Ce que dit l’Évangile de Judas
L’Évangile selon Judas propose une lecture radicalement différente de la relation entre Jésus et Judas Iscariote. Dans ce texte, Judas n’est pas présenté comme le traître des évangiles canoniques, mais comme le disciple le plus lucide, celui à qui Jésus confie un savoir que les autres ne peuvent pas entendre.
Le texte se concentre sur un dialogue spirituel, dans lequel Jésus révèle à Judas des mystères sur l’origine de l’univers, le rôle des anges, la condition de l’âme, et la véritable identité divine. Ce n’est pas un récit de la Passion, mais une révélation gnostique qui cherche à renverser les apparences.
La trahison n’est pas vue comme une faute, mais comme un acte nécessaire dans le plan divin, que seul Judas aurait compris. Cela bouleverse toute la lecture traditionnelle.
Dernière mise à jour le 2025-07-27 / Liens affiliés / Images de l'API Amazon Partenaires
Origine et découverte de l’Évangile de Judas
Le texte est connu grâce à un manuscrit copte découvert dans les années 1970 en Égypte, près d’El Minya, dans un codex contenant plusieurs autres écrits gnostiques. Il a longtemps circulé sur le marché noir avant d’être restauré et publié par la National Geographic Society en 2006.
Ce Codex de Tchacos, daté du IVe siècle, contient une version copte de l’évangile, qui a probablement été rédigé à l’origine en grec, autour de l’an 150. Il appartient clairement à un courant gnostique, hostile à la hiérarchie apostolique et à l’institution ecclésiale naissante.
Sa découverte a suscité un débat mondial, en raison de sa portée symbolique et théologique.
Le rôle de Judas dans cet évangile apocryphe
Dans ce texte, Judas Iscariote n’est pas un traître motivé par l’argent, mais celui qui accepte de livrer le corps du Christ pour permettre la libération de son être divin. Jésus lui dit : « Tu les surpasseras tous. Car tu sacrifieras l’homme qui me porte. »
Ce renversement de perspective s’inscrit dans une vision où le corps matériel est un obstacle, et où l’âme divine doit être délivrée. Judas n’agit pas contre Jésus, mais en accord avec un plan invisible. Il est le seul à comprendre, le seul à obéir au-delà des apparences.
Ce portrait fait de lui un instrument de révélation, et non un ennemi. Il est celui à qui le Christ confie son secret.
Pourquoi l’Évangile de Judas a été rejeté par l’Église
Le contenu de ce texte est incompatible avec la doctrine chrétienne telle qu’elle s’est établie dans les premiers siècles. Il remet en cause non seulement l’image de Judas, mais aussi la nature de Dieu, de la création, et du rôle du Christ.
Il rejette le culte du martyre, critique les autres apôtres, et propose une vision dans laquelle le vrai Dieu n’est pas celui qui a créé le monde matériel. Cette cosmologie gnostique, profondément dualiste, a été rejetée comme hérétique.
Il n’a jamais été diffusé dans les églises reconnues, et n’apparaît dans aucune liste canonique. Il reflète un courant marginal, mais intellectuellement élaboré.
Ce que ce texte apporte à la lecture du christianisme
L’Évangile de Judas ne cherche pas à corriger les évangiles, mais à proposer une autre clé de lecture. Il permet de comprendre la diversité des courants qui ont existé dans les premiers siècles : certains voyaient le Christ comme un révélateur venu libérer l’âme, d’autres comme un sauveur venu racheter le péché.
Le texte intéresse aujourd’hui les chercheurs, les théologiens, et ceux qui s’interrogent sur les zones d’ombre de la tradition. Il ne propose pas un modèle croyant, mais une vision du monde symbolique, dans laquelle Judas devient un acteur spirituel, non un simple traître.
Questions fréquentes sur l’Évangile selon Judas
1. Ce texte fait-il vraiment l’éloge de Judas Iscariote ?
Il ne fait pas son éloge, mais le présente comme le seul disciple à avoir compris le véritable enseignement de Jésus. La « trahison » y devient un acte de révélation, accompli avec le consentement du Christ.
2. Quand ce texte a-t-il été écrit ?
L’Évangile selon Judas a probablement été rédigé vers 150 après J.-C., dans un milieu gnostique proche des cercles valentinien ou sétien.
3. Quelle est la langue du manuscrit retrouvé ?
Le manuscrit conservé est en copte, mais le texte original était sans doute en grec.
4. Pourquoi ce texte est-il qualifié de gnostique ?
Parce qu’il repose sur une cosmologie dualiste, où le monde matériel est créé par une puissance inférieure, et où le salut passe par une connaissance révélée (gnose) réservée à quelques initiés.
5. Quelle est la position de Jésus dans ce texte ?
Jésus y apparaît comme un enseignant divin, détaché du monde matériel, venu révéler la vérité cachée à Judas, qu’il considère comme son interlocuteur privilégié.
6. Que dit ce texte sur les autres apôtres ?
Les autres disciples sont présentés comme incompris, attachés à un faux Dieu ou à une vision matérielle du salut. Le texte critique leur culte du sacrifice et leur rôle dans l’Église naissante.
7. Quelle est la réception actuelle de ce texte ?
Il est lu par les historiens, les théologiens et les personnes intéressées par la diversité des origines chrétiennes. Il ne fait pas autorité religieuse, mais éclaire une autre mémoire du christianisme ancien.
8. Le texte est-il complet ?
Non. Le manuscrit est partiellement endommagé, avec des lacunes importantes. La version publiée est le fruit d’un travail de restauration complexe, parfois contesté.
9. Existe-t-il une bonne traduction française ?
Oui. Des éditions commentées sont disponibles chez Flammarion, National Geographic ou Cerf, accompagnées d’une introduction historique et d’annotations.
10. Ce texte change-t-il la vision du christianisme ?
Il ne change pas la tradition reçue, mais il montre qu’il y a eu d’autres interprétations, d’autres récits, d’autres manières de comprendre la figure de Judas et la mission de Jésus. Cela ouvre à une lecture plus large de l’histoire chrétienne.
