L’Évangile de Pierre : un texte apocryphe sur la mort et la résurrection de Jésus
L’Évangile selon Pierre est l’un des plus anciens textes apocryphes chrétiens liés à la Passion du Christ. Contrairement à d’autres évangiles non canoniques centrés sur les paroles de Jésus, celui-ci suit une trame narrative, depuis le procès jusqu’au tombeau vide.
Il présente une version différente des événements rapportés par les Évangiles canoniques, notamment en ce qui concerne la responsabilité de la crucifixion, le rôle de Pilate, et les scènes de résurrection.
Le texte se donne comme étant écrit par Simon Pierre, mais il s’agit d’une attribution symbolique. Il a été composé probablement à la fin du IIe siècle, dans un milieu chrétien encore proche des traditions orales mais déjà influencé par des tendances théologiques spécifiques.
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Découverte et transmission de l’Évangile selon Pierre
Le texte a été découvert en 1886, dans une tombe près d’Akhmîm, en Égypte, sous forme d’un manuscrit grec incomplet. Il était intégré à un codex contenant aussi d’autres textes non chrétiens. L’extrait conservé s’arrête brusquement, et ne couvre que la fin du récit évangélique.
Ce fragment est le seul manuscrit connu à ce jour, mais des auteurs anciens, comme Origène, Eusèbe ou Serapion d’Antioche, mentionnent cet évangile dès le IIIe siècle, souvent pour le mettre en garde contre lui.
Il a été écarté du canon très tôt, mais sa diffusion partielle prouve qu’il a été lu, utilisé, et probablement médité dans certaines communautés locales.
Ce que change l’Évangile selon Pierre dans le récit de la Passion
Plusieurs détails le distinguent nettement des récits des évangiles canoniques :
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Pilate est presque absous de toute responsabilité. Ce sont les Juifs, et non les Romains, qui apparaissent comme les instigateurs directs de la crucifixion.
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Jésus meurt en silence, sans cri ni parole célèbre. Sa divinité est affirmée de façon plus ouverte.
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Le récit de la résurrection est unique : deux anges descendent du ciel, le tombeau s’ouvre, et Jésus sort soutenu par eux, suivi d’une voix céleste. Une croix animée parle et monte au ciel.
Ces éléments donnent une coloration plus miraculeuse et théologique, mais aussi plus imagée, avec une forte symbolique céleste.
Pourquoi ce texte n’a pas été intégré dans la Bible
Le rejet de l’Évangile selon Pierre est dû à plusieurs facteurs :
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Sa théologie semble trop affirmée, avec une insistance inhabituelle sur la responsabilité juive, jugée problématique.
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La scène de résurrection est considérée comme trop spectaculaire, voire invraisemblable.
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Il contient des éléments jugés hétérodoxes, et ne figurait pas parmi les lectures liturgiques des grandes Églises.
Le texte n’a pas été dénoncé comme hérétique au sens strict, mais considéré comme non fiable pour l’enseignement ecclésial. Il reste cependant un témoignage important de la richesse des récits chrétiens anciens.
Intérêt de l’Évangile de Pierre pour les chercheurs
Ce texte est précieux pour les historiens du christianisme ancien. Il permet de mieux comprendre la diversité des traditions orales, et les récits concurrents autour de la Passion. Il montre que les versions du drame de la croix ont évolué avant d’être stabilisées.
Pour les lecteurs contemporains, ce texte révèle une manière plus symbolique, parfois plus théâtrale, de mettre en scène la victoire du Christ sur la mort. Il touche à des représentations visuelles, presque liturgiques, qui ont influencé certains courants de la spiritualité ancienne.
Questions fréquentes sur l’Évangile selon Pierre
1. Ce texte fait-il partie du Nouveau Testament ?
Non. L’Évangile selon Pierre est un texte apocryphe, exclu du canon biblique dès les premiers siècles. Il a été connu, discuté, puis écarté.
2. Que raconte cet évangile ?
Il décrit les derniers moments de la vie de Jésus, son procès, sa crucifixion, sa mise au tombeau, et surtout sa résurrection, dans une version différente des évangiles canoniques.
3. Quelle est la scène la plus originale du texte ?
Le récit de la résurrection : deux anges font sortir Jésus du tombeau, une voix céleste se fait entendre, et une croix parlante s’élève dans le ciel.
4. Qui est présenté comme responsable de la mort de Jésus ?
Dans ce texte, ce ne sont pas les Romains, mais clairement les Juifs qui sont désignés comme responsables. Cette prise de position a contribué à son rejet.
5. Où ce texte a-t-il été retrouvé ?
Le manuscrit connu a été trouvé en 1886, à Akhmîm, en Égypte, dans un codex grec contenant plusieurs écrits. Il est incomplet.
6. L’auteur est-il réellement Pierre ?
Non. Le texte est attribué symboliquement à Simon Pierre, mais il a été rédigé bien après sa mort, probablement à la fin du IIe siècle.
7. Quelle est sa place parmi les autres évangiles apocryphes ?
C’est l’un des rares évangiles apocryphes narratifs, qui suit une trame cohérente. Il se distingue par son théâtre céleste et sa forme développée de résurrection.
8. Pourquoi l’Église l’a-t-elle rejeté ?
Parce qu’il contient des éléments jugés théologiquement excessifs, et qu’il s’écarte trop de la tradition reçue sur la Passion et la résurrection de Jésus.
9. Peut-on lire ce texte facilement aujourd’hui ?
Oui. Il est disponible dans des éditions françaises commentées, notamment dans les Écrits apocryphes chrétiens (Pléiade), ou chez Cerf et Bayard.
10. Ce texte intéresse-t-il encore les chercheurs ?
Oui. Il éclaire les variantes narratives autour de la mort de Jésus, et montre comment les premières communautés chrétiennes ont formé leur mémoire en dialogue avec d’autres versions.