Un texte apocryphe ancien sur la mission de Thomas en Orient
Les Actes de Thomas font partie des Actes apocryphes des apôtres, rédigés au début du IIIe siècle, probablement en Syrie, en langue grecque, avec des réminiscences araméennes.
Ce texte raconte la mission de Thomas, l’un des douze apôtres, envoyé annoncer l’Évangile jusqu’aux Indes.
Ce récit développe une théologie fortement spirituelle, marquée par des éléments gnostiques, une insistance sur la continence, et un style parfois proche du conte religieux oriental.
Il n’a jamais été reconnu comme canonique, mais il a influencé la tradition chrétienne en Inde, et a nourri un imaginaire mystique autour de l’apôtre.
Origine et transmission des Actes de Thomas
Ce texte a été composé vers 220–240 après J.-C., en Asie ou en Syrie, dans un contexte où plusieurs courants chrétiens s’affrontaient sur la valeur du corps, la résurrection, et la discipline morale.
Le texte a été conservé en grec, en syriaque, en latin et en arménien. Sa transmission a été continue dans certaines Églises orientales, notamment chez les chrétiens de l’Inde du Sud, qui reconnaissent Thomas comme leur fondateur.
Il est aujourd’hui lu comme un document théologique autant que comme un texte narratif, avec un langage hautement symbolique.
Ce que raconte le texte : mission, miracles, hymnes et martyre
Le récit commence avec Thomas qui refuse d’aller en Inde, jusqu’à ce que Jésus l’y vende comme esclave à un marchand. Une fois sur place, il commence à enseigner, souvent en secret, et accomplit de nombreux miracles.
Parmi les épisodes les plus connus :
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La conversion d’une jeune mariée, convaincue par Thomas de renoncer au mariage terrestre pour suivre une vie d’abstinence.
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La construction d’un palais invisible pour un roi indien : au lieu de bâtir avec des pierres, Thomas distribue l’argent aux pauvres et annonce un palais “dans le ciel”.
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L’Hymne de la Perle, passage poétique et mystique inséré dans le récit, qui raconte l’histoire d’une âme envoyée du ciel, tombée dans l’oubli, et ramenée à la lumière.
Le texte se termine par le martyre de Thomas, transpercé par des soldats, après avoir converti des membres de la famille royale.
Pourquoi ce texte a été écarté du canon biblique
Les Actes de Thomas ont été rejetés par les autorités ecclésiales pour plusieurs raisons :
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Leur forte coloration gnostique, surtout dans l’Hymne de la Perle.
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Leur valorisation radicale de la chasteté, parfois présentée comme supérieure au mariage.
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Leur tendance à opposer le corps et l’âme, en contradiction avec la vision chrétienne incarnée défendue par les conciles.
Malgré cela, certaines parties ont été reprises, et le personnage de Thomas missionnaire en Inde est resté vivant dans la mémoire chrétienne, surtout orientale.
Intérêt spirituel et historique des Actes de Thomas
Ce texte offre un témoignage rare sur la diversité des courants chrétiens au IIIe siècle. Il montre un christianisme déjà ouvert à l’Orient, parlant un langage symbolique, insistant sur la quête intérieure, le renoncement, et la lumière divine.
L’Hymne de la Perle, en particulier, a été lu à travers les siècles comme une allégorie de l’âme en exil, traversant l’oubli du monde pour retrouver sa source.
Le texte n’est pas une biographie. C’est une parabole développée, destinée à éveiller une conscience, à provoquer un retournement, à suggérer une vérité plus haute que les mots.
Questions fréquentes sur les Actes de Thomas
1. Ce texte raconte-t-il la vie de Thomas après la résurrection de Jésus ?
Oui. Il se concentre sur la mission de Thomas en Inde, ses miracles, ses enseignements, et son martyre.
2. Ce récit est-il historique ?
Non. C’est un texte apocryphe à visée spirituelle et symbolique, pas un témoignage historique. Il contient des éléments fictifs et théologiques.
3. À quelle époque ce texte a-t-il été écrit ?
Vers 220 à 240 après J.-C., dans un milieu chrétien de Syrie ou d’Asie influencé par des courants gnostiques.
4. Quelle est la langue originale du texte ?
Le texte a été rédigé en grec, mais certaines versions anciennes ont circulé en syriaque, ce qui laisse penser à une origine orientale.
5. Qu’est-ce que l’Hymne de la Perle ?
Un passage poétique et mystique au cœur du texte, qui raconte le parcours d’une âme venue du ciel, tombée dans l’oubli, et ramenée à la lumière. C’est l’un des morceaux les plus connus de la littérature chrétienne ancienne.
6. Pourquoi ce texte a-t-il été écarté de la Bible ?
Parce qu’il exprime une vision dualisme corps/âme, très proche de la gnose, et insiste sur une continence absolue perçue comme suspecte par l’Église officielle.
7. Le personnage de Thomas y est-il fidèle à l’image du Nouveau Testament ?
Le texte développe une image plus mystique et missionnaire de Thomas, en lien avec l’Orient. Il est présenté comme un enseignant secret, un guérisseur, et un martyr conscient.
8. Ce texte a-t-il influencé les traditions chrétiennes ?
Oui, surtout en Inde du Sud, où Thomas est vénéré comme fondateur de l’Église malabare. Le récit a renforcé la légende de sa venue en Inde.
9. Peut-on lire ce texte en français ?
Oui. Il est disponible dans la collection Pléiade (Écrits apocryphes chrétiens) et dans des éditions commentées chez Bayard, Cerf ou Albin Michel.
10. Ce texte est-il encore lu aujourd’hui ?
Oui. Il est étudié pour sa valeur théologique, sa dimension poétique, et son importance dans l’histoire du christianisme oriental.