Mise à jour: 3 décembre 2025
65.000€ pour « des chiffons » ? La crèche de Bruxelles choque et divise
Par Philippe Loneux | 29 novembre 2025
Mise à jour : 3 décembre 2025
La précarité de luxe validée par l’Église
Le doyen de Bruxelles-Centre, Benoît Lobet, a une lecture pour le moins audacieuse de la polémique. Si Georges-Louis Bouchez (MR) voit des « zombies » dans cette crèche, l’Église y voit une réussite totale : l’objectif était justement de « montrer la précarité » des grandes villes et de rejoindre les exclus, conformément aux valeurs chrétiennes.
Le raisonnement laisse songeur quand on le confronte à la réalité comptable du projet. Il est assez piquant de constater qu’il a fallu débourser près de 65 000 euros pour illustrer artistiquement la misère sur la plus belle place du monde. La « précarité » a donc un prix, et il est plutôt exorbitant. Le doyen ajoute que l’absence de visage permet à chacun de « projeter le sien ». À ce tarif-là, c’est bien la moindre des choses que le contribuable puisse s’y voir, non ?
La saga de la crèche de la Grand-Place de Bruxelles vient de prendre un tournant aussi dramatique que ridicule. Déjà sous le feu des critiques pour son esthétique abstraite et son coût, l’installation a été victime de vandalisme ce week-end : la tête de l’enfant Jésus a disparu. Entre l’indignation du monde politique, les moqueries sur les réseaux sociaux et le soutien indéfectible de l’Église à ce projet audacieux, les Bruxellois ne savent plus sur quel pied danser.
Génie artistique incompris ou naufrage total à 65.000 euros ? La question divise comme jamais.
Une boule de chiffons : le vol qui tourne l’œuvre au ridicule
L’information prêterait presque à sourire si le contexte n’était pas aussi tendu. À peine installée, la crèche a été dégradée dans la nuit de vendredi à samedi. La Ville de Bruxelles a confirmé que la tête de la figurine représentant le Christ a été arrachée et dérobée.
Ce qui interpelle, c’est la description faite par les autorités elles-mêmes. Le porte-parole du bourgmestre a parlé du vol d’une boule de chiffons. Une formule qui, involontairement, donne du grain à moudre aux détracteurs de l’œuvre qui n’y voient qu’un amas de tissus sans âme. Si un remplacement est prévu rapidement, cet incident pose une question cruelle sur le respect d’une œuvre sacrée quand sa représentation semble, pour beaucoup, si peu sacralisée par sa forme même.
65.000 euros et on touche le fond : la facture politique
Au-delà du fait divers, c’est la facture qui ne passe pas. Le coût de cette installation, prévue pour durer cinq ans, est estimé à 65.000 euros. Pour une structure composée de métal et de drapés textiles, l’addition est jugée indécente par une grande partie de l’opposition et des citoyens.
Les réactions sont virulentes. Georges-Louis Bouchez, président du MR, n’a pas mâché ses mots, qualifiant la crèche d’ineptie et d’insulte à nos traditions, réclamant son remplacement immédiat. Même son de cloche du côté du football belge : le Diable Rouge Thomas Meunier a résumé le sentiment général sur X par un cinglant on touche le fond. L’idée que l’argent public finance une œuvre aussi clivante en période de crise ajoute de l’huile sur le feu.
L’Église et la Ville persistent : ont-elles perdu le contact avec la réalité ?
Malgré la tempête, le front officiel reste uni. Philippe Close, le bourgmestre, appelle au calme et à redescendre d’un cran. Plus surprenant pour certains fidèles, l’Église soutient le projet. Le curé-doyen de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule s’est affiché aux côtés des autorités pour défendre cette vision contemporaine.
Cette posture interroge. En validant une représentation sans visage, minimaliste et conceptuelle, l’Église ne contribue-t-elle pas elle-même à dénaturer le message de Noël ? À vouloir être trop moderne et universelle, ne risque-t-on pas de vider la tradition de sa substance et de s’aliéner ceux qui cherchent simplement la chaleur d’une scène familière ?
Qui est Victoria-Maria, l’artiste derrière la controverse ?
Mais qui a imaginé ces Étoffes de la Nativité ? Il s’agit de Victoria-Maria Geyer. Si son nom ne vous disait rien jusqu’ici, cette architecte d’intérieur basée à Bruxelles est pourtant bien établie dans le milieu du design et de la décoration haut de gamme. Connue pour son style éclectique et son amour des mélanges de matières, elle travaille habituellement sur des projets privés, des hôtels ou des collections de mobilier.
Pour cette première incursion de l’art contemporain dans la crèche de la Grand-Place, elle a voulu rendre hommage à l’histoire textile de la Belgique et aux Serres Royales de Laeken. Son intention était de créer une œuvre protectrice, évoquant des tentes nomades, loin du littéralisme des années précédentes. Une démarche intellectuelle et artistique respectable, mais qui se heurte violemment aux attentes populaires d’un Noël traditionnel.

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Une pétition pour le retour de la tradition
La colère est telle qu’une pétition circule déjà pour exiger le retour de l’ancienne crèche traditionnelle. Si vous souhaitez soutenir cette démarche spécifique, le lien est disponible sur le site MesOpinions et une autre sur le site du Mouvement Réformateur. Ce mouvement citoyen témoigne du fossé grandissant entre les choix artistiques des autorités et les attentes populaires pour les festivités de fin d’année.
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