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Hanouka dans le sang : Le cri de douleur de Léon XIV après le massacre de Sydney

Par Philippe Loneux |
Projection du drapeau d'Israël et de l'Étoile de David sur les voiles de l'Opéra de Sydney, en hommage aux victimes de la fusillade de Hanouka sur la plage de Bondi.

Ce devait être le premier soir d’une fête millénaire. Sur la place de Bondi, à Sydney, l’air est lourd et salin en ce mois de décembre austral, synonyme de plein été. Les familles juives s’étaient rassemblées, non pas dans le secret d’une synagogue, mais à ciel ouvert, face à l’océan, pour allumer la première bougie de Hanouka.

Mais à la place des chants traditionnels, c’est le fracas sec des armes automatiques qui a déchiré la soirée. Dix minutes. Une éternité de terreur durant laquelle un père et son fils ont transformé une célébration de la lumière en scène de guerre, laissant 15 morts et 42 blessés sur le pavé.

À 16 000 kilomètres de là, dans la fraîcheur hivernale du Vatican, le contraste est vertigineux. Ce lundi matin, Léon XIV s’apprêtait à recevoir les donateurs de la crèche et du sapin de la place Saint-Pierre. L’ambiance devait être à la féerie de Noël. Elle a viré au recueillement grave.

Le choc des symboles : Antiochos IV n’est jamais loin

Pour comprendre la portée sacrilège de cet acte, il faut dépasser le simple fait divers. On ne peut ignorer la date choisie par les assaillants. Hanouka n’est pas le « Noël juif » ; c’est la commémoration d’une résistance.

Au IIe siècle avant notre ère, l’empereur séleucide Antiochos IV avait profané le Temple de Jérusalem et interdit le judaïsme sous peine de mort. La révolte menée par Judas Maccabée fut celle de la survie spirituelle d’un peuple face à l’assimilation forcée. En allumant la ménorah hier soir, la communauté de Sydney célébrait précisément cette victoire de la lumière sur l’obscurantisme.

Que des balles viennent faucher des fidèles à cet instant précis est une tentative d’effacement historique. C’est vouloir éteindre la lampe du Temple une seconde fois. L’horreur résonne d’autant plus fort que l’Australie, terre d’accueil, pensait avoir laissé ces démons loin derrière elle, n’ayant pas connu de telle tuerie depuis Port Arthur en 1996.

« Confier » : L’analyse des mots de Léon XIV

Face à cette violence que le Secrétaire d’État Pietro Parolin qualifie d’« absurde » dans son télégramme à l’archevêque de Sydney, la réaction du Pape mérite qu’on s’y arrête.

Léon XIV n’a pas utilisé le vocabulaire diplomatique standard. Il a choisi un verbe théologique puissant : « Je souhaite confier au Seigneur les victimes ». Dans la bouche du souverain pontife, « confier » n’est pas un acte passif. C’est un transfert de responsabilité. Là où la justice humaine est mise en échec par la mort, le Pape remet les âmes entre les mains de la seule Justice qui ne faillit pas, celle de Dieu.

« Assez de ces formes de violences antisémites ! Nous devons éliminer la haine de nos cœurs. » — Léon XIV

Cette phrase, prononcée alors qu’il contemplait les santons de la crèche, marque une rupture. Le Pape refuse de compartimenter. Il lie la paix de Noël à la douleur de ses « frères aînés » juifs. Il nous rappelle que la crèche n’est pas un décor de carte postale, mais le lieu où la fragilité humaine (un enfant) est censée désarmer la violence du monde.

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L’Australie face à son miroir

Sur place, le traumatisme dépasse la communauté juive. Le Premier ministre Anthony Albanese, en déposant des fleurs sur les lieux du drame, a parlé d’un acte « purement maléfique ». Mais c’est l’analyse de Mgr Timothy Costelloe, président des évêques australiens, qui frappe par sa justesse psychologique.

Il évoque une « tache sombre » qui vient remettre en question « la compréhension de nous-mêmes en tant qu’Australiens ». Le mythe de la « Lucky Country », cette île-continent épargnée par les haines du Vieux Monde, vient de voler en éclats. La violence antisémite n’est plus une nouvelle venue d’ailleurs ; elle a germé sur le sable même de Bondi.

En réponse, l’Église locale et le Vatican ne proposent pas de vengeance, mais une « proximité spirituelle ». C’est peut-être là le défi le plus dur posé par cet attentat : continuer à croire, comme l’a écrit le cardinal Parolin, que ceux qui sont tentés par la violence peuvent encore « se convertir ». Une espérance qui, à vue humaine, semble impossible aujourd’hui.

Source officielle : Vatican News

À propos de l’auteur Chroniqueur spécialisé en histoire des croyances et symbolisme, explore les frontières du visible. Il décrypte aussi bien les traditions religieuses que les phénomènes ésotériques et les grands mystères, en cherchant toujours le sens caché sous le prisme de l’analyse historique.
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