Un ancien écrit chrétien sur le sort des âmes après la mort
L’Apocalypse de Pierre est un texte apocryphe chrétien, rédigé au IIe siècle, qui présente une vision détaillée du jugement dernier et des récompenses ou châtiments dans l’au-delà.
Il se donne comme un dialogue entre Jésus et l’apôtre Pierre, à qui le Christ révèle ce que vivent les justes et les pécheurs après la mort.
Ce texte figure parmi les premières apocalypses chrétiennes, dans la lignée des traditions juives anciennes (comme le Livre d’Hénoch) mais aussi inspiré par des éléments grecs (notamment les descriptions de l’Enfer).
Il a eu une grande influence dans la piété chrétienne populaire, même s’il a été écarté du canon biblique.
Origine, langue et circulation de l’Apocalypse de Pierre
Le texte a été composé vers la première moitié du IIe siècle, probablement en Égypte ou dans un autre milieu chrétien hellénophone. Il a été rédigé en grec, et des fragments ont été retrouvés en copte et en éthiopien.
L’Apocalypse de Pierre figure dans plusieurs listes anciennes de textes lus dans les Églises, notamment dans le canon de Muratori (vers 170), où elle est mentionnée juste après l’Apocalypse de Jean.
Elle a été lue publiquement dans certaines communautés pendant plusieurs générations, avant d’être progressivement abandonnée au profit de textes plus doctrinaux.
Ce que montre cette vision : enfer, paradis et jugement final
Le texte décrit avec force détails les supplices réservés aux pécheurs et les joies promises aux justes.
Chaque type de péché est associé à une punition spécifique : les blasphémateurs, les adultères, les faux témoins, les avares ou les enfants désobéissants subissent des peines en rapport symbolique avec leur faute.
À l’inverse, les justes vivent dans la lumière, le repos, la paix. Ils sont dans la proximité de Dieu, protégés des souffrances du monde.
Jésus explique ces réalités à Pierre, dans un ton solennel, pour l’instruire et l’encourager à persévérer. Le texte se veut moral, catéchétique, et destiné à former la conscience des fidèles.
Pourquoi ce texte a été exclu du canon biblique
L’Apocalypse de Pierre a été très lue dans les premiers siècles, mais elle a été écartée au IVe siècle pour plusieurs raisons :
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Son style est plus imagé que théologique.
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Sa description de l’enfer est très influencée par la culture gréco-romaine, ce qui l’éloigne du ton biblique habituel.
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Certains passages laissent entendre une possibilité de pardon pour les damnés, ce qui a inquiété certains théologiens.
Elle n’a jamais été condamnée comme hérétique, mais elle n’a pas été intégrée dans la tradition liturgique stable de l’Église.
Intérêt spirituel et historique de l’Apocalypse de Pierre
Ce texte est une fenêtre précieuse sur l’imaginaire chrétien ancien. Il permet de comprendre comment les premières générations pensaient le jugement, l’au-delà, le péché, et la justice divine.
Il a inspiré des textes ultérieurs, comme l’Apocalypse de Paul, et a eu une influence indirecte sur la Divine Comédie de Dante, plusieurs siècles plus tard.
C’est un texte qui ne cherche pas à effrayer gratuitement, mais à susciter la vigilance, à appeler à la conversion, et à renforcer l’espérance dans la promesse du Christ.
Questions fréquentes sur l’Apocalypse de Pierre
1. Ce texte fait-il partie de la Bible ?
Non. L’Apocalypse de Pierre est un texte apocryphe, lu dans certains milieux anciens, mais non retenu dans le canon du Nouveau Testament.
2. Quelle est la date de rédaction du texte ?
Il a été rédigé au début du IIe siècle, probablement entre 125 et 150 après J.-C..
3. Qui en est l’auteur ?
Le texte est attribué à l’apôtre Pierre, mais cette attribution est symbolique. L’auteur réel reste inconnu.
4. De quoi parle ce texte ?
Il décrit les récompenses et les peines après la mort, dans un dialogue entre Jésus et Pierre, sous forme de vision du jugement dernier.
5. Quelle est la particularité de ce texte ?
Il contient des descriptions très vives des tourments de l’enfer, associées à chaque péché, avec une volonté moralisante et pédagogique.
6. Pourquoi ce texte a-t-il été écarté du canon ?
Parce que son contenu est jugé trop influencé par la culture gréco-romaine, et parce que certaines de ses idées (comme la rémission possible des peines) ont été jugées ambiguës.
7. Ce texte est-il hérétique ?
Non. Il ne contient aucune hérésie, mais il s’éloigne du langage théologique stable adopté par l’Église dans ses textes canoniques.
8. Est-ce que des Églises l’ont lu dans le passé ?
Oui. Il est mentionné dans le canon de Muratori, ce qui montre qu’il a été lu publiquement dans certaines communautés au IIe siècle.
9. Où peut-on lire ce texte en français ?
Dans les Écrits apocryphes chrétiens (Pléiade), ou dans des éditions spécialisées chez Cerf, Bayard, ou Albin Michel.
10. Ce texte est-il encore étudié aujourd’hui ?
Oui. Il intéresse les historiens du christianisme, les théologiens, et ceux qui s’interrogent sur la représentation chrétienne de l’au-delà dans l’Antiquité.