Articles

Le Chronoviseur du Vatican : La machine interdite qui a filmé le Christ

Par Philippe Loneux |
Cliché granulé en noir et blanc montrant le visage présumé du Christ agonisant, capturé par le Chronoviseur du Vatican selon le père Ernetti en 1972.

2 mai 1972. L’Italie se réveille avec un frisson. En couverture de La Domenica del Corriere, un hebdomadaire grand public, une image granuleuse s’étale en noir et blanc. On y distingue un visage d’homme, les traits tordus par la douleur, le regard levé vers le ciel.

La légende frappe comme un coup de poing : « Le visage du Christ photographié par une machine temporelle. »

Ce cliché ne sort pas d’un film de science-fiction. Il vient, selon l’article, des confins d’un laboratoire secret, caché derrière les murs épais d’un monastère vénitien. L’homme qui brandit cette preuve porte la soutane. Il s’appelle Pellegrino Ernetti. Et il affirme avoir vu la Crucifixion en direct.

Le Moine qui écoutait les pierres

Pour comprendre cette histoire, oubliez l’image du savant fou aux cheveux ébouriffés. Pellegrino Ernetti impose le respect. Bénédictin de l’abbaye de San Giorgio Maggiore à Venise, c’est une autorité intellectuelle. Musicologue reconnu, physicien quantique à ses heures, exorciste officiel du diocèse de Venise.

Dans les années 1950, ce moine érudit se passionne pour la polyphonie prégrégorienne. Il travaille sur les harmoniques, ces sons résiduels qui s’effacent sans jamais disparaître totalement.

C’est là, dans la pénombre de son laboratoire rempli de tubes cathodiques et d’oscilloscopes, qu’une idée vertigineuse le saisit. Si le son est une onde, et si l’énergie ne meurt jamais, alors chaque mot prononcé depuis l’aube de l’humanité flotte encore autour de nous.

Il suffit de trouver la bonne fréquence pour les capter.

Une fenêtre sur l’Éternité

Ernetti ne travaille pas seul. Il affirme s’être entouré de douze prix Nobel anonymes. Il lâche finalement deux noms, et pas des moindres : Enrico Fermi, le père de la bombe atomique, et Wernher von Braun, l’architecte des fusées de la NASA.

Ensemble, ils auraient construit le Chronoviseur.

La machine ressemble à un assemblage complexe de métaux précieux, de cadrans et d’antennes directionnelles. Elle ne permet pas de voyager physiquement dans le temps. Elle fonctionne comme une télévision réglée sur le passé. Elle capte les ondes électromagnétiques laissées par les événements historiques et les convertit en images et en sons.

Ernetti décrit l’expérience avec une précision sensorielle troublante. Le bourdonnement électrique de l’appareil. L’odeur d’ozone qui sature la pièce. Et soudain, sur l’écran, le passé surgit. En trois dimensions.

Les « Scoops » de l’Histoire

Le père Ernetti ne se contente pas de théories. Il livre des preuves. Il raconte avoir assisté à un discours de Cicéron devant le Sénat romain en 63 avant J.-C. Il décrit les gestes de l’orateur, les plis de sa toge, la cadence de sa voix.

Mieux encore, il transcrit une pièce de théâtre perdue : le Thyeste du poète latin Quintus Ennius. Les philologues sont stupéfaits. Le texte semble authentique.

Mais l’obsession d’Ernetti reste le Christ.

Il raconte avoir suivi les dernières heures de Jésus comme on suit un reportage. Il a vu la Cène. Il a entendu la foule hurler devant Pilate. Et il a capturé cette fameuse image du visage du Christ sur la croix.

« Nous avons vu l’agonie. Nous avons tout entendu. C’était insoutenable. » — Père Ernetti

L’histoire fait le tour du monde. Le Vatican, d’habitude si prompt à démentir les miracles non homologués, garde un silence de marbre. Un silence qui, pour beaucoup, vaut confirmation.

Quand le masque tombe

Puis, la machine s’enraye.

Des yeux plus critiques se posent sur la fameuse photo du Christ publiée en 1972. La ressemblance avec une sculpture sur bois réalisée par l’artiste espagnol Lorenzo Cullot Valera est frappante. Même angle, même expression, mêmes ombres. La « photo du siècle » ressemble furieusement à une reproduction d’une œuvre de piété populaire vendue au sanctuaire de l’Amour Miséricordieux de Collevalenza.

Ernetti se défend. Il invoque une ressemblance spirituelle, un lien mystique entre l’artiste et la réalité historique. Mais le doute s’installe.

Le second coup dur vient des linguistes. Katherine Owen Eldred, spécialiste de la littérature latine, analyse le texte du Thyeste « retrouvé » par le moine. Le verdict tombe : le vocabulaire utilisé contient des mots qui n’apparaitront dans la langue latine que 250 ans après la mort d’Ennius.

Ce n’est pas une transcription. C’est une traduction maladroite, probablement rédigée par Ernetti lui-même.

Le Mur du Son (et du Temps)

Ernetti n’était pas un idiot. Sa théorie repose sur une vérité physique : l’énergie ne disparaît pas, elle se dissipe. Votre voix, en cet instant, fait vibrer les molécules d’air. Cette vibration se transmet, s’atténue, se transforme en chaleur infime, mais la trace énergétique existe pour l’éternité.

C’est là que le rêve se heurte au mur de la réalité. C’est le problème de l’œuf brouillé.

Vous pouvez facilement casser un œuf et le brouiller. Mais aucune machine au monde ne peut « dé-brouiller » l’omelette pour remettre le jaune et le blanc dans la coquille intacte. C’est l’entropie. Le désordre augmente toujours (en réalité pas tout à fait, vu que l’univers semble faire l’inverse depuis le BigBang, mais c’est une autre histoire).

Le Chronoviseur prétendait faire l’inverse : reconstituer l’œuf intact à partir de l’omelette froide. Capter un brouhaha d’ondes vieilles de 2000 ans et les réassembler en une image 4K. C’est là que la physique quantique, la vraie, dit non.

Le Vatican a-t-il confisqué la vérité ?

C’est ici que l’affaire bascule du canular vers la théorie du complot.

Si Ernetti a menti, pourquoi le Vatican n’a-t-il pas simplement exposé la fraude ? Au lieu de cela, une chape de plomb s’abat sur l’affaire.

Selon certains proches du dossier, le Pape Pie XII aurait vu la machine. Il aurait été terrifié. Une technologie capable de voir n’importe quel moment du passé détruirait toute vie privée. Les secrets d’État, les péchés cachés, les complots politiques : tout deviendrait transparent.

Le Chronoviseur serait une arme absolue. Une dictature de la vérité.

On raconte que la machine a été démontée, ses plans scellés dans les archives secrètes, et que ses inventeurs ont juré le silence sous peine d’excommunication. En 1988, le Vatican sort l’artillerie lourde. Un décret menace d’excommunication majeure quiconque oserait encore évoquer des ‘instruments aux caractéristiques techniques spécieuses’. Une menace à peine voilée.

Le dernier aveu

Pellegrino Ernetti meurt en 1994. Sur son lit de mort, la pression est immense. A-t-il tout inventé ?

Selon une lettre anonyme envoyée plus tard par un membre de sa famille, il aurait confessé la supercherie. La photo était bien une reproduction. La pièce de théâtre, une fabrication. Il voulait tant prouver la vérité des Écritures qu’il avait fini par fabriquer les preuves qui lui manquaient.

Mais d’autres témoins, dont le prêtre François Brune, ami intime d’Ernetti, soutiennent l’inverse. Jusqu’à son dernier souffle, le bénédictin aurait maintenu l’existence de la machine, affirmant avoir dû mentir pour protéger le Vatican et le monde d’une technologie trop dangereuse pour l’homme.

Le Chronoviseur existe peut-être. Il dort en pièces détachées dans une caisse en bois, sous des kilomètres de rayonnages, attendant qu’un curieux brise à nouveau les scellés du temps.

Et si le Père Noël existait Vraiment ? La Science ne dit pas Non !
Dans la même catégorie

Et si le Père Noël existait Vraiment ? La Science ne dit pas Non !

Lire l’article

Les questions que tout le monde se pose

Le Chronoviseur est-il scientifiquement possible ?

En théorie, la physique quantique admet que l’information ne disparaît jamais totalement. Cependant, capter et reconstituer ces ondes résiduelles en une image cohérente dépasse de loin nos capacités technologiques actuelles. C’est le Graal de la physique, mais nous en sommes encore au stade de la science-fiction.

Où se trouve la machine aujourd’hui ?

Si elle a existé, elle a disparu. La version officielle veut qu’elle n’ait jamais été construite. La version officieuse, soutenue par les partisans d’Ernetti, affirme qu’elle est séquestrée dans les Archives apostoliques du Vatican, probablement dans la section réservée aux objets dangereux pour la foi ou la sécurité mondiale.

Pourquoi le père Ernetti aurait-il menti ?

L’orgueil ou la foi. Ernetti était un homme brillant mais peut-être frustré par le silence de Dieu. Fabriquer une preuve « scientifique » de la Passion était pour lui le moyen ultime de convertir le monde moderne, qui ne croit plus qu’à ce qu’il voit. Il voulait forcer la main au miracle.

À propos de l’auteur Chroniqueur spécialisé en histoire des croyances et symbolisme, explore les frontières du visible. Il décrypte aussi bien les traditions religieuses que les phénomènes ésotériques et les grands mystères, en cherchant toujours le sens caché sous le prisme de l’analyse historique.
L’âme n’est-elle qu’un réseau de neurones ? Ce que la science dit de la conscience
Dernier article publié

L’âme n’est-elle qu’un réseau de neurones ? Ce que la science dit de la conscience

Lire l’article

Rejoignez le cercle des curieux

Ne manquez aucune exploration. Recevez périodiquement nos analyses sur l’histoire, le sacré et les mystères qui nous entourent.