Un texte ancien utilisé dans les communautés judéo-chrétiennes
L’Évangile des Nazaréens est un évangile apocryphe, aujourd’hui perdu, qui aurait été lu par les premiers chrétiens d’origine juive, appelés Nazaréens.
Il est connu uniquement par quelques fragments conservés dans les écrits de Jérôme, Origène et Épiphane, entre autres.
Ce texte était probablement une version hébraïque de l’Évangile selon Matthieu, ou un document proche, utilisé par des groupes chrétiens restés fidèles à la Loi juive tout en reconnaissant Jésus comme Messie.
Il ne s’agit pas d’un évangile gnostique ni d’un récit parallèle inventé, mais d’un évangile enraciné dans les traditions juives, qui s’inscrivait dans une autre filière du christianisme primitif.
Origine, langue et communautés utilisatrices
L’Évangile des Nazaréens aurait été rédigé en araméen ou en hébreu, puis traduit ou partiellement adapté en grec par ceux qui l’ont cité.
Il circulait principalement en Palestine, en Syrie, et peut-être dans certaines communautés de la diaspora juive chrétienne.
Ce texte était utilisé par les Nazaréens, un groupe que les Pères de l’Église décrivent comme respectant :
la circoncision,
la Loi de Moïse,
les fêtes juives,
tout en confessant que Jésus est le Christ.
Ils ne rejetaient pas les autres chrétiens, mais se tenaient à part, formant un courant judéo-chrétien distinct.
Ce que l’on sait du contenu de l’Évangile des Nazaréens
Les fragments conservés montrent un contenu proche de celui de Matthieu, avec quelques variantes notables :
un passage où Jésus parle de la purification du Temple, avec des termes propres au judaïsme,
une version différente du récit de la tentation au désert,
un fragment sur le pain donné par le Christ, présenté comme une parole de justice,
une version alternative de la prière du Notre Père, légèrement différente de celle transmise en grec.
Le ton est plus proche de la sensibilité juive, avec une attention particulière au vocabulaire de la Loi, et à l’autorité des prophètes.
Pourquoi ce texte a été écarté du canon
L’Évangile des Nazaréens n’a pas été conservé dans la Bible pour plusieurs raisons :
Il était utilisé uniquement par des groupes minoritaires restés très liés au judaïsme,
Il n’était pas lu dans les Églises de langue grecque,
Son contenu était jugé trop localisé, sans ouverture universelle,
Il n’existait aucune version standardisée en grec pour le transmettre largement.
Il n’a jamais été condamné, mais il a été éclipsé par l’Évangile de Matthieu, qui remplissait une fonction voisine avec une plus grande reconnaissance.
L’intérêt du texte pour la connaissance du christianisme des origines
Ce texte montre l’existence, au Ier et IIe siècle, de courants chrétiens profondément enracinés dans le judaïsme, qui n’ont pas suivi le développement du christianisme grec et romain.
Il permet de mieux comprendre les tensions entre continuité et rupture, entre loi juive et nouvelle alliance, dans les premières décennies du mouvement chrétien.
Il témoigne d’un christianisme non paulinien, non gnostique, mais fidèle à la tradition juive, et peut-être plus proche des premières communautés de Jérusalem que bien d’autres textes conservés.
Questions fréquentes sur l’Évangile des Nazaréens
1. Ce texte est-il encore conservé aujourd’hui ?
Non. L’Évangile des Nazaréens est perdu. Il n’en reste que quelques fragments, cités par des auteurs anciens comme Jérôme ou Origène.
2. Quelle était sa langue d’origine ?
Il a probablement été rédigé en araméen ou en hébreu, langues utilisées par les judéo-chrétiens de Palestine.
3. Ce texte est-il lié à l’Évangile selon Matthieu ?
Oui. Il semble avoir été proche de Matthieu, avec certaines variantes dans les paroles et les épisodes. Certains le considéraient comme une version hébraïque de Matthieu.
4. Qui étaient les Nazaréens ?
Des chrétiens d’origine juive qui observaient la Loi de Moïse tout en reconnaissant Jésus comme Messie. Ils formaient une branche particulière du christianisme primitif.
5. Ce texte a-t-il été utilisé par l’Église ?
Non. Il était lu dans des communautés locales, mais n’a jamais été intégré à la liturgie des Églises grecques ou latines.
6. Pourquoi ce texte a-t-il été écarté du canon ?
Parce qu’il était trop lié à une minorité locale, non transmis en grec, et incompatible avec l’universalisme voulu par les premiers conciles.
7. Ce texte est-il gnostique ou hérétique ?
Non. Il est orthodoxe dans ses grandes lignes, fidèle aux Évangiles connus, mais avec une sensibilité fortement marquée par le judaïsme.
8. Est-ce que ce texte contenait des épisodes uniques ?
Peut-être. Les fragments connus présentent des variantes, mais pas de récit totalement inédit. Il est possible que d’autres passages aient été plus développés.
9. Où peut-on lire les fragments conservés ?
Ils sont rassemblés dans les Écrits apocryphes chrétiens (Pléiade), et dans certaines études spécialisées sur le judéo-christianisme ancien.
10. Pourquoi ce texte est-il important aujourd’hui ?
Parce qu’il éclaire les racines juives du christianisme, et montre qu’il existait au départ plusieurs manières de suivre Jésus, dont certaines ont été marginalisées par l’histoire.