C’est une polémique dont l’Église catholique se serait sans doute bien passée. Depuis sa sortie en salles le 1er octobre 2025, le docu-fiction « Sacré-Cœur » est devenu bien plus qu’une œuvre cinématographique sur la foi : il s’est transformé en un véritable champ de bataille politique et idéologique.
Alors que le film devait célébrer l’amour inconditionnel du Christ, il se retrouve accusé par une partie des fidèles de servir de cheval de Troie à des idées d’extrême droite. Pourquoi ce film dérange-t-il autant ? Au cœur de la tourmente, une tribune au vitriol publiée dans La Croix le 28 octobre 2025 par le Collectif catholique P.A.I.X a mis le feu aux poudres, dénonçant une instrumentalisation inacceptable de la religion.
Quand la foi est accusée de servir un agenda politique
Pour les membres du Collectif P.A.I.X (Pour un accueil inconditionnel dans l’église), la ligne rouge a été franchie. Leur inquiétude ne porte pas tant sur le contenu même du documentaire, mais sur l’écosystème qui l’entoure : ses soutiens, ses financeurs supposés et sa promotion.
Selon eux, le film participe activement à la « banalisation des idées d’extrême droite » au sein de la communauté chrétienne. Ils y voient la promotion d’un « christianisme identitaire« , une « politique des racines » ou un « national catholicisme« . Des concepts qui, rappellent-ils, ont fait l’objet de mises en garde claires de la part du pape François lui-même contre l’instrumentalisation de la foi. Pour ces critiques, voir le Sacré-Cœur de Jésus mis au service d’une réaffirmation de l’identité chrétienne de la France est une dérive dangereuse.
Bolloré, Stérin, abbé Raffray : les soutiens qui ne passent pas
Ce qui cristallise les tensions, ce sont les personnalités et les groupes qui gravitent autour de ce projet. Le collectif pointe un doigt accusateur vers une promotion médiatique assurée par des médias très marqués à droite, comme CNews, C8 ou le JDD, tous liés au milliardaire Vincent Bolloré.
Mais c’est la présence à l’écran de certaines figures qui choque le plus ces militants. L’abbé Matthieu Raffray, prêtre traditionaliste et influenceur aux 178 000 abonnés Instagram, est particulièrement visé. Ses positions connues sur l’immigration, le « gauchisme » ou le lobby LGBT, ainsi que ses liens passés avec la campagne d’Éric Zemmour en 2022, font de lui un repoussoir pour une partie des catholiques. La chaîne youtube de l’abbé fait également fureur, vous pouvez la découvrir ici.
Les signataires s’alarment aussi de l’ombre planante de Pierre-Édouard Stérin et de son projet Périclès, dont le but serait d’aider le camp conservateur et identitaire à remporter des élections. Ils notent également que les réalisateurs n’ont pas hésité à promouvoir leur film sur des médias très ancrés à droite comme Valeurs actuelles ou la chaîne YouTube d’Academia Christiana.
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La contre-attaque du distributeur face à la polémique
Face à la violence de ces accusations, le distributeur du film, SAJE Distribution, ne pouvait rester silencieux. Son président, Hubert de Torcy, a exercé son droit de réponse le 30 octobre 2025, dénonçant une lecture « exclusivement politique » et un manque de vérification des faits.
Il a tenu à rectifier deux points précis : le film n’a bénéficié d’aucun financement de Pierre-Édouard Stérin, ni de financement direct de Vincent Bolloré (ce dernier ayant seulement aidé à relayer une demande auprès de Canal+).
Au-delà des comptes, le distributeur regrette une vision excluante de l’Église de la part du collectif. Pour SAJE, l’Église doit rester ce lieu unique où un militant LFI, un macroniste et un électeur du RN peuvent se retrouver sur le même banc pour la messe. Face aux critiques, la production préfère mettre en avant le succès public du film et les témoignages de retours à la foi qu’il suscite, loin des fracas politiques.
Cette affaire démontre combien la frontière entre conviction religieuse et récupération idéologique reste, plus que jamais, une zone de haute tension, et c’est bien dommage.
Une autre polémique dans l’actualité fait énormément parler. Il s’agit de la crèche de Noël à Bruxelles qui pour certains est une insulte à nos traditions, et pour d’autres un oeuvre inclusive de grande qualité. vous en dites quoi?
