Avant d’être des images familières, la croix et le poisson ont traversé les siècles comme des signes de foi, de résistance et d’espérance. L’un s’est imposé lentement, chargé de douleur puis de salut. L’autre, discret mais puissant, a uni les premiers chrétiens dans la clandestinité. À travers cet article, découvrez comment ces deux symboles, si différents en apparence, racontent ensemble l’essentiel du message chrétien.
Symboles chrétiens : croix et poisson, une histoire de foi et de transmission
Ce bref condensé vous permet de découvrir les grandes lignes de l’histoire et de la signification des deux symboles fondateurs du christianisme : la croix et le poisson.
Croix et Poisson, deux symboles chrétiens
1. Deux symboles différents, mais nés du même souffle
Quand on pense aux symboles du christianisme, la croix vient presque toujours en premier. Pourtant, elle n’a pas été le seul ni le premier signe de reconnaissance des chrétiens. Le poisson l’a précédée, souvent inscrit discrètement sur une pierre, gravé sur un mur ou dessiné sur le sable.
Ce sont deux images très différentes. L’une évoque la mort, le supplice, mais aussi le don et la résurrection. L’autre parle d’eau, de nourriture, de vie. Et pourtant, ces deux symboles sont nés d’un même mouvement : celui d’une foi qui cherche à dire, sans toujours pouvoir parler.
Ils sont apparus dans un contexte de persécution. À cette époque, les chrétiens ne pouvaient pas s’afficher comme tels. Il fallait des signes simples, chargés de sens, mais discrets. Des signes qui parlent à ceux qui savent, mais que d’autres ne comprennent pas. C’est ainsi que la croix et le poisson ont pris leur place, chacun à leur manière.
2. La croix : de l’instrument de supplice au signe de salut
Dans l’Empire romain, la croix était le pire des châtiments. On y clouait les condamnés, nus, exposés à la honte, à la souffrance, à l’abandon. Pour les premiers chrétiens, dire que leur Messie avait été crucifié, ce n’était pas une fierté, c’était une folie.
Mais peu à peu, cette croix est devenue autre chose. Elle a été relue à la lumière de la résurrection. Ce qui était un signe de défaite a été compris comme un chemin de vie. Ce renversement est au cœur de la foi chrétienne : Dieu rejoint l’humanité jusque dans l’abaissement, et c’est là qu’il se révèle.
C’est ce qui explique pourquoi la croix a fini par être représentée, portée, vénérée. Pas comme un simple souvenir douloureux, mais comme le résumé d’un amour qui va jusqu’au bout.
3. Le poisson : un mot codé devenu image de confiance
Le mot grec pour poisson se dit ichthus. Et ce mot a été utilisé comme un acronyme, chaque lettre correspondant à une expression de foi : « Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur ». Ce n’est donc pas juste un dessin. C’est une manière d’affirmer une conviction, sous une forme que seuls les initiés reconnaissent.
Le poisson renvoie aussi à plusieurs épisodes des Évangiles. Jésus appelle ses disciples à devenir « pêcheurs d’hommes », il multiplie les poissons pour nourrir la foule, et après sa résurrection, il partage un repas de poisson avec eux. Ce n’est pas un hasard si ce symbole a été choisi. Il est lié à des gestes simples, concrets, familiers, mais porteurs d’un sens profond.
On le trouve dans les catacombes, dans les premiers graffitis chrétiens, parfois même gravé sur une bague ou une lampe à huile. C’était un moyen d’exprimer sa foi sans mot, dans un climat de discrétion, voire de danger.
Quand un simple poisson cachait toute une foi
Dans les premiers siècles, vivre sa foi chrétienne pouvait coûter la vie. Pour rester unis sans se faire repérer, les croyants ont inventé des signes simples, mais puissants. Le poisson, ou ichtus, en faisait partie.
Une scène souvent racontée illustre bien cet usage : lorsqu’un chrétien croisait quelqu’un qu’il pensait être croyant, il traçait un demi-poisson sur le sol. Si l’autre complétait le dessin, cela confirmait leur foi commune. Un geste discret, mais lourd de sens.
On retrouve aussi le symbole du poisson dans les catacombes romaines, là où les premiers chrétiens enterraient leurs morts et se rassemblaient en secret. Ces fresques gravées dans la pierre témoignent encore aujourd’hui d’un attachement profond, vécu dans la clandestinité.
Ce petit symbole, facile à tracer et difficile à repérer pour les autorités, est devenu un code silencieux qui exprimait à la fois l’identité, la confiance et l’espérance.
Le mot « ichtus » vient du grec ancien ἰχθύς (ichthys), qui signifie poisson. Mais au-delà de sa simple signification, il est chargé d’un sens symbolique très fort pour les premiers chrétiens.
Au début du christianisme, alors que les persécutions rendaient la foi dangereuse à afficher, les croyants utilisaient ce mot comme un signe de reconnaissance discret. Chaque lettre du mot grec ἰχθύς formait un acronyme :
Ι (Iota) pour Iêsous — Jésus
Χ (Chi) pour Christos — Christ
Θ (Thêou) pour Theou — de Dieu
Υ (Upsilon) pour Huios — Fils
Σ (Sigma) pour Sôtêr — Sauveur
En résumé, ἰχθύς veut dire : Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur.

Comment la croix s’est imposée dans le christianisme
1. Une image d’abord absente, puis revendiquée
Durant les premiers siècles, les chrétiens n’utilisaient presque jamais la croix dans leurs représentations. Cela peut surprendre. Mais il faut se rappeler qu’à cette époque, la croix était avant tout un instrument de mort, un symbole de honte. Il n’était pas évident de l’afficher comme signe de foi.
Les premières représentations de la crucifixion n’apparaissent qu’assez tard, souvent de façon symbolique ou détournée. Par exemple, un berger portant une brebis sur ses épaules, ou un simple arbre, pouvaient suggérer la croix sans la montrer. Il fallait du temps pour apprivoiser ce signe.
C’est au IVe siècle, après la conversion de l’empereur Constantin, que la croix s’impose peu à peu comme symbole officiel. Elle passe du statut d’image subie à celui de signe assumé. Les églises se parent de croix, les chrétiens commencent à la tracer sur eux, à la porter autour du cou ou sur leurs vêtements. Ce geste quotidien devient une manière de se rappeler que la foi chrétienne repose sur une vie donnée, et non sur une victoire politique ou guerrière.
2. Une croix qui prend différentes formes au fil des siècles
La croix n’a pas toujours été représentée de la même manière. On connaît la croix latine, la plus répandue, mais d’autres formes ont existé : la croix grecque (à branches égales), la croix de saint André (en X), la croix celtique (entourée d’un cercle), ou encore la croix orthodoxe à trois branches.
Ces variantes ont souvent une signification propre, liée à une culture, une tradition locale ou une spiritualité particulière. Ce n’est pas juste une affaire de forme. C’est une manière de dire que la croix s’enracine dans des contextes concrets, qu’elle prend chair dans des histoires humaines diverses.
Chaque communauté chrétienne s’est approprié ce symbole à sa manière. Certaines ont mis l’accent sur la souffrance du Christ, d’autres sur sa gloire. Il suffit de regarder une crucifixion médiévale et une croix byzantine pour mesurer cette diversité. Le message reste le même, mais le regard peut changer.
Le poisson dans la Bible et la tradition chrétienne
1. Une image simple, mais très parlante
Le poisson n’a pas besoin d’être expliqué longuement pour évoquer quelque chose de familier. Il traverse les Évangiles à des moments-clés : la pêche miraculeuse, le repas sur le rivage après la résurrection, la multiplication des pains et des poissons… Ce n’est jamais un simple décor.
Dans l’Évangile selon Matthieu, Jésus appelle ses premiers disciples avec cette parole : « Venez, je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Ce n’est pas une métaphore choisie au hasard. Ces hommes étaient pêcheurs de métier. Jésus parle leur langue. Et ce qu’il propose n’est pas de changer de vie de façon abstraite, mais de transformer ce qu’ils connaissent déjà.
2. Un symbole discret pour des temps troublés
Les premières communautés chrétiennes vivaient souvent dans un climat d’insécurité, voire de persécution. Il fallait se reconnaître sans se trahir. Le mot grec « Ichthus » (ἰχθύς), qui signifie « poisson », devient un moyen simple de le faire.
Chaque lettre de ce mot résume une affirmation de foi : Iēsous Christos Theou Huios Sōtēr — Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur. Tracer un poisson sur le sol, ou en porter un gravé, c’était donc dire beaucoup en peu de signes.
Ce symbole a circulé discrètement dans les catacombes, sur des bagues, des fresques, des lampes à huile. Il renvoyait à une identité commune, fragile mais tenace, à une foi vécue dans le secret, souvent dans la peur, mais toujours partagée.
3. Une trace visible dans l’art et la piété
Dans les premiers siècles, le poisson est souvent représenté seul, ou associé à un panier de pains. Parfois, il est dessiné au milieu de l’eau, ou encore porté sur les épaules par un pêcheur. Ces images disent beaucoup de la manière dont les chrétiens voyaient leur mission : vivre de l’Évangile, nourrir les autres, jeter les filets au large sans tout maîtriser.
Aujourd’hui encore, ce symbole subsiste, notamment dans certaines traditions protestantes ou dans des communautés qui souhaitent garder une forme de sobriété. On le voit aussi sur les voitures, dans certains bijoux ou objets religieux. Ce n’est pas toujours très visible, mais il est là, comme une empreinte discrète laissée par les premiers croyants.
Quand la croix et le poisson se rencontrent
1. Deux symboles venus d’horizons différents
La croix et le poisson ne naissent pas dans le même contexte. Le poisson est discret, symbolique, presque codé. La croix, au contraire, est brutale, publique, liée à la souffrance et à l’humiliation. Il a fallu du temps pour que les chrétiens acceptent d’en faire un emblème.
Au départ, la croix rappelait la manière atroce dont Jésus avait été exécuté. Ce n’était pas un motif de fierté. C’est la résurrection, la reconnaissance que la mort n’a pas eu le dernier mot, qui a permis de transformer ce signe de supplice en un signe d’espérance.
2. Une complémentarité qui s’est construite avec le temps
Dans les premiers siècles, on trouve beaucoup plus de poissons que de croix dans l’iconographie chrétienne. C’est seulement à partir du IVe siècle, après la conversion de Constantin et la fin des persécutions, que la croix commence à apparaître plus largement.
Petit à petit, les deux symboles se côtoient. Le poisson continue d’évoquer l’enseignement de Jésus, sa proximité avec les plus simples, son appel à rejoindre les autres. La croix, elle, rappelle le don total, le passage par la souffrance, mais aussi la vie plus forte que la mort.
Ces deux signes racontent ensemble l’ensemble du message chrétien : une parole qui nourrit, une vie donnée, une résurrection promise.
3. Des usages différents, des racines communes
Dans certaines traditions chrétiennes, le poisson est encore préféré à la croix pour marquer une présence chrétienne sans ostentation. On le retrouve sur des logos, des documents, des pendentifs sobres. Il dit une foi tranquille, enracinée, parfois vécue dans des contextes discrets.
La croix, quant à elle, s’est imposée comme le symbole central du christianisme. Elle est au cœur des liturgies, des églises, des vêtements liturgiques. Mais elle reste toujours reliée à l’histoire du Christ — elle ne prend sens qu’en lien avec ce qu’il a vécu, ce qu’il a offert.
Le symbole de la croix : entre foi et culture
1. Présente partout, mais pas toujours pour les mêmes raisons
On peut voir des croix dans les églises, bien sûr, mais aussi dans les cimetières, autour du cou de certains passants, sur des drapeaux, dans des clips ou imprimées sur des vêtements. Ce symbole a quitté depuis longtemps le seul domaine religieux. Il fait partie du paysage.
Cela ne veut pas dire qu’il a perdu tout sens. Pour beaucoup, porter une croix, c’est encore une manière discrète de se souvenir d’un proche, d’exprimer sa foi, ou simplement de garder une présence de Dieu près de soi. Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde.
Certains y voient un simple motif graphique. D’autres s’en emparent pour des raisons culturelles, artistiques, voire commerciales. Il arrive aussi que la croix soit contestée, surtout quand elle apparaît dans des lieux publics ou dans des contextes politiques.
2. Une portée toujours spirituelle pour les croyants
Dans la tradition chrétienne, la croix garde toute sa place. Elle est le signe de l’amour qui va jusqu’au bout, du pardon offert, du salut reçu sans mérite. Elle est au centre des célébrations, notamment pendant la Semaine Sainte et le Vendredi Saint.
Elle peut aussi être un appui dans la prière personnelle. Beaucoup de croyants la touchent, la dessinent, l’embrassent dans un geste simple et profond. Elle les relie à Jésus dans les moments de joie comme dans les épreuves.
On en retrouve aussi dans les maisons, au-dessus des lits, dans les hôpitaux, ou sur les routes de campagne. Ce n’est pas un porte-bonheur. C’est un rappel. Celui d’une présence, d’un passage, d’un mystère qui traverse la vie humaine.
Le poisson et la croix : réunis pour une même espérance
1. Deux symboles, deux époques
Le poisson a été le premier. Utilisé dès les débuts du christianisme, il était discret, facile à tracer, compréhensible entre initiés. Il permettait de se reconnaître dans un monde où la foi chrétienne était parfois dangereuse à afficher. Il disait l’essentiel sans mots : qui est Jésus, et ce que les croyants espéraient de Lui.
La croix est venue un peu plus tard, quand l’histoire a changé. Elle a été d’abord insupportable, car liée à la violence de la crucifixion. Puis, peu à peu, elle est devenue un signe d’espérance, parce que Jésus n’est pas resté au tombeau. Elle a pris de l’ampleur au point de devenir, avec le temps, le symbole principal du christianisme.
2. Deux langages pour une même foi
Le poisson parle de discrétion, de nourriture, de mission. Il évoque les premières rencontres, les appels au bord du lac, les multiplications inattendues. La croix, elle, parle d’engagement, de passage, de don total. Elle fait mémoire du sacrifice, mais aussi de la vie rendue possible.
Ces deux symboles ne se concurrencent pas. Ils se répondent. L’un rappelle les débuts, l’autre la suite. L’un invite, l’autre accompagne. Certains les associent encore aujourd’hui, sur un bijou ou un vitrail, comme deux manières de dire la même chose : la foi peut être transmise dans les signes les plus simples.
Pour aller plus loin avec les symboles chrétiens
Si vous souhaitez explorer davantage la signification du symbole du poisson dans le christianisme, l’article de Sanctis offre une perspective intéressante sur son origine et son utilisation par les premiers chrétiens.
Pour une analyse plus détaillée, l’article de DLAM examine comment le poisson est devenu un symbole secret pour les chrétiens persécutés, en expliquant son acrostiche grec et son rôle dans la reconnaissance entre croyants.
Concernant la croix, le site Croix Précieuse retrace l’histoire de ce symbole, depuis ses origines jusqu’à son adoption comme emblème central du christianisme, en mettant en lumière son évolution au fil des siècles.
Pour une perspective plus académique, le document PDF proposé par la Conférence des évêques de France explore les différentes utilisations et significations de la croix dans la tradition chrétienne, en lien avec la liturgie et la catéchèse.
Enfin, pour une approche plus visuelle, la vidéo de KTO TV répond à la question de savoir qui a choisi la croix comme symbole chrétien, en offrant des explications historiques et théologiques accessibles à tous.
FAQ sur la croix chrétienne et le symbole du poisson
1. Pourquoi le poisson a-t-il été préféré à la croix dans les premiers siècles du christianisme ?
Durant les trois premiers siècles, les chrétiens vivaient souvent dans la clandestinité. Afficher une croix, associée à une exécution infamante, aurait été dangereux et difficile à assumer publiquement. Le poisson, en revanche, était discret, facile à tracer et portait un sens spirituel profond sans attirer l’attention. Son usage était à la fois pratique et symbolique.
2. Le symbole du poisson existe-t-il dans d’autres cultures religieuses ?
Oui, on retrouve des représentations de poissons dans plusieurs traditions, notamment dans certaines religions mésopotamiennes, dans l’hindouisme ou encore dans des cultes gréco-romains. Mais dans le christianisme, il acquiert une signification théologique unique liée à Jésus et à l’annonce de l’Évangile. Ce n’est pas simplement un signe de fécondité ou de vie, c’est une confession de foi.
3. À partir de quand la croix est-elle devenue omniprésente dans les églises ?
C’est au IVe siècle, après la conversion de l’empereur Constantin et l’édit de Milan (313), que la croix a commencé à être exposée dans les lieux de culte. Elle est ensuite devenue un motif architectural, liturgique, puis un objet de dévotion personnelle. Avant cela, les représentations étaient plus symboliques (poisson, ancre, berger) ou centrées sur la résurrection.
4. Y a-t-il eu des résistances à faire de la croix un symbole chrétien ?
Oui. Certains chrétiens des premiers siècles avaient du mal à accepter un objet d’exécution comme signe de salut. La croix évoquait la torture, l’humiliation. Il a fallu du temps, et une relecture de la mort de Jésus à la lumière de la résurrection, pour que la croix soit vue non plus comme un échec, mais comme le signe d’un amour qui va jusqu’au bout.
5. Existe-t-il des formes différentes de croix dans les diverses traditions chrétiennes ?
Tout à fait. Il existe de nombreuses variantes : la croix latine, la croix grecque, la croix celtique, la croix orthodoxe à double traverse, la croix de Saint-André… Chaque forme peut porter une histoire, une théologie ou un enracinement culturel particulier. Dans l’Église orientale, par exemple, les représentations de la croix sont souvent plus narratives, intégrant des éléments iconographiques précis.
Vidéo: Pourquoi le poisson est-il le symbole des chrétiens?
Le contenu de la vidéo se concentre sur l’histoire et la signification du symbole du poisson dans le christianisme. Utilisé dès le premier siècle comme signe de ralliement secret parmi les chrétiens persécutés sous l’Empire romain, le poisson symbolise « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur », selon un acrostiche basé sur le mot grec « ictis ». L’épisode explique également l’importance du poisson dans les récits du Nouveau Testament, notamment les miracles de la pêche et la présence fréquente du poisson comme thème dans les enseignements de Jésus. Le symbole persiste dans les traditions chrétiennes modernes, y compris les festivités de Pâques et les origines du poisson d’avril, qui remontent à un changement de la date du nouvel an en France au 16e siècle