais dans certains contextes familiaux ou communautaires, des fillettes très jeunes sont voilées, parfois même de manière intégrale. Cela ne découle pas nécessairement d’un enseignement religieux, mais d’une volonté de les “habituer” ou de les protéger, selon les discours des adultes concernés.

Cette pratique pose plusieurs problèmes éthiques :
la question du consentement, puisque l’enfant n’a pas la maturité pour comprendre ou choisir ;
– le risque de construction identitaire contrainte ;
– l’effet sur le développement social et psychologique d’une petite fille privée du visage dans l’espace public.

2. Ce que disent les institutions

En France, la loi sur le port de signes religieux à l’école interdit toute tenue manifestant ostensiblement une appartenance religieuse, y compris chez les mineurs. En dehors de l’école, les parents ont plus de latitude, mais des cas de port du niqab par des fillettes ont suscité des alertes de la part de services sociaux ou d’enseignants, au nom du bien de l’enfant.

Dans d’autres pays, des organisations musulmanes elles-mêmes recommandent clairement de ne pas imposer de voile intégral aux enfants, en insistant sur la priorité donnée à l’éducation, à la foi libre et à la construction progressive d’une relation personnelle avec Dieu.

3. Une ligne claire : protéger la liberté de grandir

Quel que soit le point de vue sur le niqab pour les adultes, le cas des enfants appelle un principe fondamental : leur droit à grandir sans contrainte religieuse prématurée.

Cela ne signifie pas interdire tout signe religieux ou tout lien à une tradition, mais refuser que l’on enferme une identité avant qu’elle ne puisse s’exprimer. Le visage, chez l’enfant, est un lieu d’expression, de socialisation, de jeu, de confiance. Le masquer trop tôt, c’est priver l’enfant d’un outil fondamental de croissance.

Dans ce débat, la priorité n’est ni l’idéologie ni la peur, mais la protection d’une liberté fragile : celle de devenir soi-même.

Comment un Dieu « bon » pourrait-il imposer un voile ou le niqab ?

Une question légitime, pas un rejet instinctif

Beaucoup de personnes — croyantes ou non — s’interrogent : si Dieu est bon, miséricordieux, juste, pourquoi aurait-il besoin que les femmes voilent leur visage, parfois jusqu’à le dissimuler entièrement ?

Le niqab, en particulier, pose un trouble : il couvre non seulement les cheveux, mais aussi tout le visage, ne laissant apparaître que les yeux — parfois même pas. Et l’on entend que cela viendrait de Dieu.
Mais est-ce vraiment ce que Dieu demande ?

Ce que dit réellement le Coran

Il faut ici être clair : le Coran ne mentionne pas le niqab. Aucun verset n’impose le voile intégral du visage. Deux versets sont régulièrement invoqués sur la question du voile, mais ils ne parlent ni du visage, ni du niqab.

Le premier est dans la sourate 24, verset 31 :

« Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît. Qu’elles rabattent leur voile sur leur poitrine… »
(Coran 24:31)

Le deuxième dans la sourate 33, verset 59 :

« Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de ramener sur elles leurs grands voiles. Cela sera plus propre à les faire reconnaître et à éviter qu’elles soient offensées. »
(Coran 33:59)

Ces versets évoquent la pudeur, la modestie, le voile sur la poitrine — pas la disparition du visage.

Le niqab relève donc d’une interprétation postérieure, développée dans certaines écoles juridiques, dans des contextes culturels où la protection de la femme passait par son effacement visible. Il n’est pas une prescription explicite du texte coranique.

Dieu impose-t-il un vêtement, ou un esprit ?

Si l’on croit en un Dieu bon, alors il ne peut pas vouloir l’humiliation, la disparition, l’effacement d’une moitié de l’humanité. Un Dieu qui crée à son image, qui appelle à la vie et à la vérité, ne peut pas vouloir que le visage — lieu du lien, de la parole, de la présence — soit systématiquement caché.

Le voile, dans les traditions abrahamiques, a pu être signe de respect, de retrait du monde, de sacré. Mais il n’est jamais appelé à remplacer la conscience. Ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on couvre, mais ce que l’on choisit librement.

Et c’est là toute la différence.

Le danger vient-il de Dieu… ou des hommes qui parlent en son nom ?

La question n’est pas nouvelle. Depuis des siècles, des hommes ont parlé au nom de Dieu pour imposer leur vision du monde, souvent à travers le corps des femmes.
Le niqab, dans certains contextes, devient un marqueur politique, identitaire ou sexuel, détourné de toute visée spirituelle. Il devient instrument de contrôle, non pas expression de foi.

Mais ce n’est pas Dieu qui l’impose : ce sont des traditions, des idéologies, des pouvoirs religieux ou sociaux. Et ce sont souvent les femmes elles-mêmes qui le disent.

La liberté de foi ou la contrainte de l’extérieur ?

Un Dieu bon ne peut pas aimer ce qui est imposé par peur, par pression, par soumission non consentie. Il aime la liberté intérieure, la recherche sincère, la marche personnelle.
Si une femme porte le niqab par choix profond, par conviction libre, alors ce geste peut être signifiant.

Mais si elle le porte par obligation, par crainte, par devoir social, alors ce n’est plus un acte de foi — c’est une blessure faite au nom du sacré.

Conclusion : ce que Dieu veut, c’est le cœur, pas le masque

Un Dieu bon n’a pas besoin de visages effacés. Il appelle à la relation, à la vérité, à la présence. Le voile — s’il est vécu dans la paix intérieure — peut exprimer une pudeur sincère.
Mais le niqab imposé n’est pas la volonté de Dieu. Ce serait le signe d’un Dieu qui a peur du monde, ou qui divise l’humanité selon les apparences. Et ce n’est pas le Dieu de miséricorde, de lumière, de vie que beaucoup reconnaissent dans les Écritures.

Questions fréquentes sur le niqab

1. Le niqab est-il obligatoire dans l’islam ?

Non. Le niqab n’est pas une obligation dans le Coran. Aucun verset n’impose de couvrir le visage. Le Coran évoque la pudeur vestimentaire, mais les prescriptions précises viennent de certaines écoles juridiques islamiques. Plusieurs savants musulmans contemporains affirment que le niqab est une pratique culturelle, pas un pilier de la foi.

2. Quelle est la différence entre niqab, hijab et burqa ?

  • Le hijab couvre les cheveux, le cou et parfois les épaules, mais laisse le visage visible.

  • Le niqab couvre tout le visage, à l’exception des yeux.

  • La burqa (surtout présente en Afghanistan) couvre tout le corps et le visage, y compris les yeux derrière un tissu grillagé.

3. Le niqab est-il compatible avec les lois françaises ?

Non. Depuis la loi de 2010, le port du niqab est interdit dans l’espace public en France, au nom de la sécurité et de la neutralité. Cette interdiction vise toute dissimulation volontaire du visage, et s’applique notamment au voile intégral.

4. Pourquoi certaines femmes choisissent-elles de porter le niqab ?

Certaines femmes disent porter le niqab par conviction religieuse personnelle, pour se rapprocher de Dieu ou exprimer une pudeur choisie. D’autres le perçoivent comme un acte identitaire, ou un geste spirituel fort, surtout dans des sociétés où elles se sentent minoritaires.

5. Est-ce que le niqab est un signe d’oppression ?

Tout dépend du contexte. Le niqab peut être choisi librement dans certains cas, mais aussi imposé par des pressions familiales, culturelles ou idéologiques. Il ne faut pas généraliser : certaines femmes témoignent d’un sentiment de liberté, d’autres d’un sentiment d’effacement ou de contrainte.

6. À quel âge une fille peut-elle porter le niqab ?

Dans l’islam, les obligations vestimentaires concernent en principe les femmes pubères. Imposer un niqab à une fillette n’est ni une norme coranique, ni une pratique universellement acceptée. Beaucoup d’autorités religieuses déconseillent fortement le voile intégral pour les enfants.

7. Peut-on être musulmane pratiquante sans porter le niqab ?

Oui. La grande majorité des femmes musulmanes pratiquantes ne portent pas le niqab. La pratique religieuse se fonde d’abord sur la foi, la prière, l’intention sincère, non sur un vêtement particulier. Le niqab n’est ni un pilier de l’islam, ni une preuve de piété supérieure.

8. Le niqab est-il un obstacle à l’intégration sociale ?

Il peut l’être, selon les contextes. En France ou dans d’autres pays européens, le niqab est souvent perçu comme un frein à la communication, à la reconnaissance mutuelle, voire à l’emploi ou à la vie citoyenne. C’est aussi pour cela qu’il suscite autant de débats.

Discrimination, racisme ou rejet : vers qui se tourner ?

Dans les débats autour du niqab, du voile ou de la liberté religieuse, il arrive que certaines personnes soient confrontées à des jugements, du harcèlement ou des exclusions. Que vous soyez croyant ou non, musulman ou non, il est important de savoir quels services contacter en cas de discrimination.

En France

Le Défenseur des droits est l’organisme public chargé de recueillir les plaintes pour discrimination. Vous pouvez les contacter via leur plateforme ou par téléphone au 3928 (appel non surtaxé, du lundi au vendredi de 9h à 18h).

L’association SOS Racisme accompagne les victimes dans leurs démarches juridiques et mène des actions de sensibilisation en milieu scolaire et professionnel.

Pour les actes ou propos à caractère islamophobe, l’ADDAM (Association de Défense contre les Discriminations et les Actes Antimusulmans) propose un formulaire de signalement, ainsi qu’un appui juridique et médiatique.

La DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT) publie également des ressources et coordonne des actions de terrain contre les discriminations.

En Belgique

En Belgique, Unia est l’institution publique compétente pour les questions de discrimination, quel que soit le motif (origine, conviction religieuse, handicap, etc.). Il est possible de déposer un signalement via leur formulaire en ligne ou d’appeler leur ligne gratuite au 0800 12 800.

Le MRAX (Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie) offre un accompagnement juridique et organise des campagnes de sensibilisation dans tout le pays.

Le Collectif contre l’islamophobie en Belgique (CIIB) permet de déclarer anonymement un acte islamophobe et informe sur les voies de recours disponibles.

Au Québec

La CDPDJ (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse) est l’organisme de référence pour toute plainte liée à une discrimination ou un harcèlement fondé sur la religion, la couleur, le sexe ou l’origine.

La Ville de Montréal a créé un bureau spécifique dédié à la lutte contre le racisme et les discriminations systémiques, particulièrement utile pour les démarches locales.

Le Gouvernement du Canada met également à disposition un guide clair et pédagogique pour mieux comprendre et combattre l’islamophobie.

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