Cet article propose une analyse critique à visée spirituelle et théologique. Il ne remet pas en cause les intentions personnelles de Greta Thunberg, ni sa liberté d’expression, et ne prétend pas juger sa personne.
Figure emblématique de la lutte contre le réchauffement climatique, Greta Thunberg cristallise espoirs, débats et critiques. Loin de se réduire à un simple engagement écologique, son parcours révèle une construction médiatique et morale complexe, perçue ici à la lumière d’une lecture chrétienne de l’écologie.
Actualité – Greta Thunberg s’engage pour Gaza aux côtés de Rima Hassan
Le 1er juin 2025, Greta Thunberg participera à une mission maritime à destination de la bande de Gaza, en compagnie de l’eurodéputée Rima Hassan. Leur objectif : rejoindre le littoral gazaoui à bord du navire humanitaire Madleen, dans le cadre d’une action portée par la Coalition de la Flottille de la Liberté.
Cette initiative vise à dénoncer le blocus israélien toujours en vigueur et à attirer l’attention sur la situation humanitaire. Les organisateurs parlent ouvertement de génocide en cours, une formulation qui suscite à la fois soutien et controverses.
L’annonce a été faite par Rima Hassan et confirmée par plusieurs médias, notamment dans un article publié sur BFMTV. Il s’agira de la première participation officielle de Greta Thunberg à une mission humanitaire en zone de conflit.
Connue pour son engagement en faveur du climat, la jeune militante suédoise élargit ainsi son champ d’action. Ce choix soulève des questions sur l’évolution de son positionnement public : de porte-parole de la jeunesse écologiste à figure plus globale de l’engagement politique.
Cette opération, hautement symbolique, illustre aussi la manière dont certaines causes environnementales, sociales et géopolitiques s'entremêlent dans les grandes figures médiatiques d'aujourd’hui.
L'eurodéputée Rima Hassan annonce se rendre à Gaza en bateau avec Greta Thunberg pour "dénoncer le génocide"https://t.co/6gjJNG9fhM pic.twitter.com/YUb34l5mGR
— BFMTV (@BFMTV) May 29, 2025
Les clés pour comprendre le phénomène Greta Thunberg et ses limites dans une perspective chrétienne
Le parcours de Greta Thunberg dépasse la mobilisation climatique. Il incarne une quête morale et médiatique qui interroge la place de l’homme, de la nature et de la transcendance dans notre époque. Voici les éléments essentiels à retenir.
Greta Thunberg : de militante à figure morale mondiale
1. Une adolescente devenue icône écologique
En 2018, Greta Thunberg s’installe seule devant le Parlement suédois, une pancarte à la main. Elle a 15 ans. Son geste — une grève scolaire pour le climat — semble d’abord marginal. Mais l’image fait rapidement le tour du monde. En quelques semaines, ce face-à-face entre une enfant et les institutions donne naissance à un mouvement mondial : Fridays for Future.
Le symbole est fort. Une adolescente fragile qui interpelle les puissants, la jeunesse qui exige des comptes, la sincérité face aux compromis. Greta incarne tout cela d’un seul regard. Elle parle peu, mais ses mots frappent. Elle est écoutée à Davos, à l’ONU, dans les grandes enceintes politiques. Son nom devient une bannière mondiale, ses discours des slogans.
Mais ce succès ne repose pas uniquement sur la force de son message. Il répond à un besoin profond de notre époque : celui de croire encore à une forme de pureté morale. Dans un monde saturé de conflits d’intérêts, Greta Thunberg incarne, pour beaucoup, une parole sans calcul, une présence intransigeante et désintéressée. Elle ne revendique rien pour elle-même, et cela suffit à la transformer en conscience collective.
Son ascension rapide dit quelque chose de notre époque. Elle coïncide avec un effondrement des repères traditionnels, une quête de sens à laquelle son image vient répondre. Son visage devient celui d’une attente spirituelle déplacée dans le champ politique.
2. Un succès médiatique porté par un système structuré
Derrière cette ascension fulgurante se trouve un écosystème médiatique et militant bien organisé. ONG, réseaux sociaux, médias engagés : tous amplifient la visibilité de Greta dès les premières semaines. Ses interventions sont diffusées avec soin, traduites, scénarisées. Son image est protégée comme celle d’une personnalité publique stratégique.
Des structures comme Greenpeace ou 350.org soutiennent activement ses prises de position. Des figures médiatiques s’associent à elle. Son message écologique radical est repris sans nuance, souvent sans contradiction. Dans un contexte avide d’émotions et de récits simples, les médias construisent un personnage : non plus seulement une militante, mais une figure héroïque.
Ce mécanisme ne remet pas en question sa sincérité personnelle. Mais il révèle une dynamique bien connue : celle qui transforme une personne en symbole mobilisateur. Greta Thunberg devient une figure construite pour l’époque, incarnation parfaite d’une urgence morale aisément relayable.
Pour une lecture chrétienne, cela pose question. Quand une voix humaine devient un repère moral absolu, sans lien avec une transcendance, on entre dans une forme de sacralisation politique. Une société en quête de repères peut transformer un engagement juste en une quasi-religion séculière, où la vérité n’est plus liée à Dieu, mais à la puissance médiatique du moment.
Une écologie radicale aux accents religieux
1. Les fondements d’un nouveau catéchisme écologique
Le discours porté par Greta Thunberg dépasse la simple alerte climatique. Il s’apparente de plus en plus à un système moral complet, presque religieux, avec ses dogmes, ses interdits, ses injonctions. Pour beaucoup, cette écologie radicale devient une grille de lecture du monde. Un catéchisme laïque, rigoureux et sans appel.
Les éléments sont bien là :
– Un péché originel, identifié dans la révolution industrielle, le capitalisme, ou l’exploitation de la nature ;
– Une faute permanente : consommer, produire, se déplacer, émettre du CO₂ ;
– Un salut terrestre promis par la sobriété, la décroissance, le végétalisme ;
– Une conversion écologique jugée urgente et nécessaire, sans place pour la nuance.
Ce récit fonctionne comme une nouvelle religion sans Dieu. Il propose une morale cohérente dans un monde déboussolé. Mais il n’admet ni doute, ni pardon. Ceux qui questionnent ou temporisent sont exclus du cercle des « éveillés ». Il y aurait d’un côté les « justes » qui agissent, de l’autre les « criminels climatiques ». Cette vision binaire de l’engagement écologique est séduisante pour une génération en quête de sens. Mais elle enferme.
Pour une lecture chrétienne, cette approche soulève une question décisive : que devient l’homme, s’il n’est plus qu’un pollueur à corriger ? Une écologie sans transcendance peut facilement se refermer sur une culpabilité sans issue, une exigence morale sans espérance.
2. Une rhétorique sacrée, sans transcendance
Le phénomène Greta Thunberg ne se comprend pas seulement par ses idées, mais aussi par la manière dont elles sont portées. Sa parole est ritualisée. Elle est perçue comme une figure prophétique, une voix morale supérieure. Ses interventions sont reprises comme des sermons modernes, relayées avec ferveur dans les médias.
Ce glissement est visible partout :
– Des marches pour le climat qui prennent la forme de processions ;
– Des gestes de pénitence (boycott de l’avion, sobriété extrême) ;
– Une rhétorique de sacrifice, parfois jusqu’au refus de fonder une famille pour « sauver la planète » ;
– Des mantras médiatiques comme « Comment osez-vous ? », devenus emblématiques.
Mais à la différence des grandes religions, cette forme d’engagement reste entièrement horizontale. Elle sacralise la nature sans jamais parler du Créateur. Elle promet un salut terrestre, immédiat, obtenu par les efforts humains seuls. Il n’est plus question de Dieu, ni de rédemption, ni même d’une espérance au-delà du monde visible.
C’est ici que se joue une fracture. Car une écologie sacralisée, sans dimension spirituelle, peut finir par peser lourd. Elle exige, alerte, culpabilise — mais elle ne guérit pas. Elle prive l’homme de paix intérieure, le rend seul face à un monde menaçant.
La foi chrétienne propose un autre regard. La Création n’est pas une idole. Elle est un don, reçu d’un Dieu vivant, confié à l’homme pour en prendre soin avec gratitude, humilité, et joie. Une écologie chrétienne ne naît pas de la peur, mais de l’émerveillement. Elle ne se fonde pas sur la culpabilité, mais sur la relation.
Une vision du monde centrée sur la faute humaine
1. L’homme perçu comme nuisible pour la planète
Dans les prises de parole de Greta Thunberg, l’homme est souvent décrit comme la principale menace pour la Terre. L’image revient sans cesse : celle d’un être qui détruit, consomme, pollue, exploite. Dans ce récit, l’humanité n’est plus gardienne de la Création, mais parasite de la nature. Une présence néfaste dont il faudrait réduire l’empreinte, voire la place.
Cette vision ne lui est pas propre. On la retrouve dans plusieurs courants de l’écologie radicale, où l’homme est perçu comme une erreur à corriger, un excès à contenir. Il ne s’agit plus seulement de modifier nos modes de vie, mais de réduire notre présence. Certaines expressions, comme « effondrement démographique choisi » ou « décroissance vitale », traduisent cette logique de retrait.
Même si elle part d’une préoccupation légitime — protéger la planète — cette approche conduit à une impasse : elle culpabilise l’homme en continu, sans jamais lui redonner sa place. Il devient un fardeau, incapable de bien faire, condamné à se taire et à se retirer. Cette perte de confiance en la dignité humaine est un symptôme profond de notre époque.
Le regard chrétien, lui, affirme autre chose. L’homme n’est pas une erreur de la nature. Il est créé à l’image de Dieu. Il peut tomber, abîmer, gaspiller — mais il peut aussi réparer, aimer, transmettre. Il est responsable, mais pas maudit. Et c’est précisément cette vision de l’homme réconcilié avec la nature, enraciné dans la grâce, qui manque au discours écologique dominant.
2. L’absence de transcendance dans l’écologie contemporaine
Un autre trait marquant du discours de Greta Thunberg, et plus largement d’une certaine pensée écologiste contemporaine, c’est le silence total sur Dieu. Aucun mot sur un Créateur, aucun rappel d’une ordre naturel supérieur, aucune ouverture vers une réalité spirituelle. Tout se joue ici-bas, dans l’urgence, dans le visible. L’homme est seul, face à ses erreurs, chargé de tout réparer.
Ce silence n’est pas neutre. Il reflète une vision du monde strictement immanente : tout doit être mesuré, contrôlé, corrigé. Il n’y a plus de mystère, plus de confiance, plus d’horizon au-delà du présent. Dans ce cadre, la nature devient une divinité de substitution — exigeante, fragile, à vénérer, mais aussi à craindre. Ce sacré inversé inquiète, car il transforme une cause noble en un absolu oppressant.
Sans transcendance, l’écologie se coupe de ses racines spirituelles. Elle ne propose plus de salut, seulement des alertes. Elle ne connaît pas la miséricorde, seulement la dette. Elle ne parle pas d’amour, mais d’objectifs. Cette écologie-là épuise l’homme au lieu de le relever.
Pour la foi chrétienne, tout part d’une vérité simple : la Création est un don, pas un poids. Elle est confiée à l’homme, non pour qu’il la domine, ni pour qu’il s’efface, mais pour qu’il la serve avec justice. Cette relation vivante entre Dieu, l’homme et le monde est le fondement d’une écologie intégrale, où la responsabilité ne va jamais sans espérance.
L’écologie chrétienne : une réponse spirituelle à la crise
1. Laudato si’ et l’appel à une écologie intégrale
En 2015, le pape François publie Laudato si’, un texte devenu central pour penser une écologie chrétienne. Ce n’est pas un document politique, ni une série de consignes techniques. C’est une réflexion spirituelle, enracinée dans l’Évangile, qui relie la protection de la nature à la justice sociale, à la dignité humaine et à la conversion du cœur.
Le pape y parle de maison commune. Il invite à regarder la terre non comme une ressource à exploiter, ni comme une divinité à craindre, mais comme un don reçu de Dieu. Une Création fragile, belle, confiée à l’homme pour qu’il en prenne soin — non par peur, mais par amour.
Dans cette perspective, l’écologie ne se réduit pas à des gestes individuels. Elle devient une manière d’habiter le monde. Elle appelle à une conversion écologique, qui commence par un changement de regard : voir la Création avec émerveillement, reconnaître la trace du Créateur, comprendre que tout est lié — l’environnement, les pauvres, les générations futures, notre manière de consommer et de produire.
Ce regard refuse les deux extrêmes : la domination technique sans limites, comme la culpabilisation radicale de l’homme. Il propose un chemin de modération, de justice et de paix. Il ne sacralise pas la nature, mais il la respecte comme un don. Il ne place pas l’homme au sommet, mais au cœur d’une relation — avec Dieu, avec les autres, avec la terre.
2. Espérance, responsabilité, humilité : les piliers d’une écologie chrétienne
Ce qui distingue l’écologie chrétienne des approches militantes ou idéologiques, ce sont les dispositions intérieures qu’elle demande. Trois mots les résument : espérance, responsabilité, humilité.
L’espérance, d’abord, est essentielle. Face à la dégradation de la planète, à l’érosion de la biodiversité, aux crises environnementales, le chrétien ne désespère pas. Il sait que Dieu n’abandonne pas sa Création. Il croit que l’histoire a un sens, même quand elle semble sombre. Cette espérance ne remplace pas l’action — elle l’éclaire, elle la rend possible, elle lui donne un horizon.
Vient ensuite la responsabilité. Dès la Genèse, l’homme reçoit une mission claire : « cultiver et garder le jardin ». Il ne peut plus vivre comme si la nature était infinie. Il doit faire des choix sobres, solidaires, respectueux. Mais cette responsabilité ne repose pas sur la peur d’un effondrement, elle naît de la conscience d’un appel à servir la vie.
Enfin, il y a l’humilité. L’homme n’est pas tout-puissant. Il ne sauvera pas le monde à lui seul. Il n’est pas le maître de la nature, ni son ennemi. Il est gardien, non propriétaire. L’humilité chrétienne refuse à la fois l’arrogance technologique et l’auto-dénigrement écologique. Elle permet de trouver une place juste : agir avec sérieux, sans se prendre pour le sauveur.
Cette triple attitude donne à l’écologie chrétienne une force particulière. Elle relie la protection de la planète à la vocation humaine, l’attention au monde à la conversion intérieure, le souci du vivant à une espérance spirituelle. Ce n’est pas une fuite, ni un compromis : c’est un chemin exigeant, enraciné dans la foi, ouvert à tous.
Pourquoi Greta Thunberg ne peut incarner un idéal chrétien
1. Un discours sans pardon, centré sur la culpabilité écologique
Dans les prises de parole de Greta Thunberg, le ton est clair : accusateur, intransigeant, sans compromis. Les responsables sont désignés, les fautes dénoncées, les générations passées jugées. Ce qui frappe, ce n’est pas seulement la sévérité du diagnostic, mais l’absence totale de pardon.
On demande des excuses. On réclame des actes. Mais on n’ouvre aucun chemin vers une réconciliation possible. La faute est dite, mais la grâce est absente. La morale climatique devient un tribunal permanent, sans possibilité de rachat. Même si cette colère est compréhensible — au vu de l’urgence écologique — elle devient, dans la durée, une norme pesante, voire destructrice.
Pour un chrétien, la justice ne va jamais sans miséricorde. Il est légitime de nommer les fautes, mais il est vital de croire qu’un relèvement est possible. L’écologie chrétienne parle aussi de péché, mais elle annonce surtout une rédemption. Elle ne condamne pas sans fin : elle espère, elle relève, elle appelle à un renouveau.
Le discours de Greta Thunberg oublie cette dimension essentielle. Il mobilise, il choque, il divise. Mais il ne propose pas un chemin vers une paix retrouvée. Il parle d’une humanité fautive, mais pas d’une humanité sauvée. Il agite la peur, mais ne donne pas de respiration intérieure. Il réclame des sacrifices, sans promettre la consolation.
2. Une radicalité qui isole plus qu’elle ne rassemble
Le message de Greta Thunberg se veut universel. Il cherche à alerter l’ensemble de l’humanité sur un péril partagé. Pourtant, sa réception montre souvent l’inverse : il divise. Il oppose les jeunes aux adultes, les engagés aux « inconscients », les militants aux « passifs ». Il crée un climat moral binaire, où l’hésitation est vue comme une trahison, et la complexité comme un mensonge.
Cette radicalité peut séduire une jeunesse blessée, en quête de repères forts. Mais elle ferme la porte au dialogue. Elle empêche les alliances. Elle bloque les chemins d’unité. Or la crise écologique, justement, exige des conversions partagées, des efforts collectifs, une vision à long terme. Elle ne peut être résolue dans la colère ou dans le mépris.
La foi chrétienne propose une autre posture. Elle unit la vérité et la charité. Elle appelle à la justice, mais dans la douceur. Elle invite à l’engagement, mais sans disqualifier ceux qui avancent lentement. Elle reconnaît la gravité de la situation, mais elle refuse la haine ou le rejet. Elle croit que tout homme peut changer, non par contrainte, mais par amour.
C’est pourquoi Greta Thunberg, malgré son courage et sa sincérité, ne peut être prise comme modèle dans une perspective chrétienne. Non pas à cause de son combat pour la planète — combat que l’Évangile prend très au sérieux — mais à cause de la manière dont elle l’incarne : sans pardon, sans transcendance, sans ouverture spirituelle.
Elle est le reflet d’un monde inquiet, en quête de repères, mais aussi blessé dans sa manière de croire encore à l’homme. Son combat révèle un besoin profond — celui d’un salut écologique — mais il y répond par des formes de sacralisation sans Dieu, d’exigence morale sans espérance.
Pour le chrétien, c’est là que se joue l’enjeu : une écologie sans Dieu finit par alourdir l’homme, au lieu de l’élever. Une écologie chrétienne, au contraire, part du don, de la confiance, et de la joie. Elle ne nie pas l’urgence, mais elle la replace dans une histoire de salut.
Quand l’écologie devient croyance : Greta Thunberg face aux tensions de son époque
Le nom de Greta Thunberg dépasse depuis longtemps le cadre de la mobilisation climatique. À mesure que sa notoriété grandissait, son message s’est élargi, jusqu’à incarner pour certains une forme de foi morale radicale. Ce glissement — du combat environnemental à une posture quasi prophétique — suscite à la fois fascination, rejet, et questionnement. À travers elle, c’est une écologie perçue comme doctrine qui s’impose peu à peu dans l’espace public, et parfois même dans l’imaginaire collectif.
Certaines analyses n’hésitent plus à parler de nouvelle religion écologique. Le site Regards protestants décrit ainsi Greta comme une « prêtresse verte », soulignant la structuration quasi liturgique de son discours, ses appels à la conversion, ses condamnations publiques, et son refus du compromis (regardsprotestants.com). Cette forme de rigueur morale, coupée de toute référence transcendante, tend à établir une vérité close sur elle-même, au nom de l’urgence.
Pour d’autres, cette posture répond au vide laissé par l’effondrement des repères spirituels. Le philosophe Jérôme Blanchet-Gravel évoque ainsi un « écologisme de substitution », qui ne sauve pas la Terre, mais cherche à sauver nos âmes perdues dans une époque désenchantée (causeur.fr). Selon lui, le succès de Greta Thunberg tient autant à la justesse de son combat qu’à la structure symbolique qu’il emprunte.
Face à cette vision sans Dieu — où la nature devient un absolu, l’homme une menace, et la faute un état permanent — la tradition chrétienne propose une autre voie : une écologie intégrale, enracinée dans la reconnaissance du monde comme don, dans la responsabilité joyeuse, et dans l’espérance. Cette perspective a été développée en profondeur dans l’encyclique Laudato si’ du pape François, qui refuse à la fois la dévalorisation de l’homme et la sacralisation de la planète (cairn.info).
Mais l’évolution récente de Greta Thunberg ne se limite plus aux enjeux climatiques. En mai 2025, elle a annoncé sa participation à une mission humanitaire maritime à destination de Gaza, aux côtés de l’eurodéputée Rima Hassan, pour dénoncer le blocus israélien et « ce qu’elles nomment un génocide » (bfmtv.com). C’est la première fois qu’elle s’engage ainsi dans un conflit géopolitique de haute tension.
Cette prise de position, très commentée, a d’ailleurs provoqué des remous au sein de son propre mouvement, Fridays for Future. Selon un article du Monde, plusieurs branches nationales du collectif ont pris leurs distances avec ses déclarations jugées unilatérales sur le conflit israélo-palestinien (lemonde.fr).
L’élargissement de son activisme à ces domaines très sensibles interroge sur la nature de l’autorité qu’elle incarne aujourd’hui. Est-ce celle d’une militante climatique ? D’une conscience morale universelle ? Ou d’une figure symbolique façonnée par les attentes d’une époque qui, faute de repères spirituels solides, élève ses témoins au rang de prophètes séculiers ?
Ces questions méritent d’être posées. Car au-delà de l’actualité immédiate, elles révèlent une tension plus profonde : entre une écologie fermée sur elle-même, qui accuse et exige, et une écologie ouverte à Dieu, qui invite à la conversion intérieure, à la gratitude, et à la paix.