Quand on lit les Évangiles, on découvre des hommes simples, parfois craintifs, souvent maladroits, mais profondément attachés à Jésus. Ces hommes, ce sont les apôtres. Ils ont tout quitté pour le suivre. Ils ont vu ses miracles, entendu ses enseignements, partagé ses repas. Mais ils ont aussi fui pendant sa passion, douté, trahi. Et pourtant, après la résurrection, ces mêmes hommes sont devenus les piliers de l’Église, allant jusqu’au bout du monde pour annoncer l’Évangile. Et pour la plupart, jusqu’au bout de leur vie.
Le Nouveau Testament ne donne pas tous les détails sur leur mort. Mais la tradition chrétienne, transmise par les premiers siècles, nous a conservé des récits forts et poignants. Voici ce que l’on sait — ou ce que l’on croit — sur la manière dont chacun des apôtres a terminé son chemin ici-bas. Une histoire de courage, de foi, et d’amour jusqu’à la mort.
Lecture conseillée :
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Apôtres – Sur les pas des Douze, de Tom Bissell
Ce livre retrace les voyages de Tom Bissell sur les traces des douze apôtres. L’auteur part à la recherche de leur mémoire, des lieux qui leur sont associés, et de ce qu’ils peuvent encore dire au monde d’aujourd’hui. Entre enquête historique, récit de voyage et réflexion personnelle, il cherche à comprendre qui étaient vraiment ces hommes que l’on connaît parfois seulement de nom. Le ton est honnête, souvent drôle, parfois troublé. On sent l’homme en marche, pas un théologien, mais quelqu’un qui doute, observe et se laisse toucher.
Ce livre peut intéresser ceux qui veulent redécouvrir les apôtres autrement qu’à travers les récits classiques.
Pierre : crucifié la tête en bas à Rome
Simon, surnommé Pierre par Jésus lui-même, est souvent considéré comme le chef des apôtres. Après la Pentecôte, il prend un rôle central à Jérusalem, puis part évangéliser. La tradition la plus ancienne, confirmée par les Pères de l’Église, affirme qu’il est mort à Rome, sous l’empereur Néron, vers l’an 64. Refusant d’être crucifié comme son Maître, il aurait demandé à l’être la tête en bas. Sa tombe se trouve sous la basilique Saint-Pierre, au Vatican.
André : crucifié en forme de X en Grèce
André, le frère de Pierre, a lui aussi été crucifié. Après avoir prêché en Scythie et en Grèce, il est arrêté à Patras. Là, il est condamné à être crucifié sur une croix en forme de X, que l’on appelle depuis « croix de saint André ». Il y serait resté suspendu plusieurs jours, priant et exhortant les passants, avant de mourir vers l’an 60.
Jacques, fils de Zébédée : décapité à Jérusalem
C’est le premier des apôtres à avoir été martyrisé. Le livre des Actes des Apôtres (chapitre 12) raconte sa mort. Il est arrêté par Hérode Agrippa Ier et décapité vers l’an 44 à Jérusalem. Selon la tradition espagnole, son corps aurait été transporté jusqu’en Galice, à Compostelle, où son tombeau est encore vénéré aujourd’hui.
Jean : mort de vieillesse à Éphèse
Jean est l’un des rares apôtres à ne pas être mort martyr. Il a vécu longtemps, a pris soin de Marie, la mère de Jésus, puis s’est installé à Éphèse (dans l’actuelle Turquie). C’est là qu’il aurait écrit son Évangile et ses lettres. Une tradition dit qu’il a été jeté dans une cuve d’huile bouillante à Rome, mais qu’il en est sorti indemne. Il serait mort vers l’an 100, entouré de disciples.
Philippe : crucifié à Hiérapolis
Philippe aurait évangélisé l’Asie Mineure et serait mort à Hiérapolis, en Phrygie (Turquie actuelle), vers l’an 80. Il y aurait été crucifié ou pendu après avoir dénoncé le culte païen. Des fouilles récentes ont mis au jour ce qui pourrait être son tombeau.
Barthélemy : écorché vif et décapité
Barthélemy est sans doute le plus mystérieux des apôtres. La tradition rapporte qu’il a prêché jusqu’en Inde et en Arménie. C’est là, à Albanopolis (aujourd’hui en Azerbaïdjan ou en Turquie orientale), qu’il aurait été martyrisé. Il aurait été écorché vif, puis décapité. Ce martyre particulièrement cruel est devenu son attribut dans l’iconographie chrétienne.
Thomas : transpercé de lances en Inde
Thomas, celui qu’on appelle parfois « le jumeau », est célèbre pour avoir douté de la résurrection. Mais il est aussi allé très loin pour annoncer l’Évangile. Selon la tradition, il a prêché en Inde, autour de Chennai (anciennement Madras), où une communauté chrétienne très ancienne se réclame encore de lui. Il y aurait été transpercé par des lances vers l’an 72.
Matthieu : tué en Éthiopie ou en Perse
Matthieu, l’ancien collecteur d’impôts devenu apôtre et évangéliste, aurait prêché en Éthiopie ou en Perse. Les traditions varient, mais la plupart s’accordent à dire qu’il est mort martyr, soit par l’épée, soit brûlé vif. Il aurait continué à proclamer le Christ jusqu’au bout, malgré l’hostilité des puissants.
Jacques, fils d’Alphée : lapidé en Judée
Ce Jacques, souvent appelé « Jacques le Mineur », est parfois identifié comme le cousin de Jésus. Il aurait été évêque de Jérusalem. La tradition rapporte qu’il a été jeté du haut du Temple, puis lapidé, vers l’an 62. Il est respecté comme un homme de prière, fidèle à la Loi, mais aussi témoin du Christ ressuscité.
Simon le Zélote : crucifié ou scié
Simon, surnommé le Zélote pour son zèle, aurait évangélisé la région de la Perse ou de l’Égypte. On ne sait pas exactement où il est mort, mais plusieurs traditions parlent d’un martyre par crucifixion, ou même par scie, avec Jude (Thaddée), dans l’actuelle Arménie.
Jude (Thaddée) : tué en mission avec Simon
Jude, souvent confondu avec l’auteur de l’Épître de Jude, aurait prêché en Syrie et en Mésopotamie. Il aurait été tué avec Simon le Zélote, probablement en Perse, dans une forme de persécution religieuse. Il est aujourd’hui invoqué comme le saint des causes désespérées.
Judas Iscariote : mort tragique
Judas, celui qui a trahi Jésus, a connu une fin dramatique. Les Évangiles disent qu’il a été pris de remords après avoir livré Jésus pour trente pièces d’argent. Dans Matthieu, il rend l’argent et se pend. Dans les Actes, il tombe et son corps se brise. Quoi qu’il en soit, sa mort est une blessure dans le collège des Douze. Et c’est Matthias qui sera choisi pour le remplacer.
Paul de Tarse : décapité à Rome
Paul n’est pas l’un des Douze, mais il a été appelé « apôtre des nations » après sa conversion radicale. Il a voyagé sans relâche, fondé des communautés, écrit des lettres devenues fondatrices. Arrêté à Jérusalem, transféré à Rome, il y aurait été décapité sous Néron vers l’an 67, car il était citoyen romain. Il aurait été enterré sur la route d’Ostie, là où se trouve aujourd’hui la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs.
Questions fréquentes sur la mort des apôtres
Est-ce que tous les apôtres sont morts martyrs ?
Non, pas tous. La tradition chrétienne enseigne que presque tous les apôtres ont été martyrisés, mais Jean, le frère de Jacques, aurait été le seul à mourir de vieillesse, après avoir passé ses dernières années à Éphèse. Il aurait survécu à plusieurs persécutions, dont une tentative d’exécution, mais est mort naturellement, sans violence.
Où est mort l’apôtre Pierre ?
Pierre est mort à Rome, sous le règne de l’empereur Néron, vers l’an 64. Selon une tradition ancienne, il a été crucifié la tête en bas, car il ne se sentait pas digne de mourir comme Jésus. Sa tombe est aujourd’hui sous la basilique Saint-Pierre, au Vatican.
Judas fait-il encore partie des apôtres ?
Non. Judas Iscariote, qui a trahi Jésus, est mort peu après la passion du Christ. Dans le livre des Actes, les autres apôtres considèrent qu’il a perdu sa place. Ils prient, tirent au sort, et choisissent Matthias pour le remplacer dans le collège des Douze.
Quel apôtre est allé le plus loin pour annoncer l’Évangile ?
C’est probablement Thomas. La tradition indienne raconte qu’il est allé jusqu’au sud de l’Inde, dans la région de Chennai, où une communauté chrétienne très ancienne se réclame encore de lui. Il y aurait été tué vers l’an 72. Sa mission est un exemple fort du zèle des apôtres à annoncer Jésus partout.
Pourquoi Paul est-il appelé apôtre alors qu’il n’était pas parmi les Douze ?
Parce que Jésus lui est apparu après la résurrection, sur le chemin de Damas, et l’a appelé directement à le suivre. Paul se présente lui-même comme “apôtre par appel”, au même titre que les autres, même s’il n’a pas vécu les années publiques de Jésus. Il a joué un rôle immense dans l’expansion de l’Église hors du monde juif.
Est-ce que les lieux de mort des apôtres sont sûrs ?
Pas toujours à 100 %, mais beaucoup s’appuient sur des traditions très anciennes, transmises dès les premiers siècles et souvent confirmées par des recherches historiques ou archéologiques. Par exemple, la tombe de Pierre à Rome ou celle de Jacques à Compostelle sont des lieux de pèlerinage depuis très longtemps.
Comment sait-on comment les apôtres sont morts ?
Les Évangiles ne racontent pas leur mort, sauf pour Jacques dans les Actes. Le reste vient des traditions orales, des écrits des premiers chrétiens (comme ceux des Pères de l’Église) et des actes apocryphes. Ce ne sont pas toujours des récits vérifiables comme des documents modernes, mais ils reflètent la mémoire vivante de l’Église.
Est-ce que les apôtres ont eu peur de mourir ?
Oui, et c’est ce qui rend leur martyre encore plus bouleversant. Au moment de la passion, ils ont fui. Mais après la résurrection et la Pentecôte, ils ont été transformés. Leur peur a laissé place à une foi solide, au point d’aller jusqu’au martyre. C’est un témoignage puissant de la force du Christ ressuscité.
