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Toasts au Diable et meurtres : l’histoire vraie et terrifiante du « pire Pape » de la Chrétienté

Par Philippe Loneux |
Illustration d'ambiance médiévale sombre montrant un bureau encombré de parchemins, d'un calice et d'une tiare papale, avec une silhouette encapuchonnée en arrière-plan et le texte "LE PAPE MAUDIT" au premier plan.

Quand on pense à la papauté, on imagine généralement un vieil homme sage, vêtu de blanc, prêchant la paix depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre. Pourtant, l’histoire du Vatican recèle des chapitres sombres, des périodes où la réalité dépassait la fiction la plus scandaleuse. Si les Borgia, et notamment Alexandre VI, sont souvent cités pour leur corruption, il existe un souverain pontife qui a repoussé les limites de l’indécence bien plus loin. Son nom ? Jean XII. Son règne, au cœur du Xème siècle, reste une tache indélébile que l’Église a mis des siècles à tenter d’effacer.

Un adolescent sur le trône de Saint-Pierre

Pour comprendre comment la situation a pu dégénérer à ce point, il faut se replonger dans le contexte politique violent de l’Italie médiévale. En 955, le jeune Octavien, fils du puissant prince Albéric II de Spoleto, est propulsé à la tête de l’Église catholique. Ce qui choque d’emblée, c’est son âge. Il n’a que 18 ans.

Il ne possède aucune vocation religieuse, aucune formation théologique sérieuse. Il est là uniquement pour consolider le pouvoir de sa famille sur Rome. En prenant le nom de Jean XII, il devient l’un des plus jeunes papes de l’histoire, mais il ne change pas ses habitudes de jeune aristocrate débauché. Dès son intronisation, il fait comprendre à son entourage que les prières et les messes l’ennuient profondément. Ce qu’il aime, c’est la chasse, le jeu, le vin et les femmes. Beaucoup de femmes.

Le palais du Latran transformé en maison de passe

Ce qui s’est passé ensuite dépasse l’entendement. Sous son règne, le palais du Latran, résidence officielle des papes avant le Vatican, change radicalement d’ambiance. Les chroniqueurs de l’époque, pourtant habitués à une certaine rudesse des mœurs, sont horrifiés. Selon Liutprand de Crémone, un historien contemporain, Jean XII a littéralement transformé la demeure papale en bordel.

Les pèlerins, et particulièrement les femmes, n’osaient plus se rendre à l’église de peur d’être agressées par le Saint-Père lui-même. On raconte qu’il offrait des calices d’or sacré à ses maîtresses en guise de cadeaux. Il ne s’agit pas ici de simples rumeurs de couloirs : l’immoralité du pontife était publique. Il vivait sans aucune retenue, puisant dans les caisses de l’Église pour financer des fêtes somptueuses où l’alcool coulait à flots.

Une liste d’accusations à donner le vertige

La situation devient si critique que l’empereur du Saint-Empire, Otton Ier, pourtant allié politique du pape au départ, décide d’intervenir. En 963, il convoque un synode pour juger le pontife. La liste des chefs d’accusation lus lors de cette assemblée est tout simplement terrifiante et donne une idée précise du personnage.

Les évêques présents accusent Jean XII de crimes capitaux et de péchés mortels. Parmi les témoignages, on affirme qu’il a ordonné un diacre dans une écurie, au milieu des chevaux, par pur mépris du sacrement. Plus grave encore, il est accusé d’homicide. Il aurait fait castrer un cardinal, qui serait mort des suites de ses blessures, et aurait fait crever les yeux à son propre confesseur.

Mais c’est sur le plan spirituel que les accusations sont les plus troublantes. Des témoins jurent l’avoir entendu invoquer des divinités païennes comme Jupiter et Vénus lors de parties de dés. Lors d’un banquet particulièrement arrosé, il aurait même porté un toast à la santé du Diable.

Une fin digne d’un scénario de film d’horreur

Face à la pression impériale, Jean XII est brièvement déposé, mais il parvient à reprendre Rome par la force dès le départ des armées d’Otton Ier, se vengeant cruellement de ses opposants par des mutilations barbares. Cependant, son retour aux affaires sera de courte durée.

La mort de ce pape, survenue en 964, est à l’image de sa vie : brutale et scandaleuse. Il ne meurt pas dans son lit entouré de prêtres en prière. Selon la légende la plus tenace, et relayée par les textes de l’époque, Jean XII aurait succombé en plein acte d’adultère.

Deux versions s’affrontent sur les détails. La première veut qu’il ait été victime d’une attaque cérébrale foudroyante, ce que les gens du peuple ont immédiatement interprété comme le « marteau du Diable » venant réclamer son âme. La seconde version, plus terre-à-terre mais tout aussi violente, suggère qu’il a été surpris au lit avec une femme mariée, nommée Stefanetta, et que le mari cocu, furieux, l’aurait roué de coups de marteau ou défenestré.

Il avait 27 ans. Son règne marque l’apogée de ce que les historiens ont appelé la « Pornocratie pontificale », une période sombre où la tiare papale se vendait et s’achetait, et où le vice régnait en maître sur la ville éternelle.

Si l’Église a connu d’autres papes controversés, aucun n’a réussi à combiner avec autant d’ardeur la violence, le sacrilège et la luxure que Jean XII, celui qui reste, encore aujourd’hui, le candidat le plus sérieux au titre de pire pape de l’Histoire.

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FAQ : Jean XII, le « Pape Maudit »

1. Pourquoi Jean XII est-il considéré comme l’un des pires papes de l’Histoire ?

Contrairement à l’image traditionnelle de sagesse associée à la papauté, Jean XII a marqué l’histoire par une conduite scandaleuse qui a repoussé les limites de l’indécence, surpassant même la réputation des Borgia. Sans vocation religieuse, il préférait la chasse, le jeu, le vin et les femmes aux devoirs de sa charge, transformant son règne en une période sombre de corruption et de violence.

2. Comment un adolescent de 18 ans a-t-il pu devenir pape ?

Au Xe siècle, le contexte politique italien était extrêmement violent. Jean XII, né Octavien, était le fils du puissant prince Albéric II de Spoleto. Son accession au trône de Saint-Pierre en 955, à l’âge de 18 ans seulement, était une manœuvre purement politique destinée à consolider le pouvoir de sa famille sur Rome.

3. Quelles sont les accusations les plus choquantes portées contre lui ?

Les chroniques de l’époque et le synode convoqué par l’empereur Otton Ier en 963 rapportent des faits terrifiants. Il est accusé d’avoir transformé le palais du Latran en lieu de débauche, d’avoir offert des calices sacrés à ses maîtresses, mais aussi de crimes violents : il aurait fait castrer un cardinal (qui en est mort) et aveugler son confesseur. Sur le plan spirituel, il aurait ordonné un diacre dans une écurie.

4. Est-il vrai que le pape Jean XII a porté un toast au Diable ?

Oui, c’est une accusation portée contre lui lors du synode de 963. Des témoins ont juré l’avoir entendu invoquer des divinités païennes comme Jupiter et Vénus lors de parties de dés, et avoir porté un toast à la santé du Diable lors d’un banquet très arrosé.

5. Qu’est-ce que la « Pornocratie pontificale » ?

C’est le terme utilisé par les historiens pour désigner une période sombre du Xe siècle durant laquelle la papauté était sous l’influence de familles aristocratiques corrompues, où la tiare papale s’achetait et où le vice régnait à Rome. Le règne de Jean XII est considéré comme l’apogée de cette période.

6. Comment est mort le pape Jean XII ?

Sa mort en 964, à l’âge de 27 ans, fut aussi brutale que sa vie. La légende la plus tenace raconte qu’il est mort en plein acte d’adultère. Certaines versions parlent d’une attaque cérébrale foudroyante (le « marteau du Diable »), tandis que d’autres suggèrent qu’il a été surpris au lit avec une femme mariée, Stefanetta, et tué à coups de marteau ou défenestré par le mari furieux.

À propos de l’auteur Chroniqueur spécialisé en histoire des croyances et symbolisme, explore les frontières du visible. Il décrypte aussi bien les traditions religieuses que les phénomènes ésotériques et les grands mystères, en cherchant toujours le sens caché sous le prisme de l’analyse historique.
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