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C’est à peine croyable : voici ce que certains sont prêts à avaler pour tenter de retrouver la santé

Par Philippe Loneux |
Une main s'approche dans la pénombre de vieux bocaux d'apothicaire poussiéreux sur une étagère en bois, contenant des liquides troubles et des formes organiques macérées non identifiables, illustrant des remèdes traditionnels controversés.

On fait souvent la grimace devant le goût d’un sirop contre la toux ou la taille d’un comprimé à avaler. C’est presque un luxe. Car pour une partie de la population mondiale, se soigner ne passe pas par une boîte en carton achetée en pharmacie, mais par des bocaux et des assiettes dont le contenu ferait tourner de l’œil même les estomacs les plus accrochés.

Au nom de croyances millénaires ou d’une médecine traditionnelle qui refuse de mourir, des hommes et des femmes consomment l’inconcevable. Ils traquent, tuent et ingèrent des parties d’animaux dans l’espoir d’acquérir leurs forces ou de guérir des maux que la science moderne sait pourtant traiter depuis des décennies. Oubliez la raison, ici, c’est la pensée magique qui dicte le menu.

Le cauchemar en bouteille : le Vin de Bébés Souris

Si vous visitez certaines zones rurales de Chine ou de Corée, ne vous fiez pas à toutes les bouteilles d’alcool que l’on pourrait vous offrir. L’une d’elles contient un « remède » qui ressemble à un film d’horreur.

Le Vin de bébés souris est fabriqué selon un procédé qui glace le sang : on prend des souriceaux vivants, âgés de deux ou trois jours maximum. À ce stade, ils n’ont pas encore de poils et leurs yeux sont fermés. On les plonge directement dans de l’alcool de riz pour les noyer et on laisse le tout fermenter pendant une année entière.

Pourquoi une telle horreur ? La tradition prête à ce breuvage une efficacité redoutable contre l’asthme et les maladies du foie. Ceux qui en boivent cherchent un coup de fouet énergétique. Au goût, les rares témoins parlent d’une saveur de viande crue avariée mélangée à de l’essence. Aucune étude clinique n’a jamais validé le moindre bienfait de cette macération cadavérique, mais la pratique subsiste, discrète et tenace.

L’or liquide cruel : la Bile d’Ours

C’est une pratique qui mobilise les défenseurs des animaux du monde entier, notamment au Vietnam. L’objet de la convoitise n’est pas la viande ou la fourrure, mais un fluide digestif : la bile.

Dans la pharmacopée asiatique, la bile d’ours est considérée comme un remède miracle pour « nettoyer » le foie, dissoudre les calculs biliaires et faire tomber la fièvre. Le drame, c’est que la molécule active, l’acide ursodésoxycholique, existe. Elle fonctionne. Mais on sait la fabriquer en laboratoire pour quelques centimes, sans toucher à un seul poil d’animal.

Pourtant, un marché noir persiste pour la version « naturelle ». Des ours noirs d’Asie sont maintenus en vie dans des cages d’extraction peine plus grandes qu’eux, drainés quotidiennement via un cathéter. Les consommateurs sont persuadés que la souffrance de l’animal confère au produit une puissance vibratoire supérieure à la chimie synthétique. Une aberration scientifique qui coûte leur liberté et leur vie à des milliers de plantigrades.

Le mythe de la virilité : la Soupe de Pénis de Tigre

C’est l’exemple parfait de ce qu’on appelle la « loi de la similitude » : manger un organe puissant pour devenir puissant. Et quel animal incarne mieux la puissance brute que le Tigre ?

Obsédés par la performance sexuelle et la peur de l’impuissance, de riches amateurs sont prêts à débourser des sommes astronomiques pour consommer une soupe de pénis de tigre. C’est l’un des plats les plus illégaux et les plus chers de la planète.

La réalité biologique est pourtant d’une banalité affligeante. Le pénis du félin, une fois cuit, n’est qu’un morceau de tissu mou, principalement composé de collagène. D’un point de vue nutritionnel, il n’a pas plus d’effet sur la libido qu’un pied de porc ou un tendon de bœuf. C’est un placebo de luxe. Sauf que pour ce placebo inefficace, le tigre, dont la population sauvage est en chute libre (moins de 4000 individus), continue d’être braconné. L’homme préfère parfois détruire une espèce plutôt que d’admettre que sa virilité ne dépend pas de ce qu’il mange.

Le danger sanitaire invisible : quand le remède rend malade

Au-delà de l’aspect éthique ou du dégoût que ces pratiques inspirent, il existe un risque immédiat pour celui qui consomme ces produits : la sécurité biologique. Manger des animaux sauvages ou boire des macérations alcoolisées « maison » sans aucun contrôle d’hygiène est la porte ouverte aux zoonoses.

Ces maladies, transmissibles de l’animal à l’homme, sont prises très au sérieux par les virologues. Le Vin de bébés souris, par exemple, peut contenir des bactéries pathogènes que la fermentation artisanale ne suffit pas toujours à éliminer. Quant aux organes crus ou mal cuits, ils peuvent héberger des parasites ou des virus inconnus de notre système immunitaire. Croire se soigner avec ces méthodes, c’est en réalité jouer à la roulette russe avec sa santé.

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Ce que la science dit sur ces remèdes : le verdict final

Pour dissiper tout doute entre les légendes urbaines et la réalité médicale, voici ce que les analyses en laboratoire révèlent sur ces trois substances :

Concernant le Vin de souris et l’asthme Il n’existe aucune preuve scientifique que la consommation de rongeurs fermentés aide les voies respiratoires. Au contraire, le risque d’infection bactérienne est élevé. L’effet ressenti est purement placebo ou dû à l’ivresse provoquée par l’alcool de riz fort.

La vérité sur la Bile d’ours C’est le seul remède qui contient un principe actif réel : l’acide ursodésoxycholique. Il est efficace pour le foie. Cependant, la science sait désormais synthétiser cette molécule en laboratoire. La version chimique est plus pure, plus sûre, moins chère et ne nécessite aucune cruauté animale. L’extraction sur des ours vivants est donc une aberration médicale obsolète.

Le pénis de Tigre et la virilité Les analyses nutritionnelles sont formelles : cet organe ne contient aucune substance dopante ou hormonale spécifique. Il est constitué quasi exclusivement de collagène, comme de la gélatine de porc ou un tendon de bœuf. Manger cet organe n’a aucun impact physiologique sur les performances sexuelles ou l’impuissance.

À propos de l’auteur Chroniqueur spécialisé en histoire des croyances et symbolisme, explore les frontières du visible. Il décrypte aussi bien les traditions religieuses que les phénomènes ésotériques et les grands mystères, en cherchant toujours le sens caché sous le prisme de l’analyse historique.
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