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Saint-Nicolas et le 6 décembre : Oubliez la légende effrayante du boucher, voici la véritable histoire de l’ami des enfants.

Par Philippe Loneux |
Illustration composite montrant à gauche un enfant tenant une mandarine et des jouets devant une cheminée, et à droite l'évêque historique Nicolas de Myre sur un bateau calmant une tempête.

Les papiers cadeaux jonchent le sol et l’odeur de clémentine flotte encore dans les salons. En Belgique, en France, aux Pays-Bas ou en Allemagne, le rituel est immuable. Le matindu 6 décembre, des millions d’enfants se sont émerveillés devant ce que le grand saint a déposé durant la nuit. Mais une fois la frénésie retombée, une question persiste, souvent posée par les plus curieux : qui est vraiment cet homme à la longue barbe blanche ? Si l’on connaît le distributeur de friandises, on ignore souvent que Saint-Nicolas fut aussi le protecteur des navigateurs bravant les tempêtes, et que certaines histoires à son sujet relèvent davantage du malentendu que de la réalité. Plongée dans les secrets d’une figure historique vieille de plus de 1700 ans.

Nicolas de Myre, bien plus qu’un ami des écoliers

Avant d’être le héros du 6 décembre, le personnage central de cette fête a bel et bien existé sous le nom de Nicolas de Myre. Né vers l’an 270 à PataraAncienne cité portuaire prospère de Lycie, lieu de naissance de Saint-Nicolas., dans la région de LycieProvince romaine historique située sur la côte sud de l’actuelle Turquie., il n’était pas destiné à vivre au Pôle Nord, mais sous le soleil méditerranéen.

Devenu orphelin très tôt, il hérite d’une fortune colossale qu’il décide, contrairement aux usages de l’époque, de distribuer aux pauvres. Devenu évêque de Myre, il traverse les persécutions de l’empereur DioclétienEmpereur romain (284-305) connu pour avoir mené la dernière grande persécution contre les chrétiens. et participe, selon les historiens, au célèbre concile de Nicée en 325. Sa générosité légendaire n’est pas un mythe : les archives attestent de son dévouement envers les plus faibles jusqu’à sa mort, située aux alentours du 6 décembre 343.

Le Saint patron des marins et des voyageurs

C’est une facette souvent oubliée de son histoire : bien avant de devenir le patron des écoliers, Saint-Nicolas était vénéré par les loups de mer. Pourquoi ce lien avec l’océan ? La tradition rapporte qu’au cours de son vivant, Nicolas aurait voyagé par bateau vers la Terre sainte.

Alors qu’une violente tempête menaçait de faire chavirer le navire et d’engloutir l’équipage, l’évêque se serait mis à prier avec une ferveur telle que les vents se seraient apaisés instantanément. Ce miracle lui a valu le titre de protecteur des marins et des bateliers. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ses reliques reposent aujourd’hui à BariVille côtière du sud de l’Italie où des marins ont transféré les reliques du saint au XIe siècle., un grand port italien, ou si la ville d’Amsterdam, tournée vers la mer, l’a choisi comme saint patron. Au Moyen âge, ce sont les navigateurs qui ont propagé son culte dans tous les ports d’Europe, bien avant que la légende ne pénètre dans les terres et les cheminées.

Démêler le vrai du faux : les légendes tenaces

Comme toute célébrité historique, Saint-Nicolas est victime de rumeurs et d’interprétations hâtives qui ont la vie dure. Il est temps de rectifier quelques vérités sur l’homme à la mitre.

L’effrayante histoire du boucher

Tout le monde connaît la chanson : « Ils étaient trois petits enfants qui s’en allaient glaner aux champs… ». La légende raconte qu’un boucher cruel les aurait tués et mis au saloir, avant que le grand saint ne les ressuscite sept ans plus tard.

En réalité, les historiens s’accordent à dire qu’il s’agit d’une mauvaise interprétation iconographique. Sur les vitraux et peintures anciennes, Saint-Nicolas était souvent représenté à côté d’une tour dans laquelle trois prisonniers innocents étaient enfermés (un fait historique où il fit libérer trois officiers injustement condamnés). Avec le temps et la simplification des dessins, la tour est devenue un baquet, et les trois hommes sont devenus trois petits enfants. Le « boucher » n’a donc probablement jamais existé ailleurs que dans l’imaginaire populaire médiéval, servant à imager la justice divine rendue par l’évêque.

Le Père Fouettard est-il historique ?

Le compagnon sombre du saint, appelé Père Fouettard ou Zwarte Piet, est une invention bien plus tardive, datant du XVIe ou XVIIe siècle. Il n’a aucun lien avec le véritable Nicolas de Myre. Il a été ajouté au folklore pour incarner une figure disciplinaire, créant un contraste nécessaire avec la bienveillance absolue de l’évêque. Saint-Nicolas, lui, n’a jamais puni personne ; sa mission a toujours été la protection et le don.

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Une présence qui défie le temps

Alors, Saint-Nicolas est-il seulement un personnage de livre d’histoire ? C’est là que le mystère demeure entier.

Si l’homme d’Église est mort au IVe siècle, l’esprit de générosité qu’il a insufflé, lui, ne s’est jamais éteint. Certains diront que c’est la magie de la tradition qui opère. D’autres, plus observateurs, remarqueront peut-être que l’atmosphère change réellement la nuit du 5 au 6 décembre. Une bienveillance particulière semble flotter dans l’air, et les mandarines n’ont jamais tout à fait le même goût que le reste de l’année. Après tout, qui peut affirmer avec certitude qu’un saint capable de calmer les tempêtes ne serait pas capable de traverser les siècles pour continuer, discrètement, à récompenser les enfants sages ? Dans le doute, mieux vaut laisser une carotte pour l’âne l’année prochaine.

Saint Nicolas, est également devenu par la force des choses le Saint Protecteur des plongeurs, découvrez comment.

À propos de l’auteur Chroniqueur spécialisé en histoire des croyances et symbolisme, explore les frontières du visible. Il décrypte aussi bien les traditions religieuses que les phénomènes ésotériques et les grands mystères, en cherchant toujours le sens caché sous le prisme de l’analyse historique.
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