Un texte chrétien populaire sur l’après-mort et les jugements célestes
L’Apocalypse de Paul est un texte apocryphe chrétien, rédigé au IVe siècle, qui décrit en détail les récompenses des justes et les supplices des pécheurs dans l’au-delà.
Il se présente comme un récit de révélations reçues par l’apôtre Paul, emporté au troisième ciel, dans la continuité d’un passage évoqué dans 2 Corinthiens 12,2.
Ce texte a eu une influence considérable sur la spiritualité chrétienne médiévale. Il a inspiré des écrits, des sermons, et même des représentations artistiques du paradis, du jugement dernier et de l’enfer.
Il n’a jamais été intégré à la Bible, mais il a été copié et diffusé dans de nombreuses langues.
Origine, date et diffusion de l’Apocalypse de Paul
Le texte a été composé vers l’an 370, probablement en Égypte, dans un milieu où la théologie du jugement était centrale.
Il a été rédigé en grec, puis traduit en latin, syriaque, copte, arménien, éthiopien, arabe et slave. Sa diffusion a été massive dans les siècles suivants.
Il figure dans le catalogue de textes apocryphes condamnés par le Décret du pseudo-Gélase, mais il a continué à être lu, notamment dans des milieux monastiques, où il servait à éveiller la conscience morale.
Le contenu : montée aux cieux, révélations et descentes en enfer
Le texte décrit une expérience extatique : Paul est guidé par un ange à travers plusieurs niveaux célestes, jusqu’au trône de Dieu.
Il voit les âmes des justes, plongées dans la lumière et la paix, puis redescend à travers les régions inférieures, où il découvre les tourments infligés aux pécheurs.
Les supplices sont décrits avec précision, associés à des fautes précises : hypocrisie, avarice, mensonge, impureté, mépris de la prière.
Il assiste aussi aux intercessions des anges, qui prient pour certaines âmes, et entend parfois des réponses divines de miséricorde différée.
Le texte se termine sur une exhortation à la conversion, et un appel à se détourner des plaisirs passagers pour ne pas risquer la perdition.
Pourquoi ce texte a été rejeté par l’Église
Malgré sa popularité, l’Apocalypse de Paul n’a jamais été intégré dans le canon biblique, pour plusieurs raisons :
Sa date tardive : il apparaît bien après la clôture du canon.
Son style narratif riche en images, éloigné du ton biblique.
Son utilisation d’éléments non scripturaires, parfois proches du folklore.
Son ambiguïté théologique sur la possibilité de rémission post-mortem.
Il a été considéré comme édifiant, mais non inspiré. Il a été utilisé comme outil moral, mais pas comme texte de référence doctrinale.
Ce que ce texte révèle sur la foi et les peurs du Moyen Âge
L’Apocalypse de Paul a façonné la manière dont des générations de chrétiens ont imaginé l’au-delà.
Il montre une foi très ancrée dans la peur du jugement, la responsabilité personnelle, la justice divine, mais aussi la possibilité de miséricorde.
Il a inspiré l’Apocalypse de Thomas, le Visio Pauli, et surtout la Divine Comédie de Dante, dont les structures empruntent directement à ce texte.
C’est un document fondamental pour comprendre la spiritualité pénitentielle des premiers monastères et des siècles médiévaux.
Questions fréquentes sur l’Apocalypse de Paul
1. Ce texte fait-il partie de la Bible ?
Non. L’Apocalypse de Paul est un écrit apocryphe, jamais reconnu comme canonique par aucune tradition chrétienne.
2. Quand ce texte a-t-il été écrit ?
Vers 370 après J.-C., probablement en Égypte, dans un milieu monastique ou catéchétique.
3. En quoi ce texte est-il lié à l’apôtre Paul ?
Le récit s’appuie sur 2 Corinthiens 12,2, où Paul évoque un homme enlevé au troisième ciel. L’apocalypse développe cette brève allusion en un voyage spirituel détaillé.
4. Quel est le contenu principal du texte ?
Paul est guidé dans les cieux, puis dans les régions infernales, où il voit les récompenses des justes et les châtiments des pécheurs. Le tout est présenté comme une révélation divine.
5. Quelles fautes sont punies dans ce texte ?
Le texte mentionne l’orgueil, l’avarice, la luxure, le mensonge, l’hypocrisie, le mépris de la prière, et d’autres fautes morales.
6. Pourquoi ce texte a-t-il été écarté du canon ?
Parce qu’il est trop tardif, non apostolique, et qu’il contient des éléments non scripturaires, voire folkloriques. Il est jugé édifiant mais non inspiré.
7. Ce texte est-il hérétique ?
Non. Il ne contredit pas les fondements de la foi chrétienne, mais son usage a été limité pour éviter des interprétations erronées du jugement ou de l’enfer.
8. Ce texte a-t-il influencé d’autres œuvres chrétiennes ?
Oui. Il a influencé l’Apocalypse de Thomas, le Visio Pauli, et surtout la Divine Comédie de Dante, qui en reprend plusieurs structures.
9. Ce texte a-t-il été utilisé dans la liturgie ?
Non. Il a été copié et lu, notamment dans les milieux monastiques, mais il n’a jamais été utilisé en contexte liturgique officiel.
10. Où lire ce texte en français ?
Dans les Écrits apocryphes chrétiens (Pléiade), ou dans des traductions commentées disponibles chez Cerf, Bayard, ou Albin Michel.