Jésus n’est pas né il y a 2026 ans : Le vrai décalage de notre calendrier est « énorme »

par Philippe Loneux | Nov 14, 2025

La période de Noël approche et un détail dérange tout le récit qu’on croit connaître. L’écart entre la date fixée par notre calendrier et ce que racontent les sources anciennes est si grand qu’il remet en cause plus de deux millénaires d’habitude. Quand on regarde les faits de près, l’histoire ne colle pas. Et c’est là que tout devient captivant.

Le 25 décembre, une date héritée des rites païens

On associe souvent la naissance de Jésus au 25 décembre, mais rien ne prouve qu’il soit né ce jour-là. Cette date correspond au solstice d’hiver, un moment déjà sacré dans l’Antiquité. Les Saturnales, fêtées par les Romains et connues des Grecs, remplissaient cette période bien avant l’ère chrétienne.

Le christianisme a choisi d’investir ce jour très populaire. La première mention de cette date apparaît seulement en 354, près de trois siècles après la période supposée de la naissance. Sous l’impulsion de Constantin, le calendrier est remodelé pour que la naissance du Christ prenne la place d’une fête païenne majeure, ancrée depuis longtemps.

L’année officielle ne tient pas non plus

Le calendrier chrétien part du principe que Jésus serait né en l’an 1, mais les évangiles ne racontent pas la même chose.

Deux évangiles, deux repères historiques

Chez Matthieu, Jésus naît sous Hérode le Grand. On sait qu’Hérode meurt en -4, ou peut-être en -2, mais jamais en l’an 1.

Chez Luc, le repère est le recensement de Quirinius, datable d’environ 6 après J.-C.. Le décalage est énorme. On obtient deux possibilités : une naissance plusieurs années avant la date officielle, ou plusieurs années après.

Une étoile pourrait trahir la vraie année

L’étoile de Bethléem intrigue encore. Matthieu parle d’un astre très lumineux qui guide des mages. Les astronomes explorent plusieurs pistes : supernova, comète, étoile mourante.

Une hypothèse se détache : une conjonction de Jupiter et Saturne, visible comme une seule lumière intense. Grâce aux simulations modernes, on observe une configuration impressionnante en avril de l’an -7, répétée trois fois en neuf mois, dans la constellation des Poissons, symbole lié à la naissance dans les traditions astrologiques.

Si cet événement correspond à celui mentionné dans l’Évangile, notre calendrier aurait environ 8 ans de retard. On ne serait donc pas en 2025, mais virtuellement en 2033. Rien n’indique que ce décalage sera corrigé un jour.

Bethléem, la grotte et la tradition

Depuis le IVe siècle, on célèbre la naissance de Jésus à Bethléem, dans la basilique de la Nativité. Cette église, l’une des plus anciennes du monde, est attribuée à Constantin et à sa mère Hélène, très investie dans la recherche des lieux saints.

Lors de son voyage, Hélène s’appuie sur le Nouveau Testament et sur les traditions locales. Une grotte lui est montrée. L’église est construite à cet endroit, probablement avant 333, comme l’indique le récit d’un pèlerin venu de Bordeaux cette année-là.

Aucune preuve archéologique plus ancienne ne vient confirmer que Jésus est né là.

Les textes ne racontent pas la même scène

Chez Jean, on évoque une étable.
Chez Luc, une maison.

Les maisons de la région étaient souvent semi-troglodytiques, bâties autour d’une grotte servant d’abri pour les animaux. Le récit mentionne simplement une pièce commune déjà occupée. Il reste alors un coin plus calme au fond, là où se trouvait la grotte. Cette image correspond bien à la vie quotidienne de l’époque, mais elle n’apporte aucune certitude.

Certains historiens pensent même que Jésus pourrait être né ailleurs que Bethléem.

Une naissance dans un monde tendu

Pour comprendre ces divergences, il faut revenir à l’époque. La Judée est sous domination romaine depuis que Pompée est entré à Jérusalem en -63. Rome installe Hérode le Grand, puissant, bâtisseur, mais redouté pour sa violence. Le climat est lourd. Beaucoup attendent un libérateur capable de rendre la région à son peuple.

C’est dans ce contexte troublé que se forge la mémoire de la naissance d’un enfant présenté comme décisif. Entre traditions locales, récits spirituels et indices historiques flous, tout s’entremêle. Ce qui explique pourquoi notre calendrier peut se tromper de plusieurs années.

La véritable date de naissance de Jésus

Si l’année de naissance est certainement avant l’an 1, la date du 25 décembre est également remise en question. Les historiens s’appuient sur des indices bibliques et culturels pour déterminer une période plus probable :

Les Moutons et les Bergers : Indice Climatologique

 

  • L’Évangile selon Luc mentionne que les bergers étaient dans les champs, veillant sur leur troupeau la nuit (Luc 2,8), au moment de la naissance de Jésus.

  • En Judée, il était d’usage de ramener les moutons dans les bergeries ou enclos fortifiés pour les protéger du froid, des pluies et des prédateurs dès le début de la saison froide, qui commence généralement en novembre.

  • Le fait que les bergers soient encore dans les champs de nuit suggère que la naissance a eu lieu avant le cœur de l’hiver.

Conclusion probable : Le printemps, l’été ou l’automne (avant la saison des pluies/froides) sont beaucoup plus plausibles que le mois de décembre.

L’Hypothèse du Printemps ou de l’Automne

 

Certains chercheurs penchent pour des dates précises basées sur d’autres recoupements :

  • L’Hypothèse du Printemps : Une théorie, appuyée par l’astronomie de l’époque et des textes anciens (bien que minoritaire), suggère une naissance au printemps, voire plus précisément en mars ou avril, une période d’activité pastorale intense.

  • L’Hypothèse de l’Automne : D’autres se basent sur les divisions de service des prêtres du Temple mentionnées dans l’Évangile de Luc (le service de Zacharie, père de Jean-Baptiste, de la « classe d’Abia ») pour estimer la conception de Jean-Baptiste, ce qui placerait la naissance de Jésus (six mois plus tard) potentiellement en automne, possiblement autour de la période de la Fête des Tabernacles (septembre/octobre).

Le 25 décembre n’est donc pas une date d’anniversaire : C’est un choix purement symbolique fait au IVe siècle pour associer la naissance du Christ (la Lumière du monde) à la fête romaine païenne du Solstice d’hiver et du Soleil Invaincu (Sol Invictus), le moment où la lumière recommence à gagner sur les ténèbres.

Puisque la date historique la plus probable de la naissance de Jésus se situe aux alentours de 7 av. J.-C. (avant l’an 1 de notre calendrier), cela signifie que notre calendrier actuel aurait un retard d’environ sept ans.

Par conséquent, si l’on se basait sur la date de naissance historique plutôt que sur la tradition fixée par erreur, l’année que nous appelons 2026 devrait en réalité être 2033 (2026 + 7).

Mais au final… Cela ne change rien à la magie de Noël! 

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