Un texte ancien consacré à l’apôtre Jean après la résurrection
Les Actes de Jean sont un évangile apocryphe narratif, écrit au IIe siècle, qui raconte les voyages missionnaires, les enseignements, les miracles, et la fin de vie de l’apôtre Jean, souvent identifié à Jean le Théologien.
Le texte se présente comme un récit à la première personne, attribué à un certain Léucius Charinus, disciple supposé de Jean. Il n’a pas été reconnu comme authentique, mais il a circulé largement dans les milieux chrétiens orientaux.
Ce texte transmet une vision spirituelle et symbolique de la foi, où les frontières entre corps et esprit sont plus souples, et où la figure de Jean incarne une sagesse inspirée, en dialogue avec un monde encore païen.
Origine, langue et transmission des Actes de Jean
Les Actes de Jean ont été rédigés vers la fin du IIe siècle, en grec, probablement en Asie Mineure, dans un contexte influencé par des courants gnostiques modérés et une piété tournée vers l’expérience mystique.
Le texte a été condamné au VIe siècle par l’Église, notamment pour son rejet du corps dans certains passages. Des fragments ont été retrouvés dans plusieurs manuscrits en grec et en copte, parfois très fragmentaires.
Il ne fait pas partie du canon biblique, mais il a marqué la tradition littéraire chrétienne, notamment autour de l’image de Jean vieillissant, retiré à Éphèse, poursuivant son œuvre de prédication et de conversion.
Les scènes les plus marquantes des Actes de Jean
Plusieurs passages du texte ont circulé indépendamment, en particulier :
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Le discours mystique sur la croix, où Jésus apparaît comme parlant depuis un plan spirituel pendant sa crucifixion. Il y affirme que sa souffrance n’est qu’apparente, car son vrai être est invisible.
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La scène de la danse mystique, dans laquelle Jésus, juste avant sa Passion, chante un hymne en tournant autour des apôtres, évoquant le mouvement de l’âme et la joie spirituelle.
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Le repos de Jean, qui décrit la mort de l’apôtre non comme un martyre, mais comme une sortie paisible du corps, presque volontaire, précédée d’une prière et d’une révélation intérieure.
Le ton est lyrique, parfois énigmatique, très éloigné des récits historiques. Il touche au registre de la contemplation, de la sagesse cachée, et de la lumière intérieure.
Pourquoi ce texte a été rejeté par les autorités ecclésiales
Les Actes de Jean ont été critiqués par les premiers conciles et certains Pères de l’Église, en particulier pour leur tendance à spiritualiser à l’extrême la personne de Jésus.
Le texte affirme parfois que Jésus n’a pas souffert réellement dans son corps, et que sa présence est multiple, ce qui a été perçu comme un écho de courants docètes ou gnostiques.
De plus, l’absence de récit structuré, le caractère symbolique de la crucifixion, et le refus de valoriser le martyre corporel, ont contribué à son exclusion du canon.
Il n’a pas été détruit, mais marginalisé, et certaines sections seulement ont été reprises dans des traditions plus modérées.
Intérêt contemporain des Actes de Jean pour la compréhension du christianisme ancien
Ce texte est précieux pour mieux comprendre la diversité des premières interprétations de Jésus et le rôle de Jean comme guide spirituel plus que comme prédicateur.
Il met en avant une foi intérieure, silencieuse, faite de connaissance et de présence, plutôt que d’instruction ou de loi. Il montre que les premières générations chrétiennes ont aussi cherché d’autres formes de témoignage, moins centrées sur le sacrifice et la douleur.
Les Actes de Jean ouvrent un espace de lecture contemplatif, encore exploré aujourd’hui dans certains milieux spirituels.
Questions fréquentes sur les Actes de Jean
1. Ce texte fait-il partie de la Bible ?
Non. Les Actes de Jean sont un évangile apocryphe, exclus du canon biblique, en partie pour leur vision jugée trop spirituelle ou symbolique du Christ.
2. À quelle époque ce texte a-t-il été écrit ?
Vers la fin du IIe siècle, dans un milieu chrétien grec influencé par des tendances mystiques et parfois gnostiques.
3. Quelle est la langue originale du texte ?
Le texte a été composé en grec, mais il existe aussi des fragments en copte.
4. Qui est Léucius, l’auteur mentionné dans le texte ?
Le texte est attribué à Léucius Charinus, présenté comme un disciple de Jean, mais ce nom est probablement fictif. Il apparaît aussi dans d’autres actes apocryphes.
5. Que raconte ce texte sur Jésus ?
Jésus y est présenté comme une présence spirituelle, parfois invisible, qui ne souffre pas réellement sur la croix. Le texte insiste sur sa nature divine intérieure.
6. Pourquoi ce texte a-t-il été rejeté par l’Église ?
Parce qu’il minimise la souffrance physique de Jésus, développe des images proches du docétisme, et s’éloigne de la vision incarnée de la foi chrétienne.
7. Le récit de la crucifixion y est-il présent ?
Oui, mais de façon très symbolique. Jésus y parle pendant la crucifixion et affirme que sa véritable essence ne souffre pas.
8. Quelle est la scène de la danse mystique ?
C’est un épisode unique où Jésus danse en cercle avec les apôtres, chantant un hymne spirituel juste avant sa Passion. Ce passage a influencé des courants mystiques et liturgiques.
9. Ce texte est-il encore lu aujourd’hui ?
Oui. Il est étudié par les chercheurs, les théologiens, et lu dans des milieux en quête de spiritualité non dogmatique.
10. Où lire ce texte en français ?
Dans les Écrits apocryphes chrétiens (Pléiade), ou dans des éditions annotées chez Bayard, Cerf ou Albin Michel, souvent accompagné d’autres actes apocryphes.