Un évangile disparu, connu seulement par fragments
L’Évangile des Hébreux est un texte chrétien ancien, aujourd’hui perdu, qui a circulé dans certaines communautés judéo-chrétiennes entre le Ier et le IIIe siècle.
Il n’existe aucun manuscrit complet de cet évangile. Tout ce que l’on sait vient de citations et de fragments conservés par des auteurs chrétiens comme Clément d’Alexandrie, Origène, Jérôme ou Épiphane.
Il s’agissait d’un évangile écrit en araméen ou en hébreu, utilisé principalement par des chrétiens d’origine juive en Palestine.
Ce texte n’a jamais été reconnu comme canonique, mais il a longtemps été respecté comme une source ancienne, parfois évoquée comme une version parallèle de Matthieu.
Origine et transmission de l’Évangile des Hébreux
Selon Jérôme, ce texte était lu dans les Églises de langue hébraïque, notamment à Bérée et Jérusalem. Il le mentionne à plusieurs reprises, tout en signalant qu’il ne faut pas le confondre avec d’autres évangiles similaires comme :
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l’Évangile des Nazaréens,
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l’Évangile des Ébionites,
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ou l’Évangile selon les Douze Apôtres.
Il est probable que ces textes partagent une même origine communautaire, mais qu’ils sont distincts dans leur contenu.
L’Évangile des Hébreux aurait été rédigé en araméen, puis traduit en grec dans certains milieux. Aucun exemplaire complet n’a survécu.
Ce que l’on sait du contenu : fragments, visions, dialogues
Les fragments conservés permettent de reconstituer quelques aspects du texte :
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une scène où le Christ parle du Saint-Esprit comme de sa mère,
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une apparition du Christ à Jacques, son frère, après la résurrection,
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des formules originales de bénédiction ou de révélation,
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des variantes sur le baptême ou la tentation de Jésus.
Ces fragments montrent un ton symbolique, introspectif, et influencé par la culture juive. Le texte insiste sur la filialité spirituelle plus que sur l’affirmation dogmatique.
Ce n’est pas un évangile narratif comme Marc ou Luc, mais plutôt un texte de mémoire orale, marqué par des logia, des visions et des enseignements isolés.
Pourquoi ce texte a été écarté du canon
L’Évangile des Hébreux a été respecté mais non retenu, pour plusieurs raisons :
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Il n’était pas utilisé dans les Églises de langue grecque,
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Il ne possédait aucune autorité apostolique explicite,
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Il était lié à des groupes considérés comme dissidents, comme les Nazaréens ou les Ébionites,
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Son style fragmentaire ne convenait pas à une lecture liturgique régulière.
Il n’a pas été jugé hérétique, mais inclassable, entre tradition juive et foi chrétienne émergente.
L’intérêt du texte pour la compréhension du christianisme primitif
L’Évangile des Hébreux offre une fenêtre rare sur les premiers chrétiens d’origine juive, souvent absents des grandes synthèses doctrinales.
Il montre une foi plus proche des racines bibliques, centrée sur la prière, la révélation intérieure, et une expérience directe du Christ ressuscité.
Il intéresse aujourd’hui les chercheurs qui étudient les liens entre judaïsme et christianisme, et les formes de christianisme non hellénisées du Ier siècle.
Questions fréquentes sur l’Évangile des Hébreux
1. Ce texte fait-il partie de la Bible ?
Non. L’Évangile des Hébreux est un évangile apocryphe, mentionné dans des sources anciennes mais jamais intégré au canon.
2. Est-ce que ce texte existe encore aujourd’hui ?
Non. Le texte complet est perdu. Seuls des fragments nous sont parvenus, cités par des auteurs comme Origène ou Jérôme.
3. Quelle est la langue d’origine de ce texte ?
Probablement en araméen ou en hébreu, utilisé dans des communautés judéo-chrétiennes de Palestine.
4. Est-ce le même texte que l’Évangile de Matthieu en hébreu ?
Non. Bien qu’Origène et Jérôme aient parfois évoqué un lien, il s’agit d’un texte différent, avec un contenu distinct.
5. Ce texte est-il gnostique ?
Non. Il ne présente pas d’éléments gnostiques connus, mais un ton symbolique et proche de la tradition juive.
6. Qui utilisait ce texte ?
Des chrétiens d’origine juive, comme les Nazaréens, qui vivaient en Palestine et Syrie dans les premiers siècles.
7. Pourquoi ce texte n’a-t-il pas été retenu ?
Parce qu’il était lié à des groupes périphériques, qu’il n’était pas lu dans les Églises grecques, et que son style fragmentaire ne correspondait pas aux critères du canon.
8. Ce texte contient-il des paroles originales de Jésus ?
Certains fragments attribués à Jésus ne figurent dans aucun évangile canonique, comme l’idée du Saint-Esprit désigné comme sa mère.
9. Peut-on lire les fragments aujourd’hui ?
Oui. Ils sont rassemblés dans des éditions critiques, comme les Écrits apocryphes chrétiens (Pléiade), avec commentaires et sources patristiques.
10. Pourquoi ce texte intéresse-t-il encore les chercheurs ?
Parce qu’il éclaire les débuts du christianisme, les liens avec le judaïsme, et la diversité des formes d’évangiles avant la fixation du canon.